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L’art de tisser le fil, de mère en fille

Écrit par Noé Chartier, La Grande Époque
30.08.2006
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  • Josephina marchant avec une autre jeune fille dans les rues de Zinacantan(攝影: / 大紀元)

Nous descendons la montagne dans un taxi. Juan notre chauffeur, un ouvrier de métier, nous raconte que, dans son village, il n’y a pas vraiment de Zapatistes, le mouvement rebelle de l’État du Chiapas, au sud du Mexique. Par contre, là où nous allons, il y en a. Ce que ça change à l’histoire? Rien, vraiment, c’est juste intéressant.

Nous allons à Zinacantan, à environ 30 minutes de San Cristobal de Las Casas, un peu dépassé San Juan Chamula.

Une mégabosse de ralentissement à l’entrée du village, comme le Mexique sait bien les faire, immobilise presque notre taxi. Sur le bord de la rue, trois jeunes filles indigènes, de costumes très traditionnels vêtues, sortent de l’ombre et se ruent sur le véhicule qui leur semble transporter quelques gringos.

La plus téméraire se colle à la fenêtre. L’image de ses dents toutes brunes semble enterrer les quelques paroles qu’elle prononce. Elle nous invite chez elle? C’est gratuit? «Non merci, non merci.» Ça doit être un autre attrape-touristes…

En descendant du taxi, près de la grande église blanche de San Lorenzo, une horde de jeunes filles, tout habillées comme nos premières assaillantes, nous supplient à leur tour d’aller faire un tour chez elles. C’est tout autant gratuit…

Il semble qu’il n’y avait rien d’autre à faire dans ce village que de suivre ces filles. Après tout, quelques photos clichées de l’église et puis quoi?

Nous décidons d’aller chez la petite Josephina.

Les murs de son humble demeure de planches de bois et de tôle sont tapissés d’œuvres d’art : étoffes, châles, nappes, chemises, robes, etc. Assise au sol, une femme joue avec des fils colorés avec la précision d’une araignée.

Fransisca est mère de six enfants. Sa famille est du groupe indigène Tzotzil, descendant des Mayas, tout comme la majorité des habitants du village. De mère en fille se transmet l’art de tisser, de confectionner et de broder vêtements et étoffes.

Selon la légende, la déesse de la lune aurait transmis cet art aux Mayas, qui eux l’auraient passé de génération en génération. Les mouvements de population avant la conquête auraient influencé le développement et le perfectionnement des techniques de travail du textile, puis l’influence espagnole et chrétienne aurait tout autant imprégné et fait évoluer cet artisanat.

Pour certains historiens, les motifs retrouvés dans les tissus chez les descendants des Mayas, maintenant en grande majorité établis au sud du Mexique et au Guatemala, sont intimement reliés à la cosmologie de cet ancien empire.

Dans la pratique, il est fort possible que le sens profond des broderies échappe maintenant à celles qui sont héritières d’une tradition centenaire matrilinéaire.

Agenouillée de l’autre côté de la tienda, se trouve justement une des filles de Fransisca. Elle est en train de tisser un centre de table, soit l’étape suivant le travail d’alignement qu’effectue sa mère (voir photo). Ici, on opère à la chaîne et on se relaie. Chaque pièce est un travail d’équipe, de famille. Il faut environ quinze jours pour terminer un morceau de 30 cm par 200 cm qui sera vendu 100 pesos (environ 10 $).

Et que font les hommes et les garçons dans cette entreprise traditionnelle, culturelle et artistique? Selon le petit Mario qui traîne dans les environs, «ils travaillent dans la rue ou dans les champs.» Disons qu’à notre passage ils ne travaillaient pas fort…Le père est assis sur une chaise posée sur ses deux pattes, le regard embrumé, et les gamins sont des gamins, avec leurs épées et leurs fusils en plastique.

Maria Isabel a seize ans, mais paraît en avoir 30. Dans ces régions, le temps passe lentement, mais avance plus vite. Elle est la fille aînée de Fransisca. Elle m’amène une carte d’affaires du magasin qui porte son nom : Maria Isabel. Ça me rappelle d’un coup que je suis dans un petit commerce… Après avoir posé toutes ces questions, je me sentirais mal de partir sans acheter…

 

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