Chine 2006 : qu'en est-il des droits humains ?

Écrit par Michel Wu, Collaboration Spéciale
29.09.2006

Michel Wu a été pendant 13 ans directeur du service Chine de Radio France Internationale. Dans le cadre de rencontres sur les droits de l’homme et la citoyenneté organisées par la Ville de Ceyrat près de Clermont-Ferrand, il a donné une conférence mardi 26 septembre à l’Espace Culture et Congrès. Devant un public attentif, il a rappelé l’évolution dramatique de la situation des droits de l’homme en Chine.

  • Michel Wu, lors de sa conférence à Ceyrat près de Clermont-Ferrand.(攝影: / 大紀元)

Avec mon humble expérience de journaliste, je vais essayer de vous rappeler des éléments de base et vous proposer quelques clés pour mieux appréhender l’actualité chinoise riche en événements. Aussi ai-je le plaisir de vous indiquer de nouvelles pistes d’information qui vous permettront de suivre de plus près ce qui se passe dans ce pays-continent appelé couramment la Chine.

Le Parti communiste chinois n’a jamais renoncé à ses racines idéologiques en persévérant dans un marxisme dont la quintessence est la violence et la dictature. Pour mieux le comprendre, je me permets de vous renvoyer au Manifeste du Parti communiste et à la Critique du programme de Gotha. Un gros budget, unique au monde (20 millions de RMB pour le démarrage), a été débloqué l’année dernière pour des travaux de recherche du marxisme en Chine. Le but de l’opération est d’éditer une dizaine de manuels d’enseignement pour que les jeunes apprennent mieux le marxisme. Un idéologue officiel vient d’affirmer en public et non sans fierté que la Chine est le seul pays au monde qui fasse rayonner le marxisme. Toujours dans le souci de faire durer cette idéologie qui a fait tant de dégâts partout où le Parti communiste a pris le pouvoir, un film documentaire en 8 épisodes en projection interne actuellement au sein du Parti essaie de mettre en garde contre une évolution semblable à celle qu’avait vécue le PCUS (Parti communiste d’Union Soviétique).

Par conséquent, il ne faudrait pas perdre de vue que le régime de Pékin est bien un régime de parti unique avec des cellules installées dans toutes les institutions, administrations, entreprises, forces armées, en ville comme à la campagne.

Il se livre à la répression méthodique et cyclique de toutes les aspirations à la démocratie : diabolisation par campagnes politiques, arrestations arbitraires, tortures et exécutions sommaires.

Il s’assure du monopole de toutes les ressources pour jouer au marché après l’échec du Plan.

Il rassemble discrètement autour de lui les résidus du mouvement communiste international. Il appelle ses militants à suivre l’exemple des régimes nord-coréen et cubain. Son approche impérialiste se révèle de plus en plus évidente dans les affaires internationales. Le Darfour est tout aussi révélateur que la Macédoine. S’y ajoutent dumping, contrefaçon et contrebande. La douane française en sait quelque chose.

Comme résultats de cette perversité, les victimes se multiplient d’année en année : 70 millions jusqu’à la fin de la révolution dite culturelle. Après la chute du mur de Berlin, le régime s’acharne sur les dissidents et les croyants. Combien d’étudiants et autres protestataires sont morts en 1989 ? Il n’y a toujours pas de bilan convaincant.

Par contre, 3.000 pratiquants du Falun Gong ont péri, sans compter les disparus. La persécution des catholiques fidèles de Rome est permanente. La campagne en cours contre les défenseurs des droits – avocats, journalistes, intellectuels libéraux, enfin tous ceux qui plaident en faveur des victimes de la corruption et de la répression – sont à leur tour dans le collimateur.

Face cachée de la croissance, la corruption est née du système de parti unique, libre de tout contrôle. 4.000 fonctionnaires sont en fuite avec au total un fonds estimé à 50 milliards de dollars. Ont-ils débarqué en France ? 90 % des enrichis sont des fonctionnaires à tous les échelons. L’indice des écarts entre riches et pauvres est de 0,4 – 5, dépassant le seuil d’alerte.

Une société qui, malgré la splendeur des apparences, va à la dérive. Il n’y a plus de référence morale. Pour une poignée de dollars, on est capable de tout : crimes crapuleux, prélèvement sur des corps vivants en vue d’un trafic sauvage d’organes humains ou, tenez-vous bien, la mise aux enchères, sur le net, du droit à leur première nuit par des étudiantes.

Les conflits sociaux se multiplient. Les manifestations de protestation au-dessus de 50 personnes s’établissent à deux cents par jour. Les autorités préfèrent le monologue au dialogue. Les chars sont mobilisés à nouveau en province.

Ainsi se posent des questions aiguës dans les relations entre le monde civilisé de l’Occident et le régime de Pékin :

Des études réalisées par des Chinois mettent en cause de fond en comble la légitimité du mouvement communiste en Chine. Elles y voient, faits à l’appui, une sanglante restauration de l’absolutisme d’avant 1911. Qu’en pensez-vous ?

Sous l’appellation Chine, il y a régime et pays, oppresseurs et opprimés. Le régime communiste peut-il s’identifier à la Chine pour vous ?

Par amitié ou amour pour les Chinois, on fait allusion aux mandarins rouges ou à leurs victimes ? Sincèrement, préfère-t-on une monarchie rouge à une démocratie jaune ?

Quelle doit être la ligne de fond de la collaboration avec le régime de Pékin ? Aurait-on contribué, disons sans en être conscient, à l’appareil répressif en Chine ?

Un proverbe chinois dit : « Un bon pêcheur ne part jamais en mer sans prévoir vents et vagues. » Quelles sont vos sources d’information sur la Chine ? Les agences qui n’insistent pas sur ce qui déplaît aux autorités ? Les journaux chinois financés à l’étranger par Pékin ? Les organes de propagande destinés aux étrangers ? Ou bien, la communication mondaine organisée par les ambassades ? Vous pouvez continuer à y prêter yeux et oreilles, mais vous ne devriez pas ignorer les trois médias indépendants créés depuis 2000 aux Etats-Unis par les victimes de la répression communiste : le journal Da Ji Yuan dont La Grande Époque est la version française, la radio Sound of Hope (La Voix de l’espoir) et la première chaîne de télévision libre NTDTV diffusée en Asie par satellite. Ce sont des sources sérieuses qui ont fait leurs preuves dans la couverture de l’actualité brûlante notamment au sujet du SRAS, des camps de concentration pour le trafic d’organes et surtout, ils parlent sans ambage quand il s’agit de dénoncer la nature et la vérité du communisme en Chine. Sachez que les Neuf Commentaires sur le PCC publiés en novembre 2004 par La Grande Époque ont déjà conduit 13 millions de militants à renoncer à leur identité politique.

Je recommande vivement ces trois médias indépendants à tous ceux qui ne veulent pas perdre face ou argent et qui refusent d’être les « dindons de la farce » face aux images d’une Chine que font miroiter les propagandistes professionnels. Ceci est d’autant plus vrai que j’ai l’intime conviction que nous nous approchons d’une nouvelle explosion en Chine où le Parti communiste qui compte 70 millions d’inscrits ne représente que 6 % de la population, alors que les autres 94 %, à l’issue d’un réveil douloureux, ne rêvent plus d’un bon empereur. On craint aussi que la corruption généralisée ne déclenche un coup de balai à la thaïlandaise, car le moment est propice pour tous ceux qui ambitionnent et le Trône et l’Autel.