L’émotion et la pureté du style de Roméo et Juliette de Charles Gounod

Écrit par Floriane Denis, La Grande Époque Montréal
31.10.2007

  • Jean-Yves Ossonce(攝影: / 大紀元)

L’Opéra de Montréal poursuit sa saison 2007-2008 avec Roméo et Juliette de Charles Gounod. La première aura lieu le 3 novembre prochain. Cependant, les artistes sont déjà arrivés et travaillent assidûment depuis plus d’une semaine. Mercredi dernier, 24 octobre, je me suis assise à une table avec trois d'entre eux pour discuter de leur travail en général et de cette œuvre en particulier. Rencontre avec Marc Hervieux (Roméo), Maureen O’Flynn (Juliette) et Jean-Yves Ossonce (chef d’orchestre).

Les trois artistes sortent de la salle de répétition, le sourire aux lèvres. «La collaboration se passe très bien, même si on ne se connaissait pas», disent-ils en chœur. Je n’ai pas de peine à les croire : la complicité est palpable.

Pour Jean-Yves Ossonce, qui vient pour la première fois travailler en Amérique du Nord : «En Europe, on ne travaille pas différemment d’ici. C'est partout pareil, sauf à la Scala. L'Italie, c'est un monde à part. C'est encore très hiérarchisé.» Pour Marc Hervieux : «On s’imagine souvent l’opéra comme un monde de gros ego, mais ce n’est plus le cas, mis à part quelques "divasaures". Nous formons une équipe et chacun fait de son mieux pour qu'on avance.» Maureen O’Flynn ajoute : «C’est plus satisfaisant de travailler dans des opéras moins réputés, car l’ambiance y est plus chaleureuse. Se produire au Met ou à la Scala, c'est le but de tout chanteur, mais tout y est très structuré et rigide. On y croise des artistes très orgueilleux. On ne met pas les gens à l'aise.»

Or, pour chanter dans un opéra aussi intime, être à l’aise, c’est primordial. Maureen dit aimer depuis toujours ce rôle de Juliette. «La musique et le texte sont magnifiques, vraiment saisissants, et le livret est très fidèle à l'oeuvre de Shakespeare.» Est-ce difficile pour elle d'exprimer des sentiments comme la passion, l'amour, aussi intensément? À cette question, elle nous répond : «Je suis romantique et j'y crois. Ce rôle me touche beaucoup. Je suis encore très jeune de coeur, alors je n'ai pas de mal à aller chercher ce type de sentiment.»

Marc, lui, dit que ce rôle ne diffère pas beaucoup des autres rôles qu’il a incarnés, en tant que ténor «sauf que d’habitude je ne meurs pas à la fin». Cependant, quand il donne la réplique à Maureen, il voit la jeunesse de coeur dont elle fait preuve. «Pour moi, c'est plus dur. Je dois travailler pour aller chercher ces sentiments. J’essaie de me souvenir d'anciens coups de foudre, mais c'est difficile. Ce sont des sentiments presque douloureux. Mais c’est stimulant de chercher à exprimer des émotions sans tomber dans la sensiblerie.»

Cependant, les deux chanteurs s’accordent pour dire que, sur le plan technique, leurs rôles sont très difficiles. «Ce sont des rôles très longs. Les personnages de Roméo et de Juliette portent vraiment l’œuvre», explique Marc. «Gounod a insisté sur l'évolution de la relation des deux amants et de la tragédie, alors le rôle de Juliette commence très haut et devient de plus en plus intense», ajoute Maureen.

Pour le chef d’orchestre français, Jean-Yves Ossonce, le défi est d’une autre nature. «Mon rôle est d’apporter l’orchestre sur un plateau aux chanteurs.» Il illustre ses propos en citant Karajan, qui a dit un jour à un jeune basse : «Vous chantez, je vous accompagne.» Il doit s'adapter aux chanteurs, adopter un tempo qui leur convient. Il conçoit son rôle comme celui d'un coordonnateur. «Je dois faire en sorte que les membres de l’orchestre s’écoutent entre eux, et écoutent et regardent ce qui se passe sur scène. Je dois être sensible aux lumières, à l'atmosphère, à la mise en scène et faire en sorte que l'orchestre s'harmonise à tout ça.» Certains de ses collègues trouvent d’ailleurs que l'opéra est une compromission, car l'orchestre n'est pas totalement au service de la musique. «Pour diriger un orchestre pour l'opéra, il faut aimer le théâtre. Moi, ce que j’aime de mon rôle, c’est que je peux m’imaginer à la place de chacun des personnages.»

Maureen et Marc sont ravis de l’approche de Jean-Yves, ce qui explique sans doute en partie leur bonne entente. Tout ceci permet de s’attendre à des représentations vivantes. Alors, à la semaine prochaine, pour le compte-rendu de la soirée du 3 novembre.

Roméo et Juliette de Charles Gounod

À l’affiche de l’Opéra de Montréal,

salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts,

les 3, 7, 10, 12, 15 novembre 2007 à 20 h.

PréOpéra – conférence sur l’œuvre, donnée par Pierre Vachon avant chaque représentation, à 18 h 30, au Piano Nobile de la PDA.

MétrOpéra – événement urbain présenté dans le métro, en collaboration avec la STM :

30 et 31 octobre et 1er novembre, 16 h à 16 h 30, dans les stations Place-des-Arts, Atwater et Berri-UQAM.

Générale ouverte aux groupes d’élèves des écoles secondaires et cégeps, jeudi 1er novembre, 19 h.