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Un film d’horreur bien réel

Écrit par Olivier Chartrand, La Grande Époque - Montréal
04.10.2007
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  • Le général Dallaire (Roy Dupuis) accompagné d'un autre militaire onusien(攝影: / 大紀元)

J’ai serré la main du diable

Une rivière de cadavres coulant dans un flot couleur sang… une image marquante que nous avons vue des dizaines de fois diffuser en boucle à la télévision suite aux événements tragiques de 1994 au Rwanda. Plus qu’une image, c'est une réalité pour le général Roméo Dallaire qui s'est lui-même trempé dans cette veine ouverte d’un pays au cœur de l’Afrique.

J’ai serré la main du diable, actuellement en salle, est la perspective du général Dallaire sur le   génocide qui nous projette dans le rythme effréné des événements insensés qui ont conduit à l’extermination de 800 000 Tutsis.

Dès la première demi-heure, le spectateur vit l’anxiété et l’impuissance de savoir ce qui va arriver sans pouvoir rien y faire. Le réalisateur, Roger Spottiswoode, place le public derrière les yeux de Roméo Dallaire (maintenant sénateur) qui semble avoir lui-même vécu son expérience de la sorte.

Le sujet est bien connu, mais encore peu exploité au cinéma. Ce qui rend le film encore plus troublant. On oublie la caméra et on se laisse entraîner par Roy Dupuis qui a non seulement le «casting» parfait pour jouer le général Dallaire, mais aussi la sensibilité pour nous ébranler.

Plusieurs scènes sont magistralement bien interprétées et très touchantes, entre