La Chine, nouveau client pour l’uranium australien

Écrit par David Rubacek, La Grande Époque - Sydney
18.01.2007

 

 

 

 

Alexander Downer, le ministre des affaires étrangères australien,  a annoncé au début du mois que l'Australie avait avancé d’un grand pas dans le processus qui doit lui permettre d’exporter de l'uranium vers la Chine.  

  • Le ministre des affaires étrangères australien, Alexander Downer(攝影: / 大紀元)

 

 

Cependant, cette aubaine pour l'industrie minière australienne, qui a été jusqu’à aujourd’hui empêchée d'accéder à un marché chinois affamé d’uranium, inquiète certaines associations. Celles ci considèrent que l'Australie va ainsi contribuer à alimenter l’insécurité de la région.

Le brusque avancement des discussions sur les ventes d’uranium à la Chine a été déclenché par la ratification entre les deux pays de deux traités de sécurité - l'accord sino-australien de transfert nucléaire et l’accord de coopération nucléaire – les termes desquels sont en accord avec la politique générale de l'Australie pour les matières fissiles : fournir un approvisionnement en uranium pour les besoins civils, en excluant toute aide à la production d’armes nucléaires.

« En conséquence, le cadre légal qui permettra aux producteurs d’uranium australien d’exporter vers la Chine devrait être mis en place dans les premiers mois de l’année » a commenté Downer.

Rob Rawson, du Conseil Minier australien, se réjouit à haute voix de l’ouverture du marché chinois. « Nous saluons la ratification, et pensons qu’elle arrive de la bonne manière au bon moment » a-t-il déclaré. « Cela ouvre vraiment la voie à l’exportation de l’uranium, des technologies et des services australiens sans compromettre les strictes règles décidées par l’Australie, » a-t’il déclaré à la chaîne ABC.

Cependant, le Sénateur vert Kerry Nettle considère que les risques pour l’environnement et pour la sécurité dans la région sont importants: « Vendre de l’uranium à la Chine est une erreur dont les conséquences sont potentiellement catastrophiques » a-t’elle commenté. « Un rapport par le Comité des traits du Parlement Fédéral, rédigé au sujet de l’accord sur l’uranium tout juste signé, met en relief de sérieuses insuffisances en termes de garanties, par exemple les insuffisances dans le régime des inspections internationales et le manque de capacité à vérifier que notre uranium n’est pas utilisé à mauvais escient. »

Le porte-parole de la Fondation de Protection de l’Australie (ACF), Dave Sweeney, indique pour sa part que le régime autoritaire chinois n’a pas la structure nécessaire pour réguler les activités industrielles. « Il manque à la Chine d’importants contrôles et mesures de son industrie nucléaire. Les groupes civils si importants à la surveillance et à l’amélioration de l’industrie nucléaire en Occident – les médias indépendants, les associations de défense de l’environnement, les syndicats, les organisations communautaires – n’existent pas ou sont impuissants en Chine ».

Cependant, le site internet du Ministère des Affaires Etrangères et du Commerce australien déclare que le gouvernement croit savoir que la Chine ne produit plus d’armes nucléaires et que Pékin a de toute façon suffisamment de ressources en uranium pour produire des armes si elle le souhaite. « Tous les Etats dotés de l’arme atomique ont assez d’uranium pour leurs programmes militaires. Leur choix n’est pas d’utiliser l’uranium pour des armes ou pour fabriquer de l’électricité, mais plutôt de savoir si l’électricité sera fabriquée avec l’énergie nucléaire, ou avec le charbon, le gaz, l’hydroélectricité. Des sources ouvertes suggèrent que la Chine a cesser de produire du matériel fissile pour ses armes nucléaires il y a déjà quelques années » indique ainsi le site officiel.

Mark Diesendorf, de l’Institut des Etudes Environnementales à l’University de New South Wales, contredit cette position et dit que les risques de déviation du programme nucléaire chinois sont réels : « Il y a une inquiétude réelle que l’uranium australien soit directement ou indirectement utilise pour renforcer le programme d’armes nucléaires chinois »  « Même si l’uranium australien n’est pas directement utilisé, il offre des ressources supplémentaires qui vont faciliter l’expansion du programme nucléaire chinois »

La Chine prévoit de construire des dizaines de centrales nucléaires pour satisfaire ses besoins en énergie, avec pour objectif de quadrupler sa production d’ici 2020.

L’Australie détient 40% des réserves mondiales connues d’uranium, qui lui ont rapporté près de 500 millions de dollars en 2005.