Écrit par Texte et photo de Stéphane Cabaret, Collaboration Spéciale

Quand l’oeil rougeoyant ouvre sa paupière sur le fleuve Kinabatanga, la

nature dévoile toute sa nudité. Mais derrière cette image idyllique et

ce rideau de brume, la forêt primaire et ses richesses souffrent

d’appétence humaine. Brûlée, mutilée et désacralisée par l’homme, la

jungle millénaire voit sa surface diminuer à un rythme effarant.

L’équivalent d’une ville comme Paris se consume toutes les six heures.

Alors qu’en restera t-il dans dix ans ? Une vulgaire peau de chagrin !

Où foisonnaient hier d’innombrables espèces animales et végétales,

seule une poignée de ce monde vivant résiste à l’extinction programmée.

Atteint de schizophrénie mercantile, l’ogre affamé ne se repose jamais

et court à sa perte. Nous avons suffisamment usé toutes les pièces de

l’échiquier pour savoir que l’heure est grave. A présent, nous manquons

de temps pour rétablir un phénomène irréversible. Le génie se doit de

mourir au zénith ou se reclure à jamais dans sa folie. On rêve pour lui

d’une issue digne, une fois pour toutes, et ne garder en souvenir de ce

matin calme, qu’une impression de soleil levant.