Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

L’économie souterraine prospère dans le monde entier

Écrit par Heide B. Malhotra, La Grande Époque-Washington
12.10.2007
| A-/A+

 

  • Un vendeur de pastèques à Pékin en Chine(攝影: / 大紀元)

Plus de 50% de latino-américains, 78 % des africains (sud-africains y compris), 65 % des asiatiques – à l’exclusion de ceux qui travaillent dans l’agriculture – travaillent sur ce «marché gris». L’économie souterraine se rapporte généralement aux entreprises qui échappent aux lois d’un pays en ne payant pas d’impôts, refusent d'offrir des avantages aux employés, ne respectent aucun règlement relatif aux conditions de travail, de salubrité ou de sûreté, ou violent les brevets et les règles du copyright international. Cette économie inclut le commerce de voisinage, les kiosques de journaux, les marchands ambulants, les petites sociétés de construction ou les petits ateliers de réparation de voitures. Nombre d'individus indépendants tels que le personnel de nettoyage, de garde d'enfants, jardiniers, conducteurs de pousse-pousse sont également considérés comme appartenant au «marché gris».

Ces récentes statistiques publiées par la Banque Mondiale et l’International Development Research Center (IDRC) représentent seulement des estimations de ce marché informel puisqu’il est difficile d’évaluer précisément  son ampleur. IDRC a indiqué que s'il était possible de rassembler des données réelles en Inde, en Chine et dans un certain nombre d'autres pays de sud-est asiatique, le pourcentage estimé des ouvriers travaillant «au gris» en Asie serait très probablement beaucoup plus élevé.

Selon une estimation faite en 2002 par Women in Information Employment : Globalizing and Organizing (WIEGO), organisation de recherche à but non lucratif basée à l’université de Harward, plus de 90 % de la main-d’œuvre en Inde étaient des travailleurs sur le «marché gris». Bien que ce résultat souligne l'existence de l’économie souterraine dans les régions où la majorité de la population est pauvre, rien ne permet de conclure que ce marché n’existe pas en Amérique ni en Europe. Les évaluations suggèrent que 30 % de gens aux Etats-Unis et 25 % en Europe sont actifs sur ce marché parallèle au marché officiel, en tant qu’ouvriers de rénovation, personnel d’entretien domestique ou professeurs privés.

Un marché de niche vite rempli

L’économie souterraine est une niche qui échappe au fisc et à la surveillance des autorités gouvernementales. WIEGO appelle ces personnes travaillant «au gris», les «travailleurs de pauvreté». Le plus grand groupe sur ce marché informel sont les gens qui travaillent en dehors de chez eux, suivi des marchands ambulants, selon des données de WIEGO. «Le secteur de l’économie souterraine est composé de courageux micro-entrepreneurs qui ont choisi d'opérer officieusement afin d'éviter les coûts, temps et obligations d'enregistrement formel», résume Hernando de Soto, économiste péruvien.

S'il y a un marché pour un produit ou un service, le vide sera vite comblé. Les produits offerts par ces entreprises fonctionnant «au gris» coûtent souvent moins que leurs homologues officiellement établies, grâce à de moindres dépenses de fonctionnement et moins d'impôts.

D'autres, cependant, arguent qu’en raison de la non existence de réglementation de l’activité de ces entreprises, la qualité de leurs produits ou de leurs services peuvent en pâtir.

D’un autre côté, les marchands ambulants latino-américains, et beaucoup de conducteurs indiens et chinois de pousse-pousse ont formé des associations commerciales. Ainsi, les marchands ambulants du Mexique ont formé une union abrégée comme FNOTNA CROC, et les marchands ambulants du Nicaragua ont également formé la Confederación de Trabajadores por Cuenta Propia.

Entrepreneurs à échelle réduite

Les marchés « gris » existent en raison de ce que les économistes appellent des imperfections du marché. L’une des premières raisons de leur existence est que les personnes ayant de faibles revenus doivent acheter la nourriture et d'autres produits, mais que la plupart des entreprises établies ne veulent pas entrer ou fonctionner dans ce secteur à faible revenu, car la profitabilité n’est pas suffisante.

D’après les recherches sur l’économie souterraine, les activités «au gris» prospèrent surtout dans les pays où les impôts sont élevés, les systèmes d’application légaux faibles et une grande proportion de personnes pauvres. Pourtant, la réalité est que les entreprises souterraines prospèrent autant dans les pays riches que pauvres.

Dans la plupart des pays latino-américains, «les règlements, les lois du travail contraignantes et un labyrinthe administratif font que l'environnement des affaires en Amérique latine est difficile pour les entreprises respectueuses des lois», dit Roberto Fantoni du bureau de McKinsey à Sao Paulo au Brésil. Pour créer une activité au Brésil, cela prend en moyenne 152 jours, soit trois fois plus longtemps que n'importe où ailleurs dans le monde. Obtenir un permis de construire et commencer un entrepôt prend 460 jours comparé à un délai compris entre 5 et 69 jours aux Etats-Unis. Enregistrer une entreprise prend 21 jours au Nigeria, comparé à 3 jours en Finlande. En moyenne, les créanciers des entreprises en faillite en Inde reçoivent 13 cents pour chaque dollar dû, tandis qu'au Japon ils reçoivent en moyenne 90 cents par dollar.

L’économie souterraine existera tant que les règlements et les coûts pour créer et faire fonctionner une activité «étoufferont les entreprises privées» déclare Soto. Dans les pays d’Amérique du sud, les pays asiatiques et africains, les sociétés établies légalement font toujours appel à ceux qui fonctionnent dans l’économie souterraine.

Miguel Angel Centeno et Alejandro Portes, professeurs à l'université de Princeton, soulignent dans l’étude L'économie souterraine dans l'ombre de l'État que les entreprises vont rester inventives et trouveront des moyens pour déjouer les lois et les règlements. Ces entreprises sous-traiteront une grande partie du travail à de petites entreprises sur le marché «gris».

Economie souterraine prospère aux Etats-Unis

Vouloir payer comptant pour un travail effectué afin de réduire les coûts est un phénomène commun en Amérique du Nord autant qu'en Asie, en Afrique ou en Amérique latine, selon le livre L'économie souterraine des pauvres urbains de Sudhir Alladi Venkatesh, professeur à l'université de Colombie. Le pauvre d'Amérique a établi une économie souterraine prospère basée sur les affaires en argent comptant, les accords oraux et d'autres formes qui ne sont pas facilement décelables, suggère Venkatesh après avoir fréquenté les ghettos de Chicago et de New York. «Les établissements souterrains fournissent une épine dorsale pour tous les aspects de l'entreprise locale, allant des prêts et des crédits à la publicité», a dit Venkatesh dans son livre, d’après la critique de Frances Crowe, remarquable activiste américain pour la paix.

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.