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À Brooklyn, une femme peint pour la liberté en Chine

Écrit par Evan Mantyk, La Grande Époque New York
28.09.2006
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NEW YORK – Mme Li Jinyu nous conduit derrière une porte de métal couverte de rouille, en haut d’un escalier sombre et tortueux, jusqu’au petit appartement qui lui sert aussi de studio de peintre dans le quartier de Flatbush, à Brooklyn. Cet endroit rebutant ne laissait en rien présager qu’il referme le message beau et profond qu’expriment les peintures de Mme Li.

  • Mme Li Jinyu dans son appartement de Brooklyn(攝影: / 大紀元)

 

Mme Li a grandi et a étudié les arts à Shanghai, elle vit maintenant à New York où elle voue sa vie à créer des peintures destinées à donner une voix à ceux qui, en Chine, ont été bâillonnés par le régime communiste chinois.

«L’art permet d’apporter la vérité», déclare Mme Li, une petite femme au sourire réservé et aux yeux pleins de joie.

L’une des peintures se trouvant dans sa chambre représente une petite fille qui semble enfermée dans l’un des célèbres camps de travail de la Chine. Elle souffre et tend une main tandis que son autre main est agrippée à un pendentif avec un symbole de Falun Gong.

Le Falun Gong, une pratique spirituelle pacifique, a été interdit en Chine en 1999 et, depuis cette date, des centaines de milliers de pratiquants de Falun Gong – dont le mari et le frère de Mme Li – ont été harcelés, emprisonnés, torturés et tués pour avoir refusé d’abandonner leur pratique ou pour avoir déposé des plaintes auprès du gouvernement. Deux Canadiens ont fait leur enquête et ont présenté le Rapport concernant les allégations de prélèvement d’organes des pratiquants de Falun Gong en Chine[1], où ils rapportent qu’on prélevait et qu’on revendait les organes de pratiquants de Falun Gong vivants, sans leur autorisation. «Je veux que les gens sachent ce qui se passe en Chine», déclarait simplement Mme Li.

Jour après jour, depuis deux ans, Mme Li œuvre sans relâche à ses peintures dans son appartement, travaillant ses tableaux en vue d’une exposition qui commencera le printemps prochain. Elle retouche et retravaille toujours ses peintures des années après les avoir commencées.

«De nos jours, les peintres sont bien trop occupés à faire de l’argent pour passer beaucoup de temps à peindre», dit-elle. Le résultat est surprenant, donnant des portraits réalistes et parfois crus qui transportent le public au cœur des horreurs et de la tristesse de la Chine moderne.

Un message spirituel

Un immense tableau de Bouddha assis en tailleur est suspendu contre un mur de sa chambre, au-dessus des traditionnels fruits et encens. Les peintures de Mme Li semblent viser à sensibiliser le public aux violations des droits de l’homme autant qu’à élever sa conscience spirituelle.

La brutalité qui transparaît dans les œuvres de Mme Li contraste avec des descriptions de scènes du paradis, où sont représentés des chérubins et des nuages tout droit sortis de la renaissance européenne, qui transportent l’observateur dans un endroit où la souffrance n’existe pas.

«Je sais que nous souffrons tous, même si nous ne le savons pas nous-mêmes», déclare Mme Li. «Je pense que, naturellement, nous recherchons le sens de la vie. Si les gens peuvent tirer des enseignements de mes peintures et si [celles-ci] peuvent leur faire réaliser ce qui est important dans la vie, c’est bien, c’est ce que je veux faire.»

À propos de son propre éveil spirituel, il y a des années, elle raconte : «Je suis allée dans la montagne et au Tibet ainsi que dans d’autres pays d’Asie du Sud-Est. Si un artiste veut devenir un excellent peintre, il doit apprendre la vérité de la vie.»

Sa quête de vérité l’a amenée en Amérique du Nord dans les années 1980. En 1997, alors qu’elle étudiait les arts dans une université canadienne, Mme Li est tombée gravement malade.

«Je croyais que j’allais mourir. Je ne pouvais pas me lever, j’étais profondément déprimée», explique-t-elle. «J’ai consulté de nombreux médecins, mais aucun d’eux n’a pu établir de diagnostique ni trouver de traitement efficace.» Ensuite, ses amis artistes chinois lui ont fait découvrir le Falun Gong. Cette pratique ancestrale, qui a été introduite à grande échelle en Chine au début des années 1990, est basée sur des exercices lents, de la méditation et un livre d’enseignements qui s’appuie sur trois principes : l’authenticité, la compassion et la tolérance. Mme Li dit qu’elle a lu ce livre, qui fait plus de 300 pages, trois fois en une semaine.

