Shilvi, version «femme»

Écrit par Gabriel Aubry Gayón, La Grande Époque
28.09.2006

Après trois disques sous le nom de Shilvi très appréciés par les petits Québécois, Sylvie Dumontier est revenue à la charge en toute douceur, la semaine dernière, avec un premier album «pour adultes».

Sylvie avait désormais l’idée d’un album solo bien avant l’aventure folle de la petite fille de six ans nommée Shilvi qui est devenue un personnage incontournable dans le monde du divertissement pour enfants. «Je n’étais pas prête», remarque-t-elle. «Ce projet d’album, c’est grâce à elle (Shilvi). Au niveau du processus d’écriture, elle a simplifié ma démarche. Quand j’ai commencé à écrire, c’était compliqué, laborieux, lourd. […] J’haïssais ça!»

Le personnage ludique est né il y a quinze ans, entre amis. Sa sortie publique en 2001 en a captivé plus d’un et a abouti à plusieurs produits dérivés incluant un film en animation 3D qui est encore en production. Sylvie explique cependant qu’elle ne veut pas faire de sa «fille» un deuxième Caillou. Elle a donc créé avec son copain Denis Larochelle sa propre maison de disques, Petite plume (Les Disques), ce qui lui permet la liberté artistique qu’elle bénéficie aussi dans son dernier opus.

L’auteure-compositrice-interprète considère que ce retour à la pureté était pour elle une «école» très contraignante, mais qui comportait des avantages essentiels. Suite au premier album de Shilvi en 2001, son inspiration pour les mots s’est débloquée pour finalement aboutir sur Les îles flottantes, douze pièces jazzys et légères où les textes sont particulièrement soignés.

Elle admet cependant que les mélodies sont venues plus facilement que les mots. «Je suis plus musicale que littéraire», fait-elle valoir. «Je bosse donc plus sur les textes que sur les musiques.»

Le disque explore un créneau très jazz, peu connu dans le paysage de la musique francophone au Québec. Elle a donc recruté le pianiste James Gelfand, bien reconnu dans le milieu. Pour ce qui est des arrangements, comme dans tous ses autres projets, elle a confié le travail à Denis Larochelle qui est aussi musicien professionnel. Cela explique la parenté avec son travail des dernières années.

Toutefois, certains seront surpris par la sobriété de Les îles flottantes. On pourrait bien affirmer qu’elle a relâché toute sa schizophrénie sur Shilvi. «Y’en a qui s’attendent à voir quelque chose de plus flyé», affirme la chanteuse, ajoutant que Les îles flottantes est «un album qui s’apprivoise, [...] qui gagne à être connu». Un album bien à l’image de sa créatrice, car elle se considère plutôt comme une «coureuse de fond», quelqu’un qu’on apprend à aimer. Quand on commence à la connaître, on est un peu moins surpris du contenu si mature et si sobre. Les plus beaux plaisirs sont ceux qui durent.

Le premier spectacle de Shilvi, depuis sa sortie au public, sera le 23 novembre à la 5e salle de la Place des Arts. Pour voir Sylvie Dumontier, version «femme», on devra patienter jusqu’au printemps. En attendant, on peut toujours se consoler avec son album.