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Déceler les signes annonciateurs d’un génocide et déclencher une action des Nations unies

Écrit par Noé Chartier, La Grande Époque – Montréal
15.10.2007
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  • Le prince Zeid Al-Raad de Jordanie au centre.(攝影: / 大紀元)

Les génocides sont précédés de signes annonciateurs nous permettant d’agir avant qu’il ne soit trop tard. Mais dans le présent système international, où les décisions du Conseil de sécurité de l’ONU sont affectées par les intérêts égoïstes de ses membres permanents, et le fait qu’un «génocide» doit être défini par un tribunal, la communauté internationale est souvent prisonnière de ses divisions et propres règles et devient impuissante. Avons-nous seulement besoin de bonne volonté politique? Avec les présentes structures, il semble que nous soyons effectivement incapables de réagir rapidement.

C’est sur ce grande problème que des experts ont discuté, le 12 octobre dernier, dans la conférence Signes annonciateurs et déclenchement de l’action des Nations unies, au sein de la Conférence mondiale sur la prévention du génocide de l’Université McGill.

Peter Leuprecht, directeur de l’Institut d’études internationales de Montréal de l’UQAM, présidait la conférence. Il a soulevé les questions «Qui, ou quelle entité, devrait avertir de ces signes annonciateurs?» «Et si vous avez un bon informateur, sera-t-il victime?»

L’intervention militaire est un sujet critique en matière de prévention des génocides.

Selon Juan Méndez, qui était le conseiller spécial des Nations unies pour la prévention des génocides de 2004 à mars 2007, «l’intervention militaire peut faire beaucoup plus de mal que de bien… mais, parfois, c’est la seule manière de sauver des vies».

M. Méndez a élaboré sur divers problèmes qui empêchent d’agir. Tout d’abord, il y a une absence de volonté politique qui, selon lui, doit être «construite, formée». Aussi, lorsque la présence de l’ONU sur le terrain est faible, il est difficile de déceler les signes annonciateurs. Il a donné l’exemple de l’UNICEF qui peut hésiter à rapporter certaines situations, de peur d’être expulsé du pays.

Alors qu’on tergiverse souvent à savoir si une situation peut être qualifiée de «génocide» ou pas, M. Méndez a dit que «le génocide n’a pas à être déterminé par un tribunal». «Pour le Darfour, nous discutons sans cesse à savoir s’il s’agit d’un génocide ou pas, au lieu de discuter sur la manière d’intervenir», a-t-il critiqué. «Nous avons échoué misérablement dans le cas du Darfour […] nous avons laissé Khartoum faire son chantage», déplore M. Méndez.

Le prince Zeid Ra’ad Zeid Al-Hussein, ambassadeur de Jordanie aux États-Unis et ex-représentant permanent de la Jordanie aux Nations unies, a apporté une critique sévère au système onusien, dans son incapacité à agir lorsqu’il en avait les moyens. «À Srebrenica, nous avions tout à notre disposition. Même quand nous aurions pu faire quelque chose, nous n’avons rien fait.» Environ 8.000 mâles bosniaques ont été tués en 1995 à Srebrenica, alors que les Casques bleus de l’ONU étaient tout près.

Le prince Zeid déplore surtout qu’«aucun diagnostic poussé n’a été fait sur ce qui a mal tourné».

Au sujet des signes annonciateurs d’un génocide, il croit que «ce que nous avons besoin est d’une entité qui pourrait [analyser] les mauvaises idéologies, les leaders charismatiques…», de même que des mécanismes pour informer le secrétaire général de l’ONU.

Il a surtout déclaré: «Nous n’irons nulle part avec le système onusien tant que nous ne placerons pas les victimes au centre [des préoccupations].»

Gay McDougall, directrice exécutive de l’ONG Global Rights et experte indépendante de l’ONU sur les questions relatives aux minorités, a insisté sur le besoin d’agir tôt. «Au moment où c’est devenu une crise, les massacres, alors les options qui restent […] sont extrêmement limitées, compromettent les principes et sont non durables, incluant l’intervention militaire.»

Selon elle, certaines choses peuvent être faites au niveau de l’ONU pour agir sur les signes annonciateurs et non sur le génocide qui s’ensuit. Tout d’abord, il doit y avoir un plus fort appui politique des recommandations des mécanismes des droits de l’Homme. Ensuite, la communication entre le siège des Nations Unies à New York (où il y a l’Assemblée générale) et celui de Genève (où il y a le Conseil des droits de l’Homme) doit être facilitée. En d’autres mots, Mme McDougall, tout comme plusieurs autres experts participant à la conférence, a souligné qu’il y a un sérieux manque de communication entre les différents organes de l’ONU, rendant très difficile toute tâche préventive.

Et c’est sur cette prévention qu’il faut insister, ont martelé les conférenciers. «Les gens disent “Mais ce n’est pas un génocide”», a donné en exemple M. Méndez. «Le paradigme n’est pas l’Holocauste, ce n’est pas le Rwanda. Si [tel est le paradigme], alors nous ne pouvons faire de prévention.»

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