Yusuf Islam: Le retour de Cat Stevens

Écrit par Adam Miller, La Grande Époque - Kansas
29.01.2007

 Le 11 décembre 2006 à Oslo, la Grameen Bank et Muhammad Yunus, surnommé

«le banquier des pauvres», recevaient le prix Nobel de la paix. Lors de

la cérémonie, Yusuf Islam, anciennement connu comme Cat Stevens,

chantait son classique de 1971, Peace Train. De plus, il a offert un

avant-goût de son prochain album An Other Cup, en performant Midday et

Heaven Where True Love Goes. An Other Cup est possiblement un des

albums les plus attendus de l'histoire de la musique pop; une trentaine

d'années se sont écoulées depuis sa dernière apparition chez les

disquaires.

  • Le chanteur britannique Yusuf Islam, connu sous le nom de Cat Stevens(Staff: MJ Kim / 2006 Getty Images)

 

Une des qualités les plus remarquables de l'album est qu'il est difficile de déterminer s'il s'agit réellement d'une nouvelle tasse, comme le suggère le titre, ou plutôt, on fait référence à une autre gorgée de la même bonne vieille tasse remplie de l'humanité de Cat Stevens.

Les fans de Stevens ne sont pas déçus puisque An Other Cup rappelle une époque où il a laissé une marque incontestable sur le monde avec sa musique sincère et paisible.

Il y a trente ans, son départ de l'industrie musicale, son changement de nom et sa conversion à l'islam ont été mal perçus. Tandis que plusieurs l'ont sévèrement critiqué, sa musique a certainement perduré, et il est de retour avec onze nouvelles créations.

Sur son site web, www.catstevens.com, Islam explique que «Le langage musical est simplement la meilleure façon pour moi de communiquer les puissants changements qui m'ont amené où je suis aujourd'hui et la paix qui circule toujours dans mon coeur.»

Avec An Other Cup, Islam établit en fait un lien avec son album de 1970, Tea for the Tillerman. Sur Tea for the Tillerman Stevens recherchait une Hard Headed Woman (une femme têtue) tout en progressant sur «le chemin de sa quête» (On the Road to Findout). Mais avec son dernier album, Islam déclare qu’il «pense voir la lumière» (I Think I See the Light).

Sa musique est translucide, remplie de rêves et d’aspirations à un monde meilleur qui sont à la fois contagieux et crédibles. Après tout, Islam est juste un homme simple qui chante pour la paix.

Alors que Midday, I think I see the Light et The Beloved sont résolument les jambes et les pieds de l'album, avec un rythme et un tempo soutenu, One Day at a Time est le coeur poétique de l'album, la chanson la plus sereine et touchante.

Islam est très conscient du pouvoir hypnotisant du refrain de Heaven/Where True Love Goes, lorsqu'il a choisi cette pièce comme premier extrait radio. Après quelques écoutes, le vers «I go where True Love goes» se répètera dans votre esprit comme un mantra.

D'autres chansons sont composées de souvenirs précieux du passé, comme When Butterflies Leave, basée sur un poème du poète perse du 13e siècle, Jalaluddin Rumi. Islam creuse même dans son propre coffre-fort historique avec Greenfields, Golden Sands, originalement écrit en 1968.

À la surprise générale, Islam réinterprète le morceau Don't Let me be Misunderstood, composé par The Animals, comme lettre ouverte au monde au sujet des critiques que l'on lui a faites par le passé. Il chante: «But I'm just a soul whose intentions are good (Mais je suis juste une âme qui a des bonnes intentions)», laissant l'auditeur bouche bée. Ses bonnes intentions l'ont poussé à faire du travail humanitaire, dont l'ouverture de trois écoles musulmanes à Londres. Il dirige aussi l'organisation charitable Small Kindness, qui est très active en Albanie, en Bosnie, en Indonésie, en Irak, au Kosovo, au Monténégro et au Pakistan. Small Kindness aide les victimes de la guerre en leur fournissant du soutien à des coûts minimes tout en utilisant les ressources humaines locales.

Dans sa vie passée sous le nom de Cat Stevens, sa musique nous posait des questions fondamentales telles que «pourquoi sommes-nous ici?» et «que faisons-nous?». En tant que Yusuf Islam, il se pose toujours des questions importantes tout en retrouvant des réponses qu'il nous sert modestement dans cette autre tasse.