Les monocultures et les dérives

Écrit par Christian Bauer, Ingénieur, naturopathe, thérapeute
20.01.2007

Le soja, l’économie et l’environnement

Des voix s’élèvent contre l’ampleur considérable que prend la monoculture du soja au niveau mondial et son impact tant écologique qu’économique.

 

En effet, la monoculture du soja a augmenté d’environ 435 % en 30 ans. Ces manifestations se dirigent essentiellement contre le soja OGM.

 

Même s’il existe un fossé énorme entre une plante OGM et une plante non OGM, il me semble qu’il ne faut pas trop dissocier le soja avec ou sans OGM sur ce plan-là.

  • chemin avec champs de soja(攝影: / 大紀元)

 

 

Même si la monoculture du soja non OGM ne représente « que » 100.000 tonnes dans le sud-ouest de la France, eh bien, cela reste une monoculture qui va à l’encontre de la biodiversité, clé de l’équilibre environnemental. Surtout lorsque l’on connaît les bénéfices relativement limités que peut apporter cette légumineuse, voire ses aspects dangereux lorsqu’elle n’est pas fermentée. D’autant plus que la tendance actuelle consiste surtout à développer à outrance des gammes de produits issus du soja non fermenté et pas du tout les sauces soja, le tempeh, le miso ou le natto.

La monoculture du soja est présente dans des pays de plus en plus nombreux. Elle affecte plus particulièrement l’Amérique, en commençant par les Etats-Unis qui ne s’en sortent pas trop mal au niveau économique… apparemment.

Ce qui se passe en Amérique latine est plus grave : au Brésil, 47 % des surfaces cultivées en grains sont consacrées au soja alors que des millions de personnes souffrent de la faim dans ce pays et qu’il importe pour nourrir sa population. L’équivalent d’un quart du territoire français a été déforesté en Amazonie en l’espace de 7 ans au profit du soja. L’emploi massif de produits chimiques affecte la santé des paysans locaux. Nous retrouvons des schémas similaires en Argentine, au Paraguay, en Bolivie.

D’après Sojaxa (pour une fois ils dénoncent correctement et forcément puisque le soja OGM ne les concerne pas), le soja transgénique est en train de se frayer un passage privilégié vers l’Europe via la Pologne (dénoncé par Greenpeace).

Dans de très nombreux cas, les méga exploitations détruisent un nombre considérable d’emplois avec, comme conséquence, l’exode rural, la faim et parfois le maintien de ceux qui restent en situation d’esclavage.

Comble de l’affaire, le gouvernement chinois (pays dont est issue la légumineuse) a autorisé le Brésil à exporter vers la Chine du soja transgénique pendant 5 ans.

Voici quelques sites et revues intéressantes sur le sujet :

- www.sojacontrelavie.org : le site est très bien documenté. Il a également lancé une campagne « soja contre la vie » avec un document à adresser au ministre de l’Économie Thierry Breton ainsi qu’aux 2 principaux protagonistes de la filière soja en France : Robert-Louis Dreyfus et Michel Safronoff. Ce document vise à ce que ces acteurs freinent l’expansion mondiale du soja. Une action à faire absolument.

- www.futura-sciences.com propose un point sur la destruction de la forêt amazonienne due au soja avec cartographie à l’appui.

- www.politis.fr a publié un article intéressant : Les indiens sacrifiés du soja, toujours au Brésil.

-    Votre Santé n°79 d’avril s’intéresse à la problématique du soja en Argentine dans un article du réseau tourangeau anti-OGM emprunté au site du forum AMESSI, avec en toile de fond la multinationale Monsanto.

La quinoa

Cette plante qui pousse sur les hauts plateaux andins était l’alimentation de base des Incas. Elle contient tous les acides aminés essentiels. Elle était autrefois exploitée en rotation avec l’amarante (plante très riche en lysine et sacrée pour les Aztèques) et le maïs. Aucune de ces 3 plantes ne contient de gluten. La quinoa, de part ses vertus, a connu assez récemment un boom et s’exporte en Amérique du nord, en Asie, en Europe et au Japon. L’amarante est pour l’instant restée plus discrète. Face à la demande d’exportation, même le Pérou (n’étant plus auto-suffisant) a passé un accord avec la Bolivie pour intensifier la production de quinoa sur l’altiplano bolivien. Les conséquences sont là : mécanisation à outrance, appauvrissement des sols, usages de pesticides (même si certains paysans astucieux ont élaboré des pesticides naturels), exode rural, mais aussi déséquilibre environnemental par rapport au lama qui ne trouve plus assez de pâturages pour se nourrir. L’ONG « Agronomes et vétérinaires sans frontières » travaille à ce rééquilibrage. Sur leur site internet www.avsf.org, vous pourrez visionner 2 vidéos intéressantes sur la Bolivie et la quinoa (oubliez les vidéos sur leurs campagnes de vaccinations !).

La perche du Nil :

L’excellent film documentaire Le cauchemar de Darwin de Hubert Sauper, nominé cette année aux oscars, trace de manière poignante l’histoire de la perche du Nil.

Ce poisson carnassier a été introduit dans les eaux du lac Victoria au cours d’une expérience « scientifique ». Depuis une dizaine d’années, son exportation vers les pays occidentaux est développée en masse : 200.000 tonnes par an pour la seule ville de Mwanza. Au bout de quelques années, la flore et la faune classiques ont disparu d’une bonne partie du lac. Certains s’en alertent mais les enjeux économiques sont importants pour d’autres. Le tanzanien moyen vivant sur les bords du lac Victoria reste cependant toujours enfoncé dans la misère la plus sombre et l’économie de cette région ne dépend plus que de ce poisson.

Par exemple :

- les Tanzaniens utilisent les carcasses des poissons  (arêtes et têtes, car ce sont uniquement les nobles filets qui sont acheminés vers les pays occidentaux) qu’ils font sécher dans des charniers grouillants de vers. Les têtes des poissons sont ensuite frites et vendues dans toute la région. Les femmes travaillant là sont atteintes de cécité qui est due à l’émanation de vapeurs d’ammoniaque.

- des enfants de moins de 10 ans, le plus souvent orphelins,  se battent entre eux pour une poignée de riz devenue hors de prix du fait des sécheresses successives dans le pays. Ils font fondre les emballages polystyrène venant du poisson pour sniffer afin de pouvoir dormir.

Après, nous nous étonnerons que les populations soient décimées par un soi-disant sida lui aussi bien lucratif… Le poisson devient un poison…(pour en savoir plus sur le sida : voir le site www.evolutionquebec.com , rubrique santé, article : l’histoire secrète du VIH). 

Ce film, avec aussi en toile de fond le trafic d’armes vers l’Afrique pour alimenter les guerres internes, la prostitution, la drogue, la maladie, etc. est à voir et à revoir. L’explorateur David Livingston se retournerait certainement dans sa tombe en voyant cela.

Que faire ?

 

Continuer à essayer d’alerter un maximum de personnes de bonne volonté, mais les lobbies sont puissants.

Même si nos anciens n’avaient pas, apparemment, nos connaissances technologiques, l’expérience des années et le bon sens leur avaient quand même appris certaines règles de base : écouter et respecter la nature par exemple. Nous nous souviendrons certainement longtemps de l’aventure de la monoculture du soja et de son utilisation en tant que produit non fermenté, aussi bien chez les animaux que chez les hommes.

La biodiversité, aussi bien chez les animaux (dont l’humain) que chez les végétaux doit rester la garante de l’équilibre planétaire.

Christian Bauer,

Ingénieur, naturopathe, thérapeute.

cbauer1@free.fr

http://la-marjolaine.skyblog.com