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Epistémologie et médecine conventionnelle

Écrit par Éric Simon, La Grande Époque
06.08.2006
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On distingue deux approches de la connaissance scientifique. Une approche conventionnelle où la science est une accumulation de vérités et une approche moderne où s’affrontent les vérités.

I L’approche conventionnelle sur laquelle est fondée notre médecine allopathique basée sur la chimie de synthèse s’appuie sur deux postulats (1) et (2).

(1) Il existe une vérité physique indépendante de celui qui l’étudie.

La science se prétend alors objective en tant que discours sur des objets existants. Elle est dite neutre puisqu’elle exclut le chercheur et donc toute possibilité de jugement de valeur.

Cette coupure entre le sujet et l’objet de l’étude conduit à deux ruptures : la première entre la science qui ne s’occupe que de l’objet et la philosophie qui traite du sujet, la seconde entre les vraies sciences qui regroupent les sciences exactes ou sciences de la nature, encore appelées sciences dures par ce que quantifiables et rigoureuses par opposition aux sciences moles qualifiées de pseudo-sciences.

Or, admettre cette théorie, l’appliquer aux sciences médicales, classer la médecine dans le giron des sciences exactes dites ’nobles’, nécessite de faire coïncider le postulat de départ avec la pratique médicale. Elle se concrétise par la distance qui s’opère entre le praticien et son patient, ramené à un simple corps sans âme à examiner.

(2) L’objet étudié peut et doit être décomposé en éléments simples.

Cette approche réductionniste oblige à diviser les difficultés, à fragmenter les questions, à décomposer les phénomènes.

L’apparente complexité du réel s’expliquera alors à partir de quelques principes simples. Cette réduction de ce qui est divers ou multiple à une situation simple risque cependant d’être simplificatrice donc mutilante.

Un point de vue global reprenant la maxime : « le microbe n’est rien, le terrain est tout » est impensable pour l’allopathie conventionnelle qui fait largement abstraction du psychisme, caractère, personnalité, environnement du sujet et ne voit dans le corps du patient qu’« un savant assemblage de matière biochimique appelé vie ». Les réductions simplificatrices conduisent à stéréotyper des humains pourtant uniques par essence, elles ont pour seule utilité de faciliter la mise en adéquation de modèles explicatifs à partir d’outils mathématiques faute de moyen substitutif à l’approche envisagée.

Ces deux postulats conduisent à affirmer que les lois de la nature ainsi découvertes sont d’une part, invariantes, permanentes et donc prévisibles. L’allopathie conventionnelle prétend que se sont les bactéries et les virus qui rendent le corps malade. Elle peut donc prédire de façon certaine quelle maladie est la cause de tel germe. Par extension elle peut dire que tel vaccin correspond à telle maladie. Le hasard n’existe pas puisque présent et avenir sont parfaitement déterminés.

D’autre part, les lois de la nature sont indépassables et inéluctables. Elles ne peuvent donc en aucun cas être modifiées par l’homme puisque c’est précisément ce caractère de vérité absolue et éternelle qui était accepté par le gros de la communauté scientifique, et l’est encore par le gros de la communauté médicale.

Ce résultat est le dogme du déterminisme de la loi. Pasteur a vécu pendant l’essor du mouvement scientifique concomitant à la révolution industrielle, sa théorie en est la fidèle incarnation. D’où l’existence actuelle aberrante d’un déterminisme thérapeutique imposé comme quasi unique vérité, très prépondérant dans la prévention ou le traitement des maladies bien que les maladies ne peuvent de façon satisfaisante être expliquées par la notion simple : une cause, une maladie, ni par son corollaire : une maladie est due à une cause et à une seule.

Le déterminisme est une assertion selon laquelle l’explication d’une situation de fait provient d’une seule cause, un postulat arbitraire. Il fut appliqué en certaines circonstances pour justifier certaines practices inhumaines bien qu’il conduise à des aberrations. Est-il nécessaire de rappeler que fort heureusement les mœurs évoluent et que l’état des connaissances sciences humaines est toute relative.

Montesquieu au siècle des lumières justifiait l’esclavage alors toujours en vigueur en se fondant sur un déterminisme géographique. Il invoquait des présupposés climatiques, prétendait que les peuples du sud amollis, rendus amorphes par les climats chauds, sont des lâches prédisposés à un statut d’esclave. Tandis que les peuples du nord au climat froid sont courageux et libres. De même, il était convaincu que les habitants des plaines au relief plat sont des personnes soumises et que les habitants des montagnes sont des conquérants. De même le nazisme était un déterminisme ethnique puisqu’il prônait la supériorité de la « race aryenne », notion morphologique, culturelle et religieuse prédéfinie.

De la même façon un déterminisme thérapeutique part d’une seule cause (A) pour expliquer un état de fait (Ef). La doctrine allopathique prétend alors que le lien de causalité étant ainsi défini, pour résoudre un problème médical il existe donc un traitement déterminable par avance. Supposons « A, B, ...., Z implique # », dire A implique # ne signifie pas que # provient de A, en revanche retenir simplement « A implique # » permet arbitrairement de se focaliser sur une cause unique arbitraire.

Ce déterminisme est en vigueur d’une part pour le traitement des maladies et d’autre part pour la prévention de certaines maladies. La vaccination est un déterminisme préventif ou d’immunothérapie active. On se trouve ainsi en présence d’une médecine allopathique reconnue généralement comme étant à l’avant-garde du progrès médical en matière vaccinale alors que d’autres branches de la science médicale et les sciences dures en général ont abandonné le tout azimut du déterminisme devant l’étroitesse de cette théorie et les difficultés rencontrées.

