Des survivants réfugiés racontent la terreur au Darfour

Écrit par Jonathan Eramus (Collaboration spéciale)
03.08.2006

  • Une enfant réfugiée de la région du Darfour au Soudan(攝影: / 大紀元)

NYALA, Darfour – Amina Terab, 38 ans et mère de quatre enfants, est arrivée au camp de réfugiés El Sereif il y a presque un an, après que son mari et deux de ses enfants aient été tués par les milices janjaweeds lors d’une attaque sur le village où elle habitait.

«Je me suis levée tôt pour aller au marché avec mes deux filles, âgées de neuf et onze ans, laissant derrière mon mari et mes deux fils, âgés de cinq et quatorze ans. C’est une longue marche, mais j’y allais une fois par semaine pour nous procurer ce dont nous avions besoin, et je n’emmenais pas toujours mes deux filles avec moi», raconte Amina Terab.

Quand nous sommes retournées au village, il était détruit. Des corps étaient jonchés ici et là dans le sable. J’ai vu mon mari couché face contre terre, il avait été tiré trois fois… J’ai regardé partout pour mes fils, mais je ne les ai pas trouvés. Personne n’a vu ce qui leur est arrivé. Chaque nuit, je prie pour qu’ils soient en vie et que je puisse les retrouver.»

Les survivants des attaques disent que les Janjaweeds mènent habituellement leurs opérations tôt le matin, lorsque les gens sommeillent profondément. Habillés en majorité de robes blanches, ils sont armés d’AK-47 faciles à manier, qui proviendraient du gouvernement soudanais. Ils se déplacent à dos de cheval ou de chameau, prêts à tirer, attaquant avec une force de plusieurs centaines d’hommes.

Que ce soit en terrorisant par le viol et le pillage, ou en tuant d’une manière qu’on pourrait qualifier de «génocidaire» par le gouvernement américain, on dit que leur premier objectif est l’éradication de la communauté noire d’agriculteurs au Darfour (sud-ouest du Soudan).

Abakar Djouja, un réfugié de 30 ans à Al Salaam, était dans son village lorsque les Janjaweeds sont arrivés.

«Il était environ 5 heures quand ils sont arrivés», se rappelle-t-il. «J’ai entendu des coups de feu et des cris. J’ai agrippé ma plus jeune fille de deux ans et j’ai dit à ma femme et mes autres enfants de me suivre.»

«Nous avons couru le plus vite possible. Ils brûlaient les maisons et tiraient sur tout le monde. C’était très effrayant. J’ai vu mon voisin transportant deux de ses enfants, il essayait de s’échapper comme nous, mais ils l’ont tué. Je l’ai vu s’effondrer sur le sol.»

«Je n’ai pu rien faire.»

Il m’a présenté à la veuve de son ancien voisin qui vit maintenant à côté de lui à Al Salaam. Elle m’a agrippé la main et m’a dit que son mari avait été tué, la laissant seule pour s’occuper de trois enfants. «Ils m’ont tout pris», a-t-elle dit.

Nansi Fadoul est une réfugiée de dix-neuf ans au camp Al Salaam, elle a été brutalement violée par deux miliciens janjaweeds il y a de cela six mois. Bien que le fait d’avoir été violée laisse un stigmate négatif dans la culture soudanaise, elle a parlé ouvertement de ce qui s’était passé. Elle m’a dit qu’elle était allée chercher de l’eau à un puits à l’extérieur de son village lorsqu’elle a été approchée par ses assaillants.

«Je les ai vu marcher en ma direction. J’ai couru, mais l’un d’entre eux m’a rattrapée. Il m’a frappée et m’a projetée au sol. Deux d’entre eux m’ont attaquée, frappée, lacérée mon visage. Ils m’ont violée tous les deux et m’ont laissée là.»

Un médecin d’une ONG sur le camp lui a depuis annoncé que l’attaque avait causé de sérieux dommages internes, la rendant infertile.

Un médecin à l’un des camps de réfugiés près de Nyala, qui a demandé à conserver l’anonymat, m’a dit qu’il n’avait jamais observé auparavant de blessures aussi horribles causées par un viol. Il a dit : «Certaines des blessures infligées sont épouvantables. Ce que ces femmes ont vécu est inimaginable.»

Une fonctionnaire non gouvernementale ne voulait pas non plus que son nom apparaisse dans cet article pour la discussion de ces viols. Le gouvernement soudanais a demandé à une autre ONG de quitter le pays après qu’un de ses travailleurs ait été cité dans un journal, ce que la fonctionnaire mentionnée plus haut souhaite éviter. Elle dit : «Quand les femmes sortent du camp pour ramasser du bois, elle sont vulnérables. Nous avons de nombreux rapports d’attaques et de viols.»

Les gens ici ont grandement souffert et la liste de témoignages horribles paraît infinie.

Il n’y a pas eu de raids janjaweeds autour de Nyala depuis trois mois, mais les conséquences des attaques antérieures sont de longue durée et extrêmement dommageables. Au sud de Nyala, les raids persistent encore.

L’ONU a appelé tous les groupes rebelles à se joindre au traité de paix qui a été signé par la majorité de ces groupes ainsi que le gouvernement soudanais en mai 2006. Le traité ne sera pas en vigueur tant que tous les groupes ne l’auront signé.

Si le traité n’est pas appliqué et que les Janjaweeds et autres groupes rebelles ne sont pas désarmés, rien ne changera. Une leçon peut-être pour Khartoum (capitale soudanaise) : il est plus facile de donner des armes que de les reprendre.