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Agir contre le trafic d’organes en Chine

Écrit par Louise Nightingale La Grande Epoque
13.09.2006
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  • David Kilgour et Mme Lamperti(攝影: / 大紀元)

Interviewée mardi 12 septembre dans un hôtel parisien du quartier Saint Germain, à l’occasion du passage en France de David Kilgour, auteur d’un rapport sur le sujet, la présidente de l’Association Agir pour les Droits de l’Homme rappelle que dès 1999 Amnesty International (AI) dénonce le prélèvement d’organes sur les prisonniers condamnés à mort en Chine non consentants.  Ils sont condamnés deux fois, dit-elle, d’abord par une mort horrible puis le prélèvement de leurs organes. Qui plus est, dans la tradition chinoise ce n’est pas admis. Le corps doit entrer entier dans la mort. Ce qui est grave aussi, c’est que le condamné ne connaît pas la sentence, il y a un arrangement secret entre le tribunal, la police et l’hôpital.

Quand on lui demande ce qui l’a convaincue, Madame Lamperti répond que ce sont les témoignages, en abondance, maintenant de pratiquants de Falun Gong. Suite à ces témoignages, des personnalités au congrès américain se sont engagées.

Poursuivant l’historique, Madame Lamperti se rappelle que c’est plusieurs années après ce rapport d’AI de 1999 que l’on a appris que les membres d’une communauté religieuse, le Falun Gong, ont fait des recherches et qu’un certain Monsieur Kilgour a mené l’enquête. Alors les témoignages et tout le travail de M. Kilgour et de son ami avocat défenseur des droits de l’homme, Me Matas, sont parvenus aux associations humanitaires et c’est ainsi que l’on a appris en effet que cette communauté religieuse était non seulement torturée mais aussi servait de cobaye et de banque d’organes.

D’ailleurs la présidente de ADH, qui s’est visiblement bien renseignée sur le sujet, note qu’une plainte a été déposée récemment à Paris par une famille disant que les membres ont été torturés et tués. C’est une plainte au Tribunal de Grande Instance de Paris. Dans toute la Chine, les familles se plaignent de membres de ce mouvement religieux qui sont internés dans des camps, tenus au secret et sur lesquels on prélève des organes.

Plus concrètement il y a le problème des corps, précise t’elle, car il faut rentrer dans le détail : les tribunaux ne préviennent pas les familles pour que les corps ne soient pas réclamés. Il a aussi des cas où, comme dans le témoignage de Chen Ying, pratiquante de Falun Gong maintenant réfugiée politique en France, les corps sont rendus à la famille, vidés de leurs organes. On a d’ailleurs pu voir des photographies de corps lacérés de part en part. Mais une autre journaliste présente s’interroge, légitimement, sur l’origine de ces photos. Marie-Françoise explique patiemment que des témoins de ces scènes de prélèvement d’organes sont tellement horrifiés qu’ils arrivent à faire sortir des photos de Chine, malgré le blocus de l’information. Par exemple des gens comme les gardiens ou le personnel médical ont pu s’approcher des corps et trouver un moment où ils n’étaient pas surveillés pour prendre des photos. A titre de comparaison elle évoque le régime répressif de Moscou, où ce sont les gardiens qui avaient réussi à faire sortir des preuves.

Alors pourquoi les ONG n’en parlent-elles pas ? Selon elle, ce sont des décisions collectives pour se concerter ensemble sur les Jeux Olympiques, ce qui est une raison insuffisante et peu convaincante. En tout cas son association à elle ne se tait pas. Sa réaction face au rapport sur le trafic d’organes en Chine sur des droits des pratiquants de Falun Gong a été double : dénoncer et agir. « Nous soutenons complètement l’action de Me Kilgour et Matas, nous sommes venus immédiatement en soutien de leur action sur le plan international » dit-elle avec détermination.

Selon elle, l’atteinte à la vie d’un individu est une atteinte à l’humanité entière. Alors, demande la journaliste, pourquoi est-ce que lorsque l’on parle du problème des droits de l’homme en Chine, on mentionne les Tibétains, les Ouighours, les Chrétiens et que l’on place en dernier les Falun Gong, voire on omet de les mentionner. Cela pose le problème de l’information, répond Madame Lamperti. On connaît le problème des Tibétains depuis les années 50, il a été très médiatisé. Le Falun Gong, par contre, est peu connu et très peu médiatisé. C’est peut-être aussi une question de hiérarchisation religieuse…

Stratégiquement parlant, certains gouvernements autoritaires comme la Chine craignent qu’un gros pourcentage de personnes s’engagent dans un mouvement contraire à leurs propres idées, ils n’ont alors qu’un seul but, trouver un bouc émissaire. Avec le Falun Gong, ils ont trouvé le bon bouc émissaire au bon moment et ils s’en servent.

