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L'exode des cerveaux canadiens ralentit

Écrit par Omid Ghoreishi, La Grande Époque
04.01.2007
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Une recherche démontre que moins de professionnels canadiens vont travailler aux États-Unis

Tout au long de la deuxième moitié des années 90, la Canada s’efforçait tant bien que mal de ralentir la fuite de milliers de professionnels à la recherche de meilleurs salaires vers les États-Unis. Néanmoins, une étude publiée récemment indique que non seulement l’exode vers les États-Unis diminue, mais plusieurs cerveaux «Made in Canada» sont en fait revenus au bercail.

Dans les années 90, une étude de Statistique Canada démontrait qu’un petit pourcentage de diplômés d’établissements scolaires canadiens partait s’établir aux États-Unis. Ceux qui s’en allaient étaient souvent au sommet de leur champ de compétence dans des secteurs clés.

Une autre étude provenant de la même source révélait que les médecins, les infirmières, les ingénieurs et les scientifiques étaient excessivement représentés parmi ceux qui déménageaient de façon permanente au sud de la frontière.

Le nombre de travailleurs quittant le Canada a atteint son apogée en 2000, alors qu’approximativement 27 000 avaient déménagé.

«À la fin des années 90, il y avait à la fois l’essor technologique aux États-Unis, le très faible taux du dollar canadien et la croissance relativement faible de l’économie canadienne. Nous avions définitivement eu un exode des cerveaux», affirme M. Richard Harris, professeur d’économie à l’Université Simon Fraser. «Je me souviens d’avoir tenté d’embaucher du personnel universitaire, nous ne pouvions pas concurrencer les salaires américains, alors c’était tout simplement impossible.»

La situation était particulièrement peu reluisante dans le secteur médical. Statistique Canada a annoncé que le nombre de médecins émigrant aux États-Unis avait passé de 150 par année à la fin des années 80 à 450 par année en 1996 et 1997. Le nombre d’infirmières s’en allant vers le sud avait augmenté de 330 à 825 par année.

«Un grand nombre de médecins et d’infirmières ont quitté dans les années 90 parce que le système de santé au complet subissait des compressions dans les dépenses», raconte Dr Ross Finnie, un professeur d’économie et de politique publique à Queen’s University.

Cependant, une étude du Dr Finnie, publiée par Statistique Canada récemment, démontre que l’exode des cerveaux vers les États-Unis a considérablement diminué ces dernières années. Le phénomène pourrait être attribuable à une diminution de l’essor de la haute technologie dans les deux pays ainsi qu’à la reprise de l’économie canadienne. Grâce aux prix élevés du pétrole et des matières premières canadiennes, la valeur du huard s’est élevée par rapport au dollar américain.

Côté politique, le gouvernement fédéral a augmenté ses investissements dans la recherche et le développement et injecte des sommes plus élevées dans le domaine des soins de santé.

L’étude du Dr Finnie révèle qu’en 2003 l’exode des Canadiens avait diminué d’environ 15 000. Ceux qui partent sont probablement des personnes à hauts revenus vivant en milieu urbain et âgés entre 25 et 34 ans. Selon le rapport, la probabilité de quitter le pays est proportionnelle à l’importance du revenu, particulièrement pour des revenus annuels dépassant 100 000 $.

Pour ce qui est de l’exode des cerveaux dans le secteur médical, un rapport publié le mois dernier par l’Institut canadien d’information sur la santé a démontré un renversement de la tendance. En 2004 et en 2005, le nombre de médecins revenant au Canada dépassait celui de ceux qui quittaient.

Ceci pourrait être la conséquence des revenus plus élevés pour les médecins. Un sondage récent du National Review of Medicine dévoile que 41 % des médecins canadiens ont vu une augmentation de leur revenu brut en 2005, comparativement à 33 % en 2004. Seulement 14 % ont rapporté une baisse de leur revenu brut, ce qui est 21 % de moins que l’année précédente.

«La réalité est que l’ampleur des réductions dans ce domaine [médical] était assez substantielle durant la dernière moitié des années 90, et a eu un effet domino», explique le directeur de l’école des études de politiques à Queen’s University, Dr Arthur Sweetman. «Mais ces dernières années, il y a eu beaucoup d’argent versé à nouveau dans les soins de santé», conclut-il.

L’étude de Statistique Canada a noté que même si le nombre total de Canadiens revenant de l’étranger est relativement bas, le taux de retour a été à la hausse au cours des dernières années. En fait, le nombre de Canadiens revenant au pays est maintenant le double de ce qu’il était au début des années 90.

«Les gens reviennent. Les gens partent ou reviennent selon ce qu’ils pensent du Canada», commente Dr Sweetman. «Lorsque les gens pensent à l’endroit où ils veulent vivre, ils pensent à un paquet d’éléments; ils pensent à l’argent qu’ils font, à la qualité du travail, à la qualité des écoles pour leurs enfants, aux bons emplois pour leur conjoint ou partenaire. Ils pensent à la qualité de vie», développe-t-il.

Ekua Yorke, étudiant en première année de médecine à l’Université d’Alberta, évoque les mêmes points de réflexion en faisant remarquer qu’il y a d’autres considérations que l’argent quand vient le temps de décider où vivre.

«J’ai reçu mon éducation ici, alors je sens que je devrais donner en retour, spécialement en considérant qu’il y a une pénurie de médecins, nous confie le jeune étudiant, Aussi, j’aime le style de vie au Canada, j’aime la façon dont nous vivons… J’apprécie la qualité de vie que j’ai au Canada et je ne voudrais pas changer cela.»

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.