II L’approche moderne scientifique est fondée sur le postulat suivant :

Le réel n’existe pas en soi car il est impossible de séparer l’observateur de ce qu’il observe.

Si le réel n’existe que pour autant qu’il est mesuré par l’observateur, on ne peut prétendre ni à l’objectivité, ni à la neutralité puisque la connaissance scientifique dépendra de la vision du monde de l’observateur, c’est-à-dire de sa culture, de son idéologie et de toutes les idées préconçues qu’il porte en lui. On conçoit en l’occurrence fort bien qu’un chercheur soit limitativement conditionné par ses certitudes ou à l’opposé soit d’un esprit ouvert grâce à sa pluralité d’approche. Il faut par conséquent admettre qu’il puisse y avoir autant de discours scientifiques que de visions du monde ou de postulats métaphysiques.

Si la connaissance est devenue un domaine où les principes d’explications se combattent, ce combat doit obéir aux règles du jeu empirique par le respect des données mais aussi logique par le principe de cohérence. Sur ce point la règle du jeu en médecine est faussée puisque les médecines alternatives sont écartées, les données insuffisantes et aisément tronquées par les gardiens du dogme allopathique qui détiennent, paradigme dominant intransigeant oblige, les postes clefs du milieu médical.

Autre conséquence, la méthode d’approche s’étoffe. Il s’agit dorénavant de rétablir la communication entre les sciences exactes, qui explicitement ne le sont plus, et les sciences humaine telle la sociologie, la psychologie, sans les confondre.

C’est l’idée d’une nouvelle alliance qui propose la convergence de la culture humaniste et scientifique. Maintenant il s’agit aussi d’établir la communication entre l’objet et son environnement, ce qui oblige à prendre en compte l’organisation. On voit bien là qu’une approche médicale semblable intègre le malade dans son environnement tout comme le fait le plus souvent un homéopathe au cours d’une consultation.

Citation reprise de Pascal : « il est impossible de connaître les parties sans connaître le tout, non plus de connaître le tout sans connaître les parties ». Pour les tenants des médecines douces, le terrain d’une personne est primordial. La notion de terrain se réfère à un tout harmonieux. Ainsi l’immunité naturelle d’une personne est une composante essentielle du terrain, or l’immunité est définie comme une résistance naturelle ou acquise d’un organisme vivant à un agent infectieux (définition du Larousse). Précisons de suite que l’immunité naturelle est aussi acquise : allaitement du nouveau né, adaptation de l’individu à son environnement...

Le résultat fondamental de cette approche est le refus du déterminisme. Le hasard existe, il existera toujours. Si en médecine on ne peut à proprement parler de hasard mais plutôt d’ignorance partielle, des mystères de la vie, ce mode de raisonnement invite a plus de modestie. On admet ici que les lois de la nature régissant la vie sont extrêmement complexes...Les groupes pharmaceutiques, à l’image du corps médical forcé de constater son impuissance devant des situations de faits, feraient acte d’humilité. Rappelons que chaque humain est unique donc que le corps peut avoir des réactions imprévisibles.

La production de vaccins à des doses standard serait inconcevable.

C’est pourquoi la scienc

e, d’une manière générale, considère désormais un univers où se combine hasard et nécessité. Introduire le hasard dans un modèle, c’est introduire l’incertitude et donc se diriger vers une vision probabiliste. L’incertitude est intégrée au mode de raisonnement scientifique. C’est une variable avec laquelle il faut composer. Le présent ne détermine plus totalement l’avenir, il le conditionne seulement car à partir d’un même présent un nombre infini de possibles peut surgir. La science ne peut que tenter de prédire les différents scénarios possibles. En s’attaquant à une ou des cibles connues par avance pour résoudre une maladie donnée, l’allopathie ne se range évidemment pas à cette idée.

Par son approche globalisante, en recherchant dans l’environnement du malade une ou des causes diverses, l’école homéopathique notamment s’en rapproche. Elle proposera dans une certaine mesure un traitement personnalisé.

Cette approche du monde qui admet l’incertitude conduit à voir l’avenir comme quelque chose de possible, donc de constructible car l’incertitude est facteur de liberté et d’autonomie. La liberté thérapeutique, l’autonomie de la médecine à un dogme absolu, c’est bien ce qui fait défaut à la médecine contemporaine. Pour être efficace la recherche médicale doit venir de scientifiques certes compétents, mais aussi libres, autonomes et éclairés (savoir pluridisciplinaire de leur spécialité englobant l’enseignement de différentes écoles médicales).Nonobstant des moyens financiers insuffisants disent les chercheurs, la liberté et l’autonomie ne sont pas réalisables dans les laboratoires privés aux mains des groupes pharmaceutiques contrôlées par les gardiens du dogme allopathique.

Ces deux approches de la connaissance scientifique apparaissent totalement opposées et inconciliables. Il faut en effet forcément choisir entre le déterminisme d’un paradigme dominant et l’indéterminisme, l’exclusion du sujet ou son intégration à l’objet, entre la pensée simplificatrice et réductionniste et l’analyse globalisante. La science médicale moderne n’est pas prête à y concéder. Cela reviendrait à tolérer la coexistence à arme égale avec d’autres écoles de pensées. Ce qui signifierait de fait la fin d’un dogme médical.

 

 

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