Le 16 septembre 1987
Le 16 septembre 1987 se réunissaient à Montréal 29 pays afin d’établir une réglementation internationale limitant la destruction de la couche d’ozone. Naissait alors le Protocole de Montréal. Depuis 1995, à cette date, le secrétaire général des Nations Unies invite les gouvernements, les entreprises et les citoyens à commémorer la Journée internationale de la protection de la couche d’ozone. Cette année, le thème choisi est «Protéger la couche d’ozone – Sauver la vie sur Terre». |
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C’est l’occasion de rappeler les dangers reliés à l’appauvrissement de la couche d’ozone ainsi que les engagements des pays vis-à-vis du Protocole de Montréal. La «couche d’ozone» fait référence aux particules d’ozone qui se trouvent dans la stratosphère, cette partie de l’atmosphère qui s’étend de 10 à 50 km d’altitude. Loin d’en être l’unique molécule, l’ozone compose uniquement 0,001 % de la stratosphère. Mais ce 0,001 % est essentiel pour la vie sur terre, car il nous protège des rayons ultraviolets (UV). Dès 1970, le chimiste Paul Crutzen établit que l’ozone atmosphérique est appauvri suite aux interactions entre les molécules d’ozone et celles d’azote. En 1971, en pleine période de recherche sur les avions supersoniques, le professeur Harold Johnston souligne que ce type d’avion émettrait des tonnes de molécules d’azote en pleine stratosphère. Puis, en 1974, les chercheurs Mario Molina et Sherwood Rowland publient leur recherche portant sur la menace des chlorofluorocarbures (CFC-fréons) à la couche d’ozone. Les CFC étaient intensivement utilisés depuis les années 50 comme réfrigérants dans les réfrigérateurs, pour les bombes aérosols ainsi que pour les mousses synthétiques. Ces découvertes, somme toute majeures, n’avaient pas encore permis de saisir la gravité de la situation. La découverte du «trou» dans la couche d’ozone en Antarctique remonte à 1985. C’est la première preuve tangible des conséquences néfastes du chlore contenu dans les CFC. Trois scientifiques constatent alors que la concentration d’ozone dans la stratosphère, au printemps et en été, avait diminué drastiquement comparativement aux années précédentes. L’azote, les CFC; on en connaissait la menace. Mais pourquoi y en avait-il autant en Antarctique au printemps et en été? Les scientifiques expliquent le phénomène par le tourbillon polaire au-dessus de l’Antarctique. Alors que l’Antarctique est sous l’obscurité, ce tourbillon hivernal emprisonne l’air à l’intérieur et l’emmène à des températures de -80 °C à 17 km d’altitude. Dans ces conditions, des nuages appelés nuages stratosphériques polaires (PSC en anglais) se forment. Les PSC sont composés de gouttelettes d’eau contenant de l’azote dissout à l’intérieur. Lorsque le printemps et le soleil arrivent, les gouttelettes s’évaporent, laissant dans l’atmosphère un «surplus» d’azote qui interagit avec l’ozone et l’appauvrit. Cette explication et son fondement théorique valurent aux trois chercheurs Crutzen, Molina et Rowland, le Prix Nobel de chimie en 1995. Bien que l’Antarctique soit un cas particulier du phénomène de détérioration de la couche d’ozone, le Canada en ressent aussi les conséquences. Environnement Canada indiquait cette année que l’intensité des rayons UV durant l’été au sud du pays serait 4 % plus élevé que la «normale». En Arctique, où il peut se produire les mêmes phénomènes qu’en Antarctique, Environnement Canada notait en février 2005 une diminution de 35 % de la concentration d’ozone dans la stratosphère. La principale préoccupation reliée à l’augmentation de l’intensité des rayons UV est son impact sur la santé humaine : coups de soleil, cataractes, cancers de la peau, affaiblissement du système immunitaire. Les rayons UV nuisent aussi à l’agriculture, notamment à la culture de l’orge et de l’avoine, ainsi qu’aux écosystèmes marins, en endommageant la nourriture de base de la chaîne alimentaire, le phytoplancton. Pour contrer l’appauvrissement de la couche d’ozone, 164 pays ont ratifié le Protocole de Montréal à ce jour et se sont engagés à réduire graduellement leur utilisation et production des 96 substances appauvrissant la couche d’ozone (SACO). Le 18 août dernier, l’Organisation météorologique mondiale et le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) publiaient leur rapport d’évaluation. Le rapport indique que la couche d’ozone est en voie de régénération, mais qu’un certain retard est à prévoir quant aux dates qu’annonçait la dernière évaluation en 2002. En Antarctique, l’intégrité de la couche d’ozone est prévue aux environs de 2065, soit quinze ans plus tard que prévu, et autour de 2049 sous les latitudes tempérées et l’Arctique. Selon le rapport, ce retard proviendrait d’une mauvaise estimation antérieure des quantités de CFC contenues dans les réfrigérateurs actuels. Les changements climatiques pourraient aussi être imputables. Un article du bulletin de la Commission de coopération environnementale de l’Amérique du Nord souligne que le commerce illégal des SACO pourrait constituer une source non négligeable de l’appauvrissement de l’ozone.
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