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Le Canada doit faire davantage pour enrayer la crise en Birmanie

Écrit par Sharda Vaidyanath, La Grande Époque - Ottawa
31.10.2007
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  • Des policiers montent la garde.(Stringer: KHIN MAUNG WIN / 2007 AFP)

Après que la citoyenneté honoraire du Canada a été décernée à la figure emblématique de la démocratie en Birmanie, le Prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi, un groupe de députés et de sénateurs souhaite que le gouvernement canadien fasse davantage.

Lors d’une conférence de presse la semaine dernière, l’association Les amis parlementaires de la Birmanie (Parliamentary Friends of Burma – PFOB) a appelé le Canada à agir pour la Birmanie où la récente répression des manifestations contre la junte militaire a fait des milliers d’emprisonnés et un nombre inconnu de personnes battues, torturées et assassinées.

 

Présidé par le député libéral Larry Bagnell, PFOB veut que le Canada se penche sur la question de «l’emplacement et du traitement des détenus birmans» ou des prisonniers de conscience, incluant le cas d’Aung San Suu Kyi, toujours en résidence surveillée.

PFOB est un groupe multiparti d’environ 35 membres ayant pour mandat d’appuyer le mouvement pour la démocratie en Birmanie.

«La raison pour laquelle mon bureau a mis sur pied Les amis parlementaires de la Birmanie est que d’autres crises retenaient davantage l’attention dans le monde, et des endroits comme la Birmanie étaient ainsi oubliés», explique M. Bagnell.

Est-ce que le PFOB est à l’origine du rôle international que le Canada pourrait jouer en Birmanie? PFOB et d’autres groupes de pression comme Canadian Friends of Burma affirment que c’est grâce à leurs efforts que le décernement de la citoyenneté honoraire à Aung San Suu Kyi a été inclus dans le récent discours du Trône.

Le pilier du plan d’action de PFOB est de s’attarder aux pays frontaliers de la Birmanie (Chine, Inde et Thaïlande, en particulier) et aussi à d’autres pays occidentaux qui investissent en Birmanie. Essentiellement, ils alimentent la junte brutale par le commerce, les investissements et l’armement, mentionne M. Bagwell.

PFOB est en dialogue avec tous les pays frontaliers de la Birmanie. Toutefois, M. Bagnell souligne que son groupe doit composer avec l’appui économique et militaire que la Chine communiste fournit à des régimes voyous comme le Soudan, le Zimbabwe, l’Iran, Cuba, la Corée du Nord ainsi que la Birmanie.

En janvier 2007, une résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur la Birmanie a été bloquée par le veto de la Chine et de la Russie. Malgré la pression internationale, la Chine a refusé d’appeler à un dialogue trilatéral sur la Birmanie. Néanmoins, elle a tout de même appuyé une Déclaration du président du Conseil sur la Birmanie dernièrement, mais qui n’a aucune portée concrète.

La Chine écoute-t-elle un tant soit peu les préoccupations canadiennes? M. Bagnell croit que oui, ayant récemment été convoqué par Lu Shumin, ambassadeur de Chine au Canada.

«Je n’aurais pas été convoqué à la maison de l’ambassadeur chinois si ce n’était pas une question importante pour la Chine», fait-il remarquer.

Bien que déçu de la «négativité» de PFOB quant aux relations entre la Chine et la Birmanie, M. Lu a laissé entendre à M. Bagnell que la Chine «travaillait fort» pour aider à dénouer la crise birmane.

L’ambassadeur n’était pas d’accord avec l’imposition de sanctions économiques contre la Birmanie ni avec un embargo sur la vente d’armes à la junte militaire, M. Lu a déclaré que «tous les pays ont le droit d’avoir des armes pour se défendre».

Isabelle Bouchard, directrice des communications au ministère des Affaires étrangères, affirme que le Canada a critiqué l’implication de la Chine en Birmanie et qu’il a «pris des mesures» pour activement décourager les compagnies à faire des affaires là-bas.

«À propos de la Birmanie, nous avons exprimé nos profondes inquiétudes au gouvernement chinois, tant à Ottawa qu’à Pékin, l’exhortant à utiliser son influence auprès du gouvernement birman pour qu’il exerce de la retenue et s’abstienne [d’utiliser] la violence en réponse aux dernières manifestations.»

Mais Paul Dewar, critique du NPD en matière d’Affaires étrangères, est d’avis que les compagnies canadiennes qui font affaire en Birmanie doivent se retirer avant que le Canada demande à d’autres pays d’arrêter d’appuyer le régime militaire birman.

M. Dewar affirme que les fonds des régimes de retraite publics et les compagnies canadiennes qui investissent en Birmanie sont complices dans le renforcement du régime.

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«Il est plus que répréhensible que nos fonds des régimes de retraite publics investissent en Birmanie, c’est un fait bien connu, mais malheureusement cela n’a pas été révélé à la population avant la récente répression.»

«Je fais toujours bien attention [quant à savoir si] ce que nous proposons est vraiment ce que le mouvement démocratique en Birmanie demande», ajoute M. Dewar.

Le Canada a déjà des «sanctions à l’exportation [contre la Birmanie] plus fortes que n’importe quel autre pays dans le monde et nous avons rendu l’environnement d’importation très défavorable», fait remarquer M. Bagnell. On estime le nouvel accord gazier de la Chine avec le régime birman à près de 40 milliards de dollars. La Chine a vendu des milliards de dollars en armes à la junte : tanks, transports de troupes blindés, avions de combat et armes légères.

Un article dans The Economist explique que la Birmanie «offre deux choses les plus prisées par la Chine chez ses alliés étrangers : des ressources en hydrocarbures et une armée amie, prête à lui donner accès à ses installations sur la côte, dans la baie du Bengale. La Chine est devenue le meilleur partenaire commercial et sympathisant diplomatique de la junte».

Naresh Raghubeer, directeur exécutif de la Canadian Coalition for Democracies, estime que le monde occidental doit prendre conscience des impacts de la diplomatie commerciale avec la Chine. Lorsqu’il y a un surplus dans la balance commerciale, «les relations financières et les dollars deviennent soudainement un facteur-clé dans notre manière d’agir avec ce pays».

Selon M. Raghubeer, le premier ministre Stephen Harper mérite d’être félicité pour avoir initié la motion décernant la citoyenneté honorifique à Aung San Suu Kyi lors du discours du Trône, une première dans la politique canadienne.

«C’est une action remarquable de la part du Canada… nous devrions donner un peu de mérite au premier ministre.»

Le 24 octobre, lors du douzième anniversaire de sa captivité, le ministre des Affaires étrangères, Maxime Bernier, a encore appelé à la libération immédiate de Aung San Suu Kyi.

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.