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Enfants incarcérés avec leur mère, mêmes privations

Écrit par Irin News
04.10.2007
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  • Deux policiers afghans gardent la prison Pul-e Charkhi(Stringer: SHAH MARAI / 2006 AFP)

Afghanistan

KABOUL – Fatima (un nom d’emprunt) vit avec sa mère et son jeune frère dans la prison de Pul-e Charkhi, à la périphérie est de Kaboul. La fillette de douze ans est arrivée à la prison il y a quatre ans, après qu’un tribunal eut condamné sa mère à une peine de onze ans d’emprisonnement pour avoir tué son mari.

«Six femmes et sept enfants vivent avec nous dans la même cellule», s’est plainte Fatima, ajoutant qu’elle était agacée de vivre avec «ces garnements».

Contrairement aux autres enfants de Kaboul, Fatima et son frère sont privés d’éducation, car il n’y a pas d’école dans la prison de Pul-e Charkhi, le plus grand établissement carcéral d’Afghanistan.

«Je rêve de pouvoir aller à l’école comme les autres filles», a-t-elle déclaré.

En matière d’éducation, les perspectives de Fatima sont peu reluisantes. En l’absence d’un tuteur de sexe masculin en dehors de la prison, il est probable que les deux enfants restent avec leur mère jusqu’à sa libération en 2014. Il est inhabituel pour une jeune femme de vivre seule au sein de la société traditionnelle afghane.

Conformément au code pénal afghan, les enfants vivant avec un tuteur incarcéré doivent avoir accès à l’éducation.

En pratique, néanmoins, le pays ne peut appliquer cette disposition juridique compte tenu du manque de ressources, admettent les autorités.

Plus de 60 enfants vivent à l’heure actuelle avec des détenues de la prison de Pul-e Charkhi, a révélé à IRIN le ministère de la Justice, qui dirige les établissements carcéraux du pays.

Santé, nutrition, éducation

À l’heure actuelle, les enfants qui vivent en prison avec leurs parents sont soumis au même régime alimentaire que l’ensemble des prisonniers. Selon les responsables du ministère de la Justice, trois repas par jour sont servis à la prison de Pul-e Charkhi, ce qui permet de couvrir les apports nutritionnels des adultes.

Néanmoins, selon un rapport publié, en août dernier, par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), le régime alimentaire imposé à la prison ne permet pas de satisfaire les besoins nutritionnels des enfants, en pleine croissance physique et mentale.

Le rapport, intitulé Afghanistan: Female Prisoners and Their Social Integration (Afghanistan: Les femmes détenues et leur insertion sociale) souligne les problèmes des femmes enceintes qui, en plus des carences nutritionnelles, souffrent également du manque de soins de santé.

«Ils [les femmes détenues et leurs enfants] ne bénéficient pas de soins de santé spécialisés et n’ont pas accès à l’éducation, en raison de graves problèmes de ressources», peut-on lire dans le rapport.

Pour atténuer les difficultés rencontrées par les enfants incarcérés, une organisation non gouvernementale (ONG) locale, le Centre éducatif des femmes afghanes (AWEC), a ouvert une école maternelle dans la prison de Pul-e Charkhi où les enfants reçoivent une éducation préscolaire destinée à renforcer leurs aptitudes cognitives.

L’AWEC dispense également des services de santé de base aux femmes enceintes et aux enfants atteints d’affections bénignes. Toutefois, il ne faut pas compter indéfiniment sur les services de cette ONG puisqu’elle dépend des subventions des bailleurs, selon certains observateurs.

L’impact psychologique

Selon les ONG qui opèrent dans la prison de Pul-e Charkhi et préfèrent conserver l’anonymat, compte tenu du caractère délicat de leur travail, presque tous les enfants ont été psychologiquement affectés par le milieu carcéral.

«Ils [les enfants] ne se concentrent pas à la maternelle et présentent des signes manifestes d’obsession», a rapporté un travailleur humanitaire qui travaille auprès des enfants de la prison.

Les conclusions de l’ONUDC confirment l’existence d’un certain nombre de problèmes, posés par le milieu carcéral et considérés comme impropres à l’éducation des enfants ainsi qu’à leur santé et à leurs développements social, éducatif et émotionnel.

«Les recherches effectuées indiquent, en outre, que les enfants de mères détenues risquent également d’être incarcérés eux-mêmes à l’avenir», selon le rapport.

L’Afghanistan nécessite d’amples ressources, des réformes institutionnelles et juridiques et une aide internationale généreuse pour mettre un terme aux privations et aux souffrances des enfants des prisons.

Certaines ONG, tel que l’AWEC, recommandent l’adoption de mesures juridiques en vue d’interdire l’incarcération des femmes enceintes, au moins jusque six mois après l’accouchement, sauf en cas de crime extrêmement grave.

D’autres appellent la communauté internationale des bailleurs à aider les autorités afghanes à équiper la prison de Pul-e Charkhi et les autres grands établissements carcéraux du pays d’écoles, de nurseries et d’autres installations attenantes.

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