Elle note d’ailleurs que les autorités chinoises, comme tous les gouvernements totalitaires, ne choisissent pas n’importe quel bouc émissaire, elles en choisissent un qui représente, selon elles, un danger pour le pouvoir. Telle communauté religieuse qui fait sa petite pratique sans faire obstacle à la prédominance et à la volonté d’un gouvernement, ils ne s’en occupent pas. Mais dans une dictature il y a aussi la notion de danger par le nombre.

Pour compléter cet argumentaire elle ajoute que certaines religions laissent l’être humain dans la dépendance mais si une religion, telle que le Falun Gong, permet une libération intérieure alors on n’a plus de pouvoir sur ce groupe d’individus et ça, c’est dangereux, insiste-t-elle.

« Le régime chinois a tout fait pour ne pas faire connaître ce mouvement à l’étranger mais comme la liberté triomphe toujours », dit-elle avec conviction, des membres sont allés à l’étranger et on a commencé à en parler. Selon elle, comme le régime s’est senti en danger alors la répression a été deux fois ou dix fois plus dure.

Enrichissant son propos d’une référence littéraire et partageant sa réflexion sur les dictatures, Marie-Françoise Lamperti explique que George Orwell dans son livre « 1984 », mettait très bien en lumière le problème de la désinformation. Comment fait-on pour maintenir son pouvoir sur le peuple ? « Le faire souffrir car l’obéissance ne suffit pas ». Il voulait dire que même si on réduit un peuple à l’obéissance, ça ne suffit pas parce que les gens ont une telle aspiration à la liberté, il faut aussi les faire souffrir, c'est-à-dire les empêcher de vivre par tous les moyens, la torture etc., les empêcher de parler, d’écrire, de penser, en un mot les faire mourir, les tuer. Mais finalement ça ne sert à rien aux yeux de l’histoire, insiste t-elle. On observe que toutes les grandes dictatures se sont écroulées, c’est une question de temps. La démocratie est un processus, ce n’est jamais acquis, certes, mais il y a des degrés dans la violation entre un pays démocratique et un pays totalitaire.

Que peut-on attendre alors des instances internationales, et de la France en particulier ? Optimiste, Madame Lamperti, qui croit en son pays, crie haut et fort que la France est le pays des droits de l’homme et la France peut écouter ce discours. Communiquer ce qui se passe, c’est ce qu’elle fait avec les autres associations. Soutenir la population chinoise qui n’est pas en accord avec le régime, sensibiliser nos élus, aller voir les avocats français pour coopérer avec les avocats chinois. Ces derniers sont soumis à un examen annuel, local, nous apprend-elle, qui n’est même pas national et qui peut leur retirer leur licence. Ils ne peuvent tout simplement pas faire leur travail de défenseur. Voilà l’action de Me. Kilgour, encourage t-elle, agir ensemble de manière transversale pour que se développe une solidarité transversale.

Quant aux Jeux Olympiques à Pékin, Marie-Françoise Lamperti s’indigne des populations entières qui sont expulsées, cachées, expropriées en prévision de ces rencontres internationales. Comment peut-on dispenser des récompenses sur un territoire qui viole les droits de l’homme et se rend coupable de crimes contre l’humanité ?! Les sportifs qui se veulent éthiques, comment peuvent-il recevoir un diplôme d’un état qui est retranché de l’éthique sportive. Comment un athlète peut-il accepter une récompense dans un pays qui s’est nationalement déshonoré. Non respect des engagements, non respect de la dignité humaine. Comment est-ce possible, s’étonne sincèrement la militante ? Mme Lamperti dit elle-même que si un régime comme la Chine lui offrait un cadeau, elle le refuserait. Mais les Jeux Olympiques sont une grande affaire d’argent. La seule solution, selon elle, c’est de faire œuvre civilisatrice auprès des investisseurs.

Son projet ? Arriver à ce que les fonctionnaires internationaux qui ont un niveau culturel et intellectuel élevé et qui sortent des grandes écoles, reçoivent une formation à l’humain pour qu’ils cessent de répondre « ah oui, les violations, mais vous comprenez le dispositif… »

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.