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Les hommes se prennent en main

Écrit par Irin News
21.01.2007
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RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE

BANGUI – Le jour où ils ont réalisé à quel point les hommes pouvaient mettre les femmes en danger face au VIH, des Centrafricains activistes de la lutte contre le sida ont décidé d’unir leurs forces pour convaincre leurs pairs de protéger les femmes.

Luc N’vendo-Mozialo assurait la permanence d’accueil et de conseil du Réseau centrafricain des personnes vivant avec le VIH (Recapev) avec d’autres activistes lorsqu’un jour de 2001, il a reçu des visites qui l’ont bouleversé.

«En discutant avec les (femmes) venues ce jour-là, on s’est aperçu que six d’entre elles avaient été infectées au VIH par le même homme, elles ne se connaissaient même pas entre elles», s’est souvenu M. N’vendo-Mozialo.

Avec d’autres hommes du Recapev, ils ont alors décidé de réagir et ont créé l’Association des hommes vivant avec le VIH (AHVV+).

«L’homme c’est le plus fort, il a tous les arguments pour convaincre la femme», a-t-il expliqué. «Nous nous sommes dit qu’il fallait amener nos pairs à changer de comportement sexuel, et qu’un homme était mieux placé pour le faire», ajoute-t-il.

La République centrafricaine, un pays ravagé par des années de conflits et qui figure parmi les plus pauvres de la planète, affiche un taux de prévalence de 10,7 %, selon les Nations Unies, ce qui en fait le pays le plus infecté par le VIH en Afrique centrale et le dixième au monde.

Les Centrafricaines sont plus touchées que les hommes par l’épidémie : selon le Programme commun des Nations Unies sur le sida, Onusida, les jeunes femmes âgées entre 15 et 24 ans sont cinq fois plus infectées que les hommes du même âge, en partie en raison de leur incapacité à imposer leurs choix sexuels.

Face à la situation, les membres de l’AHVV+ ont alors commencé à sensibiliser les hommes dans les entreprises, dans les institutions sanitaires et dans les centres de prise en charge du VIH ainsi que dans les communautés.

«Nous prodiguons aux hommes des conseils, nous leur parlons d’abstinence, de réduction du nombre de partenaires sexuels, nous les encourageons à faire le test de dépistage du VIH et nous leur expliquons comment gérer leur vie sexuelle en cas d’infection», a dit M. N’vendo-Mozialo, président de l’AHVV+.

Et comme ces discussions se passent «entre hommes», elles portent leurs fruits, a-t-il affirmé.

«Nous avions beaucoup de femmes séropositives qui tombaient enceintes contre leur gré avant de commencer notre sensibilisation, maintenant nous en avons moins», a-t-il dit. «Nous recevons aussi parfois des femmes qui viennent demander conseil. Récemment, l’une d’entre elles, séropositive, est venue nous demander de parler à son mari, nous l’avons fait.»

Selon M. N’vendo-Mozialo, les hommes qui viennent demander conseil et participer aux réunions d’informations hebdomadaires de l’association sont généralement issus de la classe moyenne.

«Les cadres de la classe supérieure, ceux qui ont beaucoup de moyens, nous approchent pour que nous venions les voir à domicile et les conseiller», a-t-il expliqué.

«Ces hommes, parce qu’ils disposent de moyens financiers plus importants que les autres, sont plus susceptibles de courir les femmes et d’avoir des relations sexuelles à risque», a-t-il précisé. «Nous leur conseillons de se limiter dans leurs aventures occasionnelles, de se protéger et de faire le test de dépistage du VIH.»

L’association, qui fonctionne grâce aux cotisations versées par ses adhérents et à quelques petits financements nationaux et internationaux, revendique aujourd’hui 186 membres, sans compter les nombreux sympathisants, séropositifs comme séronégatifs, dans plusieurs villes du pays. Elle compte ouvrir des antennes sur l’ensemble du territoire.

Au-delà de la volonté d’aider les hommes à modifier leur comportement sexuel pour réduire la vulnérabilité des femmes face à l’infection au VIH, il s’agit aussi, pour les membres de l’AHVV+, de se soutenir mutuellement et de vivre le mieux possible, dans un pays où l’accès aux anti-rétroviraux reste un privilège.

«Quand on est seul et isolé, le virus ne nous laisse pas de temps, mais quand on est ensemble, on peut vaincre le mal psychologiquement», a-t-il expliqué.

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