Intel et AMD en duel pour dominer le marché

Écrit par Heide B.Malhotra, La Grande Epoque (Washington)
11.09.2006

Intel, le leader des fabricants de puces électroniques, a des raisons de s’inquiéter. Cet éternel premier a vu pointer dans son rétroviseur Advanced Micro Devices (AMD), un concurrent plus petit mais devenu à présent la plus grande menace à sa domination du marché.

  • Un magasin qui vend des ordinateurs Apple iMac, basé sur la technologie Intel. La rivalité entre les deux fabricants de puces électroniques Intel et AMD se rechauffe. Photo : Justin Sullivan/Getty Images(攝影: / 大紀元)

Apparemment c’est également ce que pense Wall Street, car l’action de l’AMD, qui est basée à Sunnyvale en Californie, tend à la hausse (+ 28,6 % de hausse à la bourse de New York au cours du mois passé) alors que celle d’Intel reste stable.

Le 24 juillet, AMD a annoncé avoir proposé une fusion à ATI Technologies, une société canadienne, le leader des fabricants de cartes graphiques, pour un montant de $5,4 milliards de dollars. « L’association de nos deux entreprises nous permettra de dépasser ce que nous avons accompli dans nos métiers respectifs, et de réinventer notre industrie pour devenir le leader de la technologie et un partenaire de choix », a affirmé Hector Ruiz, le Président et directeur général d’AMD dans un communiqué de presse. L’offre a été approuvée par les conseils d’administration d’AMD et d’ATI, et attend l’approbation des actionnaires, ainsi que des autorités de marché américaine et canadienne.

Pendant qu’AMD est en croissance, Intel rétrécit. Intel a récemment annoncé qu’Eicon Networks, un concepteur canadien de matériel et de logiciel pour l’industrie des médias, achèterait son activité média et signaux pour un montant non révélé. « Le vieux fabricant de puces électroniques [Intel] a dépensé des milliards de dollars dans des tentatives hasardeuses dans les communications et les ordinateurs, et permis à un compétiteur autrefois plus faible de le rattraper. Cette situation est si sérieuse qu’Intel réduit ses coûts de 1 milliard de dollars et doit vendre des parts de son business non rentables », dit Dean Takahashi du San Jose Mercury News, dans son article intitulé Au cœur de la crise d’un géant de la vallée.

Le récent succès d’AMD a conduit Dell et IBM à repenser les composants de leurs ordinateurs et de leurs serveurs. Dell a annoncé qu’il voulait commencer à utiliser les puces Opteron d’AMD dans ses serveurs, ses processeurs et ses PC. IBM a également dit qu’il utiliserait les processeurs de la nouvelle génération d’AMD dans ses nouveaux serveurs. « La décision de Dell d’acheter les produits d’AMD semble ainsi être le résultat de la pression issue de l’anxiété des consommateurs pour atteindre les économies et les gains de performance que l’Opteron offre par rapport aux meilleures puces d’Intel dans le segment des MP [Multi Processeurs] », dit un récent article du Financial Times.

L’incapacité d’Intel à comprendre la demande des consommateurs

Les medias sont inondés ce mois-ci de nouvelles au sujet de l’incapacité d’Intel à comprendre les demandes des consommateurs dans le domaine des puces d’ordinateurs.

« L’année dernière, une sérieuse insuffisance dans certaines séries de puces d’Intel a aidé son rival AMD à lui arracher quelques parts de marché », a déclaré Dan Nystedt dans un article du journal PC World.

Les représentants de Dell ont annoncé à John G. Spooner, un journaliste du e-Week, que cela demanderait jusqu’à 45 jours pour obtenir à nouveau une disponibilité sur ces puces. Cela signifie que les consommateurs devaient soit attendre, soit acheter l’ordinateur de jeu de type ‘Dimension XPS’ sans sa puce, soit acheter un ordinateur concurrent et similaire.

Procès Antitrust contre Intel

AMD et Intel sont en guerre judiciaire depuis 1987. En1992, AMD a gagné 10 millions de dollars, ainsi que le droit à une utilisation exempte des droits de propriété intellectuelle concernant le processeur 386 d’Intel, grâce à un médiateur dont le jugement a été confirmé par la Cour Suprême de Californie en 1994.

En mars de l’année dernière, la Commission Japonaise pour le Commerce (Japan’s Fair Trade Commission - JFTC) a jugé qu’Intel était en violation avec la 3° Section du Japan’s Antimonopoly Act., en raison de pratiques commerciales irrégulières, telles que des rabais accordés à cinq fabricants japonais de PC (Fujitsu, Hitachi, Sony, Toshiba et NEC) dans le but de limiter leurs achats auprès d’AMD.

En décembre 2005, le tribunal de Tokyo a ordonné de rendre public toutes les investigations menées par la JFTC depuis le début 2004 contre les bureaux d’Intel japonais. Cette évolution est importante pour les plaintes déposées par AMD contre Intel auprès des tribunaux du Delaware et du Japon. Sans perdre de temps, AMD a déposé deux plaintes contre Intel pour violation de la loi japonaise antitrust auprès de deux tribunaux de Tokyo, et réclamé 50 millions de dollars de compensation. Les accusations portent sur la manière qu’Intel a utilisé auprès d’un fabricant japonais d’ordinateurs afin qu’il retire de son site Web tous ses modèles d’ordinateurs équipés de produits AMD.

En juin 2005, AMD a déposé une nouvelle plainte contre Intel auprès du tribunal américain du Delaware, en accusant Intel d’utiliser des pratiques coercitives afin d’empêcher les fabricants d’ordinateurs d’acheter des puces AMD. Ces pratiques sont longuement détaillées au cours du procès. Les dirigeants de Dell ont concédé avoir reçu des contributions d’Intel à leurs dépenses au moment de leurs négociations de prix avec AMD.

Les ventes d’AMD à SONY Corp. sont passées de 22 % en 2002 à 0 % en 2003. De même, au début de 2002, NEC a acheté à AMD 40 % des ses microprocesseurs pour ordinateurs de bureaux, et ce pourcentage est tombé à 0 % au début de 2003 suite aux pressions d’Intel. Selon le jugement, Ted Waitt, le directeur général de Gateway., a affirmé qu’un dirigeant d’Intel lui a proposé de fortes sommes pour ne pas passer d’accord avec AMD, en lui disant : « Je dois trouver un moyen de redevenir rentable. Si je peux le devenir en vous écartant, alors je le ferai ». IBM a expliqué aux dirigeants d’AMD que le fait de refuser d’inclure les produits d’AMD dans sa ligne de stations de travail de son Centre de Recherches lui permettait de ne pas perdre les « importants subsides d’Intel ».

Suite à une investigation démarrée en 2001, la Commission européenne a effectué en juillet 2005 une descente dans les bureaux européens d’Intel Europe et dans ceux de ses clients et de ses distributeurs, dans le but de trouver des preuves de violations des lois antitrust européennes, ce qui a fait la une des journaux.

Quelle compagnie gagnera cette bataille des puces d’ordinateurs, vieille maintenant de 20 ans ? Les deux protagonistes pourraient constater que prolonger cette bataille ne sert qu’à remplir les poches de leurs avocats et de détourner l’attention loin de la recherche et développement, de l’innovation et de la rentabilité.