Histoire du musée Edgar Clerc de la Guadeloupe.

Écrit par Suziloo, La Grand Époque - Guadeloupe
13.10.2007

  • Le musée Edgar Clerc(攝影: / 大紀元)

 

Le musée  départemental de  la préhistoire de la Guadeloupe a été construit au lieu dit « La Rosette » sur la commune du Moule.  Il se situe en Grande Terre, à l’emplacement d’un ancien camp pour militaires. Fondé  à la fin des années 1970  sur les conseils d’Edgar Clerc,il a pour architecte Jack Berthelot,qui trace donc les plans d’un musée important.

Edgar Clerc est né en Martinique  le 4 octobre 1915 et est décédé le 21 juin 1982. C’est un passionné d’archéologie et d’histoire précolombienne. En 1957, il commence des fouilles à Morel, non loin de l’usine Gardel. Dans l’année  1964, il publie les résultats de ses recherches dans le second numéro du Bulletin de la Société d’Histoire de la Guadeloupe. En 1965, avec la société  d’Histoire de la Guadeloupe dont il a été un président et l’un des membres fondateurs le 12 juillet 1963, il présente la première grande exposition précolombienne en Guadeloupe. Des parures et de l’outillage,  des  coquillage ainsi que des poteries ornées des Arawaks et des Caraïbes. Cette exposition révélait aux Guadeloupéens que leur pays avait une grande histoire précolombienne. Edgar Clerc continue ses recherches.

 

Edgar Clerc, un inventeur et généreux donateur

Il explore  les côtes de la Grande Terre. Il sonde toutes les plages. Il établit la carte archéologique complète de l’île et de ses dépendances.  Il devient alors le deuxième président de la Société d’Histoire de la Guadeloupe en 1965. Le 25 Mai  1972, le ministère  de la culture  crée une circonscription archéologique en Guadeloupe et lui en confie  la direction.

Cette nomination le conduit à restituer à la collectivité un héritage amérindien, il offre donc toute sa collection au Conseil général. Le musée Edgar Clerc possède un fonds important, constitué par la collection Edgar Clerc  qui s’est enrichie de dons.

 En hommage à la générosité d’Edgar Clerc, le musée départementale  de la préhistoire, inauguré le 4 août 1984 ,reçoit le nom  « Musée Edgar Clerc ». Depuis l’ouverture du musée, des travaux ont été effectués , fournissant plus d’espace d’exposition. Le dépôt de fouilles de la circonscription archéologique, bâtiment appartenant à l’Etat ,pourrait être affecté au musée afin de devenir une salle d’animation. Pour ensuite devenir un lieu d’exposition temporaire ainsi qu’un local d’hébergement pour les chercheurs de passage.

Une exposition de l’histoire amérindienne intéressante

 Cette exposition  est une initiation à l’archéologie amérindienne en Guadeloupe.  Vous pourrez voir la chronologie  et les styles des  céramiques amérindiennes à l’époque précolombienne ; les parures et peintures corporelles,  les pierres à trois pointes, les outils agricoles. Puis la maquette d’une fouille archéologique, des sépultures amérindiennes et bien d’autres choses encore.

Dans l’enceinte du musée, un auditorium  projette un documentaire sur les fouilles du port maritime de Basse Terre. À l’extérieur,  le parcours du jardin amérindien est une promenade agréable  avec le dépôt des fouilles et le jardin médicinal.

Brève chronologie de la culture amérindienne de la Guadeloupe

Au moment de la découverte du Nouveau monde, les Taïnos occupaient les Grandes Antilles et les Kalina ou Caraïbes insulaires, avaient comme territoire les Petites Antilles. Les Taïnos avaient entrepris une expansion en direction de nord des Petites Antilles peu avant l’arrivée des Espagnols. Dans le même temps, les Caraïbes lançaient leurs expéditions guerrières chez les Taïnos au nord et chez les Allouagues du continent. On peut brièvement diviser la préhistoire de la Guadeloupe en deux périodes. La première période  correspond à l’occupation de l’ile par des chasseurs  nomades. Venus par petits groupes du Venezuela via Trinidad, ces nomades remontèrent vers le nord de l’archipel des Petites Antilles. Ces tribus dites précéramiques vivent de la capture de petits rongeurs terrestres, de la chasse, de la cueillette des plantes, de fruits sauvages et de coquillages (lambis). Ils n’ont laissé que peu de traces. C’est une culture précéramique tardive (1000 à 800  avant J.C) à laquelle on attribue de grandes haches de pierre trouvées, en dehors de tout contexte archéologique, à l’intérieur des terres en Grande Terre(Guadeloupe). Cette période s'étend entre 800 et 700 avant J.C.  dans les îles proches du  nord de la Guadeloupe.

