Festival interculturel du conte du Québec

Ce samedi 20 octobre, au Gesù, avait lieu la grande nuit du conte, spectacle d’ouverture du Festival interculturel du conte du Québec. Le spectacle était diffusé simultanément en audio sur Internet sur la page du site du festival. Un rendez-vous rassemblant différentes appartenances culturelles et se voulant ouvert sur la transmission des valeurs promulguées par ces récits empreints d’une ouverture d’esprit manifeste!

Quel précieux voyage offre ici le conteur au public! Dans le cadre de ce festival interculturel, les conteurs de diverses origines nous convient à un mariage heureux entre l’héritage de leur pays et la modernité. Cela se vit d’autant plus fort que le désir de transmission culturelle l’emporte sur la fierté nationaliste qui semblait parfois planer sur ce mode d’expression propre au conte. Or, au Gesù, on sentait bien la liberté prise par rapport à la culture d’origine pour qu’en émane une sensibilité universelle.

C’est un avant-goût très prometteur du grand succès que mériterait un tel festival. Dans une salle comble, un public chaleureux et interactif réagissait avec humour, ponctuant chaque passage de fiévreux applaudissements. Kim Yaroshevskaya, porte-parole du festival, avec cette fragilité digne qui lui sied si bien, démarra la soirée avec des contes courts, ficelés à la perfection. Un frisson d’admiration semblait balayer la salle. Le guitariste Denis Poliquin l’accompagnait en toute sobriété.

Étaient de la soirée, les conteurs Danielle Brabant, Jean-Marc Massie, Nadine Walsh et Jean-Marc Châtel du Québec. Dans une couleur propre à chacun, les contes de légendes étaient revisités avec une fougue bien contemporaine. Il en allait tout aussi bien des artistes étrangers à l’affiche ce soir-là : Chirine El Ansary (Égypte), Sylvain Cebron de Lisle (Bretagne), Jihad Darwich (Liban), Moïse Fdida (France/Tunisie), Pascal Mitsuru-Guéran (Belgique/Japon) Manfeï Aubin (Côte d’Ivoire) Fiona Mcleod (Écosse). L’énergie et la répartie honoraient chaque artiste, nous donnant envie d’en voir davantage. Cela tombe à point nommé, puisque chacun d’eux a d’autres représentations prévues pendant le festival.

Pour ceux qui sont intéressés aux œuvres littéraires que produisent les conteurs, bon nombre de publications sortent cette année, dont celle d’Alain Lamontagne qui animera la soirée de fermeture du festival (consulter les détails sur le site). À paraître, le 8 novembre, Alain Lamontagne et, le 28 octobre, le livre-DVD du musicien et conteur Jean-Marc Massie Montréal démasquée. Massie est également directeur littéraire de la collection Paroles des Éditions Planète Rebelle. L’univers du conte se développe à merveille et il est grand temps de constater les répercussions palpables de la forme de discours propre au conte contemporain.

Une ambiance de convivialité agrémentée d’une clairvoyance sur la réalité se dégage de la grande nuit du conte. Nuit que le directeur artistique, Marc Laberge, préférait présenter plus tôt «parce qu’on vieillit […] C’est moins motivant qu’avant de finir à 5 heures du matin», a-t-il expliqué, appuyé des rires de la salle. Ce dernier ajoutait en entrevue avec Paul Journet : «La meilleure façon de s’intéresser à l’autre, c’est de l’écouter.» Effectivement, les conteurs qui participent au festival ont ce point en commun – peut-être le seul, mais le plus salutaire – celui de choisir des récits qui, à la fois, semblent traverser des siècles de tradition orale et sont empreints de mordant sur la situation du monde actuel.

Nous aimerions avoir ces conteurs sur notre route dans les moments charnières de notre parcours d’humain. Mieux qu’un conseil d’ami, une voix de l’image offrant une parenthèse aux tourments; une effervescence de l’existence.

Festival interculturel du conte du Québec

9e édition

Du 19 au 28 octobre 2007

140 spectacles à l’affiche

[www.festival-conte.qc.ca]