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Après les moines birmans, ceux du Tibet goûtent à la répression, encore

Écrit par Noé Chartier, La Grande Époque – Montréal
30.10.2007
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  • Les Tibétains célèbrent le 17 octobre à Lhassa (攝影: / 大紀元)

Éliminer les caméras, empêcher l’accès aux journalistes et couper Internet, voilà une formule moderne garantissant le succès d’une répression. La junte militaire birmane, qui a sévèrement réprimé les requêtes démocratiques de sa population le mois dernier, a appliqué ce principe un peu trop tard, permettant à des images poignantes de faire le tour du monde en quelques instants et de susciter la colère d’une partie de la communauté internationale. L’assassinat à bout portant d’un reporter japonais, le sabotage d’un câble Internet sous-marin, les attaques contre les sites web dissidents, le ciblage des gens ayant des appareils photo ou vidéo et l’interdiction aux journalistes d’entrer au pays et d’exercer leur métier ont vite fait de couper les liens qui s’étaient tissés avec l’extérieur. Il est depuis très difficile d’obtenir des informations crédibles ou d’en vérifier d’autres.

Dernièrement au Tibet, cette même absence de relais d’information a fait qu’une répression de la population locale par le régime communiste est passée pratiquement sous tous les radars. Tandis que différents gouvernements occidentaux et ONG faisaient pression sur la Chine pour qu’elle mette son poids dans la balance pour aider à régler la crise en Birmanie, elle-même gérait ses problèmes internes manu militari. Comme l’a expliqué le Dalaï-lama – en des termes plus «bouddhistes» – lors de sa visite récente aux États-Unis, c’est la Chine qui est l’experte de la répression des moines. Donc, le traitement des moines birmans par la junte militaire ne lui rappelle que le traitement de son propre peuple aux mains des soldats chinois qui occupent le Tibet depuis 1959.

Le 17 octobre, le chef spirituel tibétain recevait, à Washington D.C., la plus haute distinction civile du Congrès américain, ce qui a provoqué l’ire des autorités chinoises, qui leur est habituelle lorsque quiconque «ose» entrer en contact avec le moine le plus célèbre du monde accusé, par Pékin, d’être un dangereux «séparatiste». Les dirigeants communistes avaient-ils pressenti l’impact qu’une telle décoration pourrait avoir dans les hauts plateaux himalayens?

Malgré le blocage des médias occidentaux et un cas rapporté de confiscation des antennes satellites, la nouvelle de la décoration du Dalaï-lama est parvenue aux Tibétains, et ces derniers ont décidé de célébrer l’événement.

Selon l’organisation International Campaign for Tibet (ICT), dont l’acteur américain Richard Gere est président du conseil d’administration, la police aurait réprimé par la force les célébrations des Tibétains. Des postes de contrôle routiers auraient été mis en place aux abords de Lhassa, selon des sources locales, et la ville «serait envahie de policiers». Un des plus grands monastères, le Drepung, aurait été scellé par 3000 policiers armés, emprisonnant un millier de moines et de civils à l’intérieur. Il y aurait eu violences et arrestations. On décrit la situation comme un «état de loi martiale», une situation quasiment jamais vue depuis la répression de 1989.

Depuis le communiqué d’ICT du 23 octobre, aucune autre information n’a été publiée sur Internet par rapport à cette situation. Il est impossible de savoir si le climat de «loi martiale» perdure ni de connaître le nombre de blessés ou de personnes arrêtées. ICT n’a pas répondu à notre demande de précisions.

Le Comité Canada-Tibet a été avare de commentaires et n’avait aucune information à donner sur le sujet, déclarant que ses efforts étaient «dédiés à 150 % à la visite du Dalaï-lama à Ottawa [le 28 octobre]».

Un appel au Département d’État américain n’a pas été retourné.

Étudiants pour un Tibet libre n’avait rien à signaler de nouveau, se rapportant au même communiqué d’ICT.

L’absence de médias étrangers sur les lieux semble avoir donné un bon coup de main aux autorités chinoises.

La liberté religieuse étant inexistante, ces gestes de respect envers le Dalaï-lama ne peuvent être tolérés par les autorités, ce qui explique la réponse musclée de Pékin. Cela démontre tout de même qu’en dépit des interdictions et des campagnes de diffamation visant le chef spirituel tibétain – qui avaient pris de l’ampleur avant sa visite aux États-Unis – son autorité demeure et il est encore considéré par grand nombre de Tibétains comme leur chef légitime, malgré près d’un demi-siècle d’exil.

Cette nouvelle vague de répression correspondait également avec la tenue du 17e Congrès du Parti communiste chinois (PCC), un événement reconnu pour entraîner une extrême méfiance chez les autorités. Mais la situation du Tibet est toujours particulière et Radio Free Asia (RFA) rapportait récemment que le PCC vit des troubles internes dans la région.

Selon une note interne dont RFA a obtenu copie, le PCC remet en question la loyauté de certains membres de son aile tibétaine. «Il existe encore un petit nombre d’éléments dissidents dans notre parti dont l’engagement à ses idéaux, à ses croyances et à sa position politique est hésitant.»

Quelques-uns d’entre eux auraient été expulsés du parti et démis de leurs fonctions pour avoir crié en public : «Longue vie au Dalaï-lama!» ou «Vive le Tibet libre!». Ces actes de résistance auraient amené le gouvernement du Tibet à lancer une campagne de «rééducation» menée par l’armée, visant à briser la volonté et la croyance des réfractaires. Ces derniers seraient «forcés de choisir entre la République populaire de Chine ou le Dalaï-lama».

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.