Éthanol : Avantage économique ou dégradation environnementale ?
Une nouvelle usine de production d’éthanol à Aylmer, Ontario, relancera l’économie de la région, déclarent les investisseurs du projet. Cependant, certains se questionnent sur l’impact environnemental de l’accroissement de la production du carburant, car le processus de production nécessite beaucoup d’énergie.Un terrain de 48 acres dans le parc industriel d’Aylmer au sud de l’Ontario est l’emplacement choisi pour l’usine de production de l’éthanol au coût de 87 millions de dollars. |
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L’usine utilisera le maïs comme charge d’alimentation et aura une capacité productrice annuelle de 150 millions de litres d’éthanol. Le 31 juillet 2006, la coopérative Integrated Grain Processors Co-operative (IGPC), le groupe de producteurs de maïs affilié au projet, a ouvert son bureau d’Aylmer. La coopérative IGPC a l’intention de commencer à construire son usine dans quelques mois, dès qu’elle aura obtenu toutes les approbations nécessaires, a indiqué le président du groupe, Tom Cox. En 2005, IGPC a reçu une subvention de 11, 9 millions de dollars pour le projet dans le cadre du Programme fédéral d’expansion de l’éthanol (PEE), lequel fait partie du programme sur les changements climatiques établi par le gouvernement libéral. Les fermiers du sud de l’Ontario ainsi que les membres de la communauté ont amassé un autre montant de 25 millions de dollars. Le gouvernement provincial a versé une subvention de 14 millions de dollars sous forme de capitaux à partir d’un fonds ayant pour objectif d’accroître la production de l’éthanol-carburant en Ontario. Les fonctionnaires municipaux et les gens d’affaires sont optimistes quant à la croissance économique qui, selon eux, suivra la mise sur pied de ce projet. «Les gens profiteront particulièrement de nouvelles possibilités d’emplois créés par l’usine d’éthanol après la fermeture de la compagnie de fabrication de tabac Imperial Leaf», dit Cox. La construction de l’usine prévoit la création d’environ 150 emplois et l’usine elle-même emploiera 30 à 40 personnes ayant un diplôme d'études secondaires en procédé biologique et en ingénierie. Il faut s’attendre à ce que la demande supplémentaire pour le maïs aide le marché de cette denrée en Ontario, et que ces bénéfices pourraient s’étendre à d’autres industries locales. «L’IGPC estime qu’elle générera annuellement plus de 200 millions de dollars en activités économiques directes et indirectes au comté d’Elgin et dans les régions avoisinantes», ajoute Cox, citant les études des usines similaires aux États-Unis. IGPC est une des cinq compagnies recevant des subventions dans le cadre de la deuxième phase du PEE. Le programme constitue une partie importante des efforts déployés par le Canada pour que 35 % de l’essence contienne 10 % d’éthanol d’ici 2010, d’après Ressources naturelles Canada. Le Canada s’est engagé à diminuer ses émissions de gaz à effet de serre de 6 % des niveaux de 1990 lorsqu’il a signé l’accord de Kyoto en 1997. Développer l’utilisation de l’éthanol faisait partie du projet sur le changement climatique du gouvernement fédéral en 2002 pour atteindre cet objectif. L’intérêt à l’éthanol s’est accru parce qu’il est vu comme une alternative écologique au combustible fossile. L’éthanol est une ressource renouvelable produite par la fermentation de la charge d’alimentation comme le maïs ou le blé. Il aide à compléter la combustion et est mélangé à l’essence pour réduire la quantité d’émissions nuisibles de monoxyde de carbone des tuyaux d’échappement des véhicules. L’essence mélangée à 10 % d’éthanol (E-10) est maintenant disponible dans plus de 1000 stations-service au Canada. Selon le Conseil national de recherches Canada, ce carburant peut être utilisé dans tout véhicule manufacturé à partir de 1980. Cependant, certaines études sur le bilan énergétique révèlent que l’éthanol pourrait nécessiter plus d’énergie au cours de sa production que l’énergie qu’il offre, soulevant ainsi des questions sur la pertinence de l’expansion des usines d’éthanol au Canada. Les chercheurs ont aussi découvert qu’il faut plus d’énergie pour produire l’éthanol que pour produire l’essence. Donc, les avantages de la réduction des émissions de gaz à effet de serre pendant la combustion d’éthanol sont contrebalancés par de plus grandes émissions lors du processus de production. «L’éthanol pourrait produire plus de gaz à effet de serre que l’essence à elle seule», a conclu Jeremy Brown, un analyste des politiques à l’institut Fraser et gestionnaire du Service de l’évaluation des statistiques canadiennes. Il est préoccupant de constater que l’éthanol contient moins d’énergie que l’essence. Les chercheurs disent que cela pourrait coûter environ 250 $ de plus par année pour faire rouler une camionnette avec de l’éthanol plutôt qu’avec de l’essence. Le département américain de l’Énergie dit qu’un véhicule doit utiliser 1,4 fois plus de E85, de l’essence mélangé à 85 % d’éthanol, comme carburant pour parcourir la même distance. Cox a répondu aux critiques en disant que des technologies plus avancées sont maintenant utilisées dans la production de maïs. Il a enchaîné qu’il en résulte une diminution de l’énergie nécessaire à la production d’éthanol.
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