Droguer ses enfants : un mal de notre époque
Le Dr Gifford-Jones est un journaliste médical ayant un cabinet privé à Toronto.
Permettrais-je
que le Ritalin ou des médicaments similaires soient prescrits à mes
fils parce qu’ils sont nerveux, distraits et incapables de rester calme
sur leur chaise? Il faudrait que le ciel me tombe sur la tête pour que
je fasse une chose pareille! Pourtant, on estime aujourd'hui que cinq
millions d’enfants au Canada et aux États-Unis sont sous prescription
de Ritalin et dérivés.
Cette année, le comité américain Food and
Drug Administration (FDA) a conclu qu’un avertissement devrait être
indiqué sur les médicaments traitant les troubles déficitaires de
l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) prévenant des risques de
troubles cardiovasculaires et autres. C’est le type d’avis le plus
sérieux avant de retirer un médicament du marché. Un second comité s’y
est opposé, alors aucune décision n’a été prise jusqu’à maintenant.
Qu’est-ce
qui justifie le besoin de tel avertissement? Certains établissements
médicaux comme la clinique américaine, sans but lucratif, spécialisée
dans le diagnostic et le traitement de maladies complexes, la clinique
Mayo, ont penché en ce sens.
Un rapport de la clinique Mayo
indique que la consommation de médicaments traitant un TDAH peut
entraîner des attaques cardiaques, de l'hypertension, des palpitations,
de la tachycardie, des psychoses, des manies, des comportements
agressifs et des hallucinations. Quelques décès ont aussi été mis sur
le compte de ces médicaments. Ceci devrait terroriser tout parent. La
clinique Mayo soutient toutefois que les risques sont considérés
moindres en comparaison aux bénéfices qu’ils amènent.
D’autres,
comme le Dr Peter R Breggin, un célèbre chercheur dans ce domaine,
affirment que les médecins «font abstraction du fait que ces
médicaments engendrent des troubles de surexcitation et de
schizophrénie». Il cite une étude canadienne qui observe avec
stupéfaction que 9 % des enfants traités ont développé des symptômes
psychotiques.
Il fait valoir que lorsque des enfants consommant
des médicaments traitant un TDAH deviennent paranoïaques et ont des
hallucinations, ils sont diagnostiqués schizophrènes ou ayant des
désordres maniaco-dépressifs. Ainsi, au lieu de cesser les traitements
pour régler le problème, on leur prescrit des médications
additionnelles.
La Dr Colleen Clements, une psychiatre de l'Université de Rochester à New York, a écrit dans The Médical Post
que les TDAH constituent une maladie qui est basée sur des
«observations scientifiques douteuses». Elle s’inquiète du fait que «le
traitement à long terme ne permette pas un processus de développement
normal des enfants et ceux-ci pourraient être classés dans cette
catégorie de pathologie sans réflexion suffisante, ce qui implique la
dégradation de leur “normalité” et de leur “valeur”».
En plus de
cette préoccupation, la Dr Nadine Lambert, psychiatre pour le
développement mental à l'Université de Californie, a rapporté que les
enfants sous prescription de Ritalin sont trois fois plus enclins à
développer une dépendance à la cocaïne.
Alors, que devraient
faire les parents lorsqu’un docteur ou l'école suggère ce médicament?
Je parierais que si ces médicaments avaient été disponibles dans le
passé, personne ne les aurait utilisés. Car il y avait plus de
discipline que de nos jours et les enseignants étaient traités avec un
plus grand respect par les parents et les élèves.
Comme
adolescent, j’avais pris l'habitude de frapper mon crayon sur mon
bureau. Un jour, mon professeur m'a mis à la porte de la classe. Je
n’ai plus jamais recommencé! Je ne me suis jamais plaint que j’avais
des «droits» et je n’en ai jamais parlé à mes parents. Personne n'a
suggéré le Ritalin ou d’autres médicaments. J'ai pu facilement survivre
à cette confrontation. En fait, le professeur en question est devenu un
de mes professeurs préférés.
Rappelons-le, ce n’est pas parce que
les médicaments sont prescrits qu’ils sont sans danger. Ne
devrions-nous pas nous demander pourquoi 90 % des médicaments contre
les TDAH produits dans le monde sont utilisés aux États-Unis et au
Canada? N'est-il pas étrange que le reste du monde puisse contrôler les
enfants sans médicaments[1]?
Nous devrions nous demander comment
et pourquoi les médecins diagnostiquent les TDAH. Il n'y a aucun examen
pour le faire. Ils observent qu’un enfant remue ou qu’il frappe son
crayon sur son bureau! Cependant, il faut évaluer le degré du
comportement. Alors, où marque-t-on la ligne qui indique la nécessité
de prescrire ce genre de médicament?
Le Dr Breggin affirme que
«beaucoup de facteurs encouragent les enfants à agir de la sorte, tels
que le défi de l’autorité, une discipline inconstante, l’ennui, les
classes surpeuplées, les enseignants stressés, l’anxiété provoquée par
des abus ou des problèmes à la maison.
Le Dr Laurence Diller, auteur du livre, Running on Ritalin écrit : «Nous préférons voir les problèmes des enfants dans leur cerveau plutôt que dans leur vie.»
Il
est certainement plus sensé de traiter la cause plutôt que d'exposer
les enfants à des médicaments puissants dont les effets secondaires
sont radicaux. Nous devrions y réfléchir à deux fois avant d’accepter
un tel traitement.
[1] Malgré tout, le nombre d’enfants
traités par le Ritalin augmente d’année en année. En France,
l’opposition à ce traitement semble limiter sa prescription. Dans
l’ensemble, les enfants traités sont approximativement dans la
proportion suivante : 4 % en Angleterre, 2,2 % en Allemagne, 1,8 % en
Suisse, contre 0,16 % en France.