L'ambassade chinoise attaque la Célébration du Nouvel An chinois NTDTV

Écrit par Gilles Champoux, Collaboration spéciale
23.01.2007

 

 

 

Chaque année, la chaîne de télévision en langues chinoises New Tang Dynasty (NTDTV), basée à New York, produit un spectacle du Nouvel An chinois qui fait le tour du monde. Chaque année également, le régime de République populaire de Chine tente de l’en empêcher. L’événement culturel s’est bel et bien posé à Vancouver, Ottawa, Montréal et Toronto, mais l’ambassade de Chine s’est efforcée de le discréditer.

  • La Célébration du Nouvel An chinois NTDTV à Montréal(攝影: / 大紀元)

 

Après la représentation du 12 janvier à Ottawa, au Centre national des arts, l’ambassade chinoise a envoyé un communiqué au quotidien Ottawa Citizen, disant que le but du spectacle était de «répandre des rumeurs, de saboter les relations de la Chine avec des pays importants et de mener des activités anti-Chine.» La lettre poursuivait en disant que le régime chinois s’oppose «à quelconque participation des politiciens de quelconques pays à la Célébration du Nouvel An chinois

Cette tirade fait référence à l’envoi de lettre de salutations à NTDTV de la part du premier ministre, Stephen Harper, de la gouverneure générale, Michaëlle Jean, de plusieurs députés provinciaux et fédéraux et autres personnalités.

Après une soirée à guichets fermés, devant une foule de 2300 personnes qui a semblé grandement apprécier l’expression culturelle chinoise à travers danses et chants, le geste de l’ambassade chinoise a eu l’effet d’un pavé dans la mare pour le président de NTDTV Canada, Joe Wang. Mais cette perturbation n’aurait pas trop pris de court M. Wang, car il mentionne que ce communiqué de l’ambassade n’est qu’une partie de l’attaque organisée par le régime communiste chinois contre NTDTV et son spectacle du Nouvel An chinois.

Attaque

Dans une lettre datée du 4 janvier 2004, le consulat chinois de Toronto avait pressé le conseiller de la Ville de Toronto, Michael Walker, de ne pas assister au spectacle.

«Nous savons que la chaîne New Tang Dynasty Television va tenir un gala le 10 janvier 2004. Vous avez peut-être reçu une invitation pour le gala ou avez reçu une demande d’envoyer une lettre de salutations à cet événement», mentionnait la lettre. Après une salve de dénonciations à l’encontre de NTDTV, la lettre terminait en disant : «Nous espérons que vous allez manipuler cette invitation avec grande précaution et nous apprécierions votre compréhension de nos inquiétudes à ce sujet.»

D’autres personnalités et artistes invités ont reçu des lettres semblables. La joueuse de pipa renommée Liu Fang, qui devait originellement participer aux représentations montréalaises, a été menacée de ne pas pouvoir retourner en Chine si elle jouait dans le spectacle. Également, pour des raisons encore non élucidées, certains ministres québécois, devant assister à la Célébration ou ayant fait parvenir des lettres de salutations, se sont retirés à la dernière minute en fournissant des excuses standardisées et peu crédibles, selon les organisateurs montréalais.

Ailleurs dans le monde, Pékin a réussi à faire annuler le spectacle qui devait avoir lieu à Séoul, en Corée du Sud, en mettant de la pression sur le gouvernement. L’annulation de l’événement culturel a été dénoncée dans les médias coréens comme étant de l’«ingérence dans les affaires internes du pays». Pour mettre en relief l’attitude de soumission de la Corée du Sud envers la Chine, le Kyung Hyang Daily News a écrit dans un éditorial : «Notre pays est le seul pays libre qui ne permet pas la visite du Dalaï-lama, le chef spirituel tibétain.»

Selon Joe Wang, les problèmes de NTDTV avec le régime chinois proviennent de sa couverture non censurée de l’information concernant la Chine. La chaîne rapporte ouvertement sur la situation des droits de l’homme, la corruption, les luttes de pouvoir au sein du Parti communiste chinois, etc. Et contrairement aux médias chinois censurés, NTDTV aborde ouvertement la question de la persécution du Falun Gong, la pratique de méditation supprimée par Pékin depuis 1999.

NTDTV a été fondée en 2001 par des Chinois vivant aux États-Unis. La mission de l’entreprise est de fournir une alternative aux médias chinois contrôlés de près ou de loin par Pékin, par l’entremise des diverses missions diplomatiques.

New Tang Dynasty TV revendique être la première chaîne de télévision au monde à avoir rapporté sur l’épidémie de SRAS, plusieurs semaines avant que les autorités n’admettent le problème. Une de ses émissions, Zooming In, a reçu le prix de Meilleur reportage d’enquête accordé par New American Media, pour un documentaire sur la censure de l’Internet en Chine.

Depuis la création de la chaîne, la République populaire de Chine lutte pour lui couper l’herbe sous le pied. En 2003, le fournisseur satellite de NTDTV, New Skies Satellites (NSS), se pliait aux pressions du gouvernement chinois et cryptait le signal destiné à la Chine continentale pour qu’il ne puisse être capté par les téléspectateurs chinois. L’organisation de défense de la liberté de presse, Reporters sans frontières (RSF), avait alors émis une déclaration sur le sujet : «Le gouvernement chinois veut à tout prix maintenir son monopole sur les médias électroniques en chinois. Il est prêt à employer des méthodes déplorables telles que les menaces, les pressions politiques et économiques et le chantage. Il est également regrettable que certaines entreprises occidentales du secteur des télécommunications reculent face aux pressions chinoises et suspendent la diffusion de chaînes qui contestent le monopole du Parti communiste chinois (PCC) sur les ondes.»

Après avoir changé d’opérateur satellite, NTDTV a encore eu des problèmes causés par la pression du PCC avec son nouveau fournisseur Eutelsat. À la suite d’intenses négociations, un accord était conclu et le signal de NTDTV pouvait à nouveau être reçu en Chine, au grand dam de Pékin et à la réjouissance de RSF qui se «félicitait» de l’accord.

Mais la chaîne n’a pas toujours eu cette chance. En 2005, alors que le premier ministre de l’époque, Paul Martin, s’apprêtait à aller en Chine, deux journalistes de NTDTV voulant accompagner la mission s’étaient fait refuser un visa. Aussi, les bureaux de NTDTV, à Toronto, sont fréquemment victimes d’harcèlement : les employés se font crever les pneus de leurs voitures et la chaîne a reçu, à quelques reprises, des enveloppes contenant de la poudre blanche toxique.

Malgré ces obstacles, NTDTV poursuit ses activités et présente, en 2007, sa Célébration du Nouvel An chinois dans une trentaine de villes différentes. Après s’être arrêté à Montréal les 13 et 14 janvier, le spectacle se dirige aux États-Unis et traversera l’Atlantique à la fin février pour des représentations à Paris et Berlin.

Jason Loftus de Toronto a contribué à cet article.