L’âge de la  céramique  aux Petites Antilles

Il débute  avec l’arrivée de groupes d’agriculteurs pêcheurs originaires  de l’intérieur des terres du continent sud américain. Ils cultivent certaines plantes alimentaires, dont le manioc ( Manihot utilissima Pohl). Ce sont les « Huécoïdes » (500 avant J.C et 100 après J.C), gisement archéologique de référence à l’ile de Viecques prés de Porto Rico. En Guadeloupe des traces d’occupations ont été découvertes. Les vestiges huécoïdes ont été datés d’environ 450 avant J.C, ce qui en fait les céramiques les plus anciennes de toutes les Antilles. Les traces se perdent vers 100 après J.C à Porto Rico.

Les Arawaks ou « Saladoïdes » (0 à 800 après J.C)

Les recherches archéologiques  au Venezuela ont montré que vers 1500 avant J.C, des communautés villageoises quittent le haut delta de l’Orénoque, pour descendre  vers l’embouchure du fleuve. Ces gens du Saladero, les « Saladoïdes », arrivés sur la côte, passent à Trinidad vers 300 avant J.C, naviguent jusqu’à Grenade et remontent l’archipel des Petites Antilles, une ile après l’autre. Ils sont donc déjà en Guadeloupe au tout début de l’ère chrétienne. On estime que de nombreux « pétroglyphes »ou roches gravées de la région de Trois Rivières se rattachent à cet horizon culturel.

Il faut savoir que l’on utilise le terme « d’horizon culturel » en archéologie pour définir un moment du développement d’une culture dans ce qui constitue ses manifestations les plus caractéristiques pendant une période donnée.

L’horizon saladoïde modifié (400 à600 après J.C)

La culture saladoïde installée, elle poursuit donc son évolution. Elle se manifeste  par des techniques d’ornementation de la céramique et des changements dans les habitudes alimentaires. Vers 400 après J.C les vases saladoïdes sont peints selon la technique  dite « blanc et rouge ». L’existence des parures, d’outils en coquillages, montre que les Saladoïdes ont découvert au début de cet horizon les coquillages pour les consommer et les utiliser  comme matière première à  travailler. Ces vestiges  se retrouvent aussi bien en Grande Terre qu’en Basse Terre (Guadeloupe), ainsi que l’île de Marie- Galante. Nous pouvons  trouver aussi pendant cette période d’horizon saladoïde modifié les « pierres à trois pointes ». Ces objets de forme triangulaire ont d’abord été taillés dans du coquillage avant d’être sculptés dans des pierres volcaniques.

L’horizon saladoïde terminal (600 à 800 après J.C)

Période archéologique  avec l’apparition dans les couches archéologiques de platines à manioc à trois pieds,qui est à ce jour encore mal connue et sujette à des interprétations divergentes entre archéologues.

Les Saladoïdes aux Grandes Antilles.

Arrivés aux Grandes Antilles, à Porto Rico, peu avant l’ère chrétienne sur les traces  des Huécoïdes, les Saladoïdes insulaires  occupent l’île. Ils passent ensuite à St Domingue.Ils suivent la même évolution que les Saldoïdes des Petites Antilles. La période qui correspond à l’horizon saladoïde terminal n’est pas interrompue à Porto Rico par l’arrivée de la culture caliviny. Elle porte le nom d’Ostionoïde, en référence au gisement de Punta Ostiones. Le passage au style ostionoïde a dû s’effectuer à cause de l’arrivée et sous l’influence probable d’habitants des Petites Antilles, perturbés par les raids de ceux qui allaient s’avérer être les Caliviny. L’horizon Ostionoïde au terme de son évolution, donne naissance à la civilisation « Taïnos ». Ce sont des lointains descendants des Saladoïdes de la Guadeloupe que rencontre Christophe Colomb aux Lucayes, les Bahamas actuelles, au cours de son premier voyage de découverte.

Les Caraïbes insulaires ou Kalinas

Les Caraïbes insulaires sont décimés en Guadeloupe dès les vingt premières années de la colonisation. En Guadeloupe, dans la région de l’Anse Bertrand, quelques Caraïbes venus de la Dominique y vivaient encore à la fin du 19e siècle, prés de la Pointe de la Grande Vigie à l’habitation Budan. De nos jours les descendants des Caraïbes vivent à la Dominique. Ils vivent dans un territoire réservé qui leur a été concédé par les Anglais en 1903. Vers 1940, quelques hommes âgés parlent encore la langue de leurs ancêtres. Des travaux du Père Delawarde et de l’anthropologue anglais Douglas Taylor ont permis que soient conservés certains de leurs récits et de leurs coutumes qui ont presque tous disparu depuis.

Remercierments à Mme Guimaraes Directrice du musée Edgar Clerc pour son aide très précieuse. Documents (1996) de Mr Henry Petit Jean Roget, Docteur en préhistoire, Conservateur en Chef du Musée Edgar Clerc.