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Test de paternité, l’amour filial « biologisé » ?

Écrit par Frédérique Privat, La Grande Epoque Guadeloupe.
20.01.2007
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Sur Internet, ils sont légion. Vous tapez «tests de paternité» et des centaines de noms s’affichent alors sur votre écran. Anglais, espagnols, américains, canadiens, ces laboratoires privés étrangers vous proposent dans un délai plus ou moins court ( de 5 jours à 24 heures) de donner réponse à votre interrogation : «Suis-je bien le père de cet enfant ?» 

  • De plus en plus d'enfants sont élevés par leur père(攝影: / 大紀元)

 

 

Pour cela, une trousse contenant des coton-tige et des brosses buccales vous parviendront par la Poste et de même, vous les renverrez après prélèvement. Simple, très simple, pour un test qui peut changer le cours de plusieurs vies ! Et tout cela pour quelques centaines d’euros et dans la plus grande discrétion !

Car, outre le fait que la démarche soit souvent effectuée à l’insu de la mère et de l’enfant, il est aussi primordial, pour les pères français de dissimuler cet acte à la société !

En effet, la France fait actuellement figure de dernier bastion de la résistance aux tests de filiation génétiques en Europe. Autorisée librement dans la grande majorité des pays occidentaux, le test de paternité est pourtant soumis en France à des règles strictes. Ordonné par un magistrat dans le cadre d’une procédure judiciaire, le test de paternité peut faire l’objet pour le demandeur, s’il est intercepté par la douane par exemple, d’une peine d’1an de prison et de 15.000 euros d’amende (art.226-28 du Code Pénal).

Mais alors, pourquoi tant de précautions ? Techniquement, il apparaît que ces tests effectués sans contrôle arbitraire, peuvent être faussés à un moment ou un autre de leur réalisation (erreur d’échantillonnage ; erreur de diagnostic…).

Selon Frédérique Granet, professeure de Droit à l’université R-S de Strasbourg, qui répondait aux questions du journal Le Monde (novembre 2006) « tout cela se déroule hors de toute procédure, de sorte qu’aucun expert judiciaire n’est désigné pour vérifier l’identité, l’échantillonnage et l’adéquation avec les résultats. On comprend que ces analyses n’aient aucune valeur juridique en France, où les expertises biologiques ne peuvent être ordonnées que par un juge saisi d’une action relative à la filiation et où elles sont pratiquées avec les garanties procédurales dues aux parties ».

Cependant, il faut aussi considérer l’aspect socio affectif qui demeure une composante majeure dans la relation parent- enfant.

La filiation est un fait complexe qui découle d’une vérité biologique, mais aussi sociale. Un enfant élevé par un homme qui lui prodiguera soins, affection et éducation, sera considéré par tous les acteurs de la société comme étant son enfant. Inversement, cet enfant reconnaîtra ensuite cet homme comme son père, et ceci, en dépit d’une réalité biologique qui pourrait indiquer le contraire.

De même, l’extrait de naissance désignera, sur le plan juridique, le père reconnu du nouveau-né, soit parce qu’il est le mari de la mère, soit parce qu’il se sera présenté à l’état-civil pour une « reconnaissance »officielle… Et pourtant, les exemples autour de nous abondent, la réalité biologique est souvent bien différente de cette réalité juridique, mais la loi stipule que cette filiation juridique sous-entend une réalité biologique correspondante.

Et cette loi permettra alors d’assurer une stabilité de paternité pour un enfant qui pourrait être, le cas échéant, soumis au « ballottage du vote génétique ».

Didier Sicard, président du Conseil consultatif national d’éthique, s’exprime à ce propos dans le journal Le Monde : « Le rapport à la famille est tout sauf biologique. La vérité génétique ne doit pas forcément l’emporter sur la paternité socialement reconnue, l’éducation ou les relations affectives. »

Que dire alors de l’adoption, ou du don de sperme, qui introduisent la notion de filiation élective ?

Au-delà de l’aspect biologique bien réel, la relation parent- enfant implique aussi un amour désintéressé dont l’existence ne serait pas lié seulement au don d’une part génétique.

Un père qui aime et élève son enfant depuis 1, 3 ou même 15 ans, changera-t-il de comportement affectif parce qu’il recevra un courrier lui apprenant que cet être n’est au bout du compte, pas de son « sang » ?

En dépit des sentiments mêlés qui pourraient assaillir ce père, reprendra-t-il l’amour donné et reçu depuis la naissance de l’enfant, juste parce que leurs gènes ne correspondent pas ?

L’amour filial, et plus largement le lien affectif qui unit des êtres d’une même famille ou d’un même groupe ne peut être sous-tendu aux seuls intérêts biologiques, financiers ou matériels, mais implique surtout une part morale où  responsabilité, solidarité et humanité sont intimement liés. 

 

 

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