La banque se développe dans l'Inde rurale

Écrit par Heide B. Malhotra, La Grande Epoque (Washington)
31.08.2006

L’un des principaux acteurs des services financiers, numéro deux des banques indiennes, se tourne vers de nouveaux horizons. La banque indienne ICICI arrive avec un nouveau modèle d’activité stratégique, afin d’offrir les produits bancaires aux dizaines de milliers de villages agricoles de l’Inde.

  • pdg de ICICI(攝影: / 大紀元)

« Nous pensons que pour pouvoir atteindre la liste des premières banques globales, ICICI doit poursuivre le chemin que peu de banques dans le monde ont suivi », a expliqué Vaman Kamah, président-directeur général d’ICICI, dans une interview avec le professeur Michael Useem de l’Université de Pennsylvania.

« Nous devons inventer un nouveau modèle d’activité où nous pourrons créer une base de distribution efficace dans 600.000 villages en Inde », a précisé Kamath dans un article publié sur le site Knowledge@Wharton (*).

Parallèlement, dans une interview par eWorld of GSB Konkani, un site internet indien, Kamath confirme que l’Inde rurale constitue un élément important dans le développement futur de l’ICICI : « Nous percevons l’Inde rurale comme un autre facteur de croissance. Après quatre années de croissance de crédit à la consommation, à partir de cette année, il y aura un changement dans la composition [du portefeuille de crédit à ICICI] ; avec des crédits aux entreprises et aux ruraux qui vont croître plus rapidement. »

Grands challenges

Kamath ne s’arrête pas aux obstacles qui apparaissent en se développant dans les zones rurales – les villages manquent parfois d’une infrastructure moderne telle que l’électricité et un système routier développé. Il n’est pas inquiet non plus par le manque de richesse dans ces régions et explique que les coûts de fonctionnement dans les villes développées devraient être revus à la baisse d’une manière drastique.

« Afin de réussir dans l’Inde urbaine, il faut être capable de faire des affaires à un dixième du coût de ceux de l’ouest », souligne Kamath. « Le coût du dépôt de 10.000 $ à l’ouest sera celui de 1.000 $ dans l’Inde urbaine et de 100 $ dans l’Inde rurale. Les prêts fonctionnent sur la même échelle. »

Dans de récents discours, Kamath a précisé qu’en faisant des affaires dans l’Inde rurale, il est nécessaire de développer un réseau non conventionnel que l’ICICI appelle « la banque au seuil de la porte ». Une telle méthode permet d’abaisser fortement les coûts. Un autre modèle ne pourrait pas fonctionner, car son coût dépasserait les revenus. D’une manière générale, pour se développer, une banque augmente son réseau et le nombre de ses agences. Kamath affirme qu’un tel système pourrait ne pas être efficace dans l’Inde rurale. Même sur une petite échelle, les coûts pourraient refléter ceux des agences existantes et rendre la situation financière d’ICICI tendue. « Un modèle basé sur des agences serait une simple réplique de notre structure existante, et nous devrions essayer d’en réduire les coûts tout en sachant qu’ils ne pourront pas diminuer de beaucoup », a précisé Kamath.

Le modèle proposé par Kamath pourrait faire le lien entre « les intermédiaires » et le commerce familial de prêts déjà existant, ou entre un associé et des petites entreprises ou d’autres entités déjà existantes en zone rurale. Ils offriraient les services financiers de la Banque ICICI à la place des succursales du réseau bancaire.

Ce modèle opérationnel limite le montant de capital ICICI à investir dans cette branche d’activité, et pourtant permet aux résidents des villages d’avoir accès aux services bancaires d’ICICI.

« Nous pouvons nous associer avec quelqu’un qui est déjà dans le village [qui offre des services bancaires] », souligne Kamath dans ses différentes interviews. « Nous pouvons même nous associer avec quelqu’un qui vend des engrais, des graines ou des tracteurs. Nous ne pouvons pas suivre le chemin de création de succursales, en transposant la technologie- ceci ne peut pas marcher dans un pays comme l’Inde ».

Créer une image internationale

Kamath prévoit une croissance globale comme étape suivante à l’évolution de la banque. ICICI a déjà ouvert des succursales au Canada, à Hong Kong, en Belgique, au Royaume-Unis, en Russie, et a des bureaux de représentation dans les autres pays, États-Unis inclus.

Cependant, en comparaison avec les banques multinationales qui ont une grande expérience sur la scène internationale, ICICI est encore au premier stade du développement. « Le challenge est que les banques globales viennent avec du capital, un savoir-faire et une expérience du passé », a dit Kamath. L’analyste du gouvernement américain des banques étrangères a remarqué que l’ICICI et les autres banques indiennes ont encore un long chemin à parcourir pour être incluses parmi les plus grandes banques internationales.

« Les banques indiennes ont encore un problème qui est soulevé par les règles internationales. Par exemple, pour un achat d’équipement, une banque indienne fait valoir ses droits sur les actifs de l’emprunteur, même quand l’emprunteur demande un nouveau prêt auprès d’une banque non indienne. Une banque internationale ne revendique pas ses droits sur des actifs nouvellement acquis et permet aux autres banques de prétendre à ces droits, cependant les banques indiennes gardent une position de préteur de premier ordre. Il est difficile de faire comprendre aux banques indiennes cette règle des affaires à l’échelle internationale », a souligné l’un des analystes.

Les analystes relèvent leurs notations Moody’s Investor Service, l’agence de notation basée à New-York, a relevé la notation de la santé financière de la banque ICICI de D+ à C- « sur la base de la réussite du modèle de la banque et du résultat des stratégies du management [ICICI], lié à une croissance solide dans la plupart des activités ». Bien que la notation C- soit considérée comme faible en comparaison de la majorité des entreprises internationales, Moody’s a affirmé qu’aucune des banques indiennes n’a été notée mieux que D+, et considère que l’ICICI mérite d’être admise au relèvement de la note.

Moody’s prévient toutefois que si la banque ICICI subit une « détérioration dans la qualité des prêts au détail, [cela] pourrait mettre la banque dans une position difficile ». Il faut avoir à l’esprit que l’ICICI opère dans un environnement de « crédit-boom », et que la banque n’a pas encore expérimenté l’environnement avec des conditions économiques peu favorables.

Standard & Poors, une autre agence de notation basée à New-York, attribue le rating de l’ICICI sans prendre en considération la probabilité que le gouvernement indien a la volonté de racheter l’ICICI si nécessaire. S&P a relevé la perspective de l’ICICI de stable à positive.

(*) Knowledge@Wharton est un journal des affaires on-line de Warton School of Business.