Un mois plus tard, sa santé était de nouveau excellente. Les sites Web du Falun Gong relatent les histoires d’autres personnes ayant connu une amélioration miraculeuse de leur santé ou même une guérison grâce à cette pratique.

Le régime de terreur communiste

Après avoir commencé à pratiquer le Falun Gong, Mme Li est retournée en Chine où des millions de personnes le pratiquaient. Les parcs et les places publiques étaient remplis chaque matin de personnes faisant leurs exercices. C’est là qu’elle a rencontré celui qui deviendrait son mari, M. Lin Shenli.

Deux ans plus tard, la popularité grandissante de Falun Gong devint sans doute insupportable au président communiste, Jiang Zemin, qui faisait partie des instigateurs du massacre de la place Tian An Men en 1989, et cette pratique a été interdite en 1999. Il a sans doute considéré les 100 millions de nouveaux pratiquants en moins de dix ans comme une menace idéologique au régime communiste chinois, qui se prononce officiellement pour l’athéisme.

Quelques mois après le mariage de Mme Li en 1999, elle et son mari sont allés, comme de nombreux autres pratiquants de Falun Gong, enregistrer formellement une plainte auprès du gouvernement à Beijing. Peu après, ils ont été emprisonnés. Mme Li a été relâchée et déportée, car elle possédait la citoyenneté canadienne. Cependant, son mari est resté en captivité.

«Au Canada», déclare Mme Li, «j’ai écrit de nombreuses lettres, dont 300 au Parlement canadien. Des gens ont distribué des circulaires [à propos de mon mari], nous avons recueilli 100 000 signatures sur une pétition». Son mari a été libéré et retourné au Canada en 2002.

À sa sortie de captivité, M. Lin Shenli a fait une déclaration écrite : «J’ai été forcé à faire du travail physique et j’ai été régulièrement battu. […] J’étais entouré de criminels, assailli de toutes sortes de mensonges et de propagande visant à salir Falun Gong, j’ai été isolé de ma famille et de mes amis et on me pressait constamment à renoncer à mes croyances.»

Aujourd’hui, Mme Li se considère comme appartenant au récent mouvement de Chinois quittant le parti communiste chinois et ses organisations affiliées et appelant la fin du règne du régime communiste en Chine. Elle déclare n’avoir jamais intégré le parti elle-même, car c’était tabou dans son cercle d’artistes en Chine. Cependant, elle se rappelle des souffrances infligées par le régime dans son enfance.

«Ils nous ont fait subir un lavage de cerveau», dit-elle. «On nous avait appris une chanson qui disait que le communisme était plus important que nos parents. Nous devions tous chanter cette chanson, chaque matin, devant le portrait [du chef du parti communiste, Mao Zedong].»

Mme Li a grandi pendant la Révolution culturelle chinoise, durant les années 60 et 70. Cette Révolution culturelle est connue pour le renversement des structures sociales traditionnelles entrepris au nom du parti communiste. Les professeurs furent envoyés travailler dans la campagne et des enseignants furent attaqués par leurs élèves étudiants. La mère de Mme Li faisait partie de ces enseignants.

«Les enfants la suivaient et la battaient simplement parce qu’elle avait été diplômée d’une université. Il était très répandu à l’époque que les élèves battent leur professeur», explique-t-elle. «Chaque jour, ma mère était bouleversée. La pression fut si insupportable pour elle qu’elle a refusé de vivre et s’est donné la mort.»

Mme Li voit la force qui a tué sa mère et celle qui persécute les pratiquants de Falung Gong aujourd’hui comme une seule et même force. Dans une lettre au gouvernement canadien en 2001, Mme Li a écrit : «Au cours des 50 dernières années en Chine, sous le régime communiste, l’esprit des gens a été dénaturé par les politiques de fer menées par ce régime totalitaire.»

[1] Le Rapport concernant les allégations de prélèvement d’organes des pratiquants de Falun Gong en Chine a été fait par deux Canadiens : David Matas, avocat international pour la défense des droits de l’homme, et David Kilgour, ancien député et ancien secrétaire d’État du gouvernement du Canada pour la région Asie Pacifique, à la suite d’une enquête et a été rendu public le 6 juillet 2006. Ce rapport peut-être consulté aux adresses suivantes : [http://davidkilgour.ca], [http://organharvestinvestigation.net] ou [http://investigation.go.saveinter.net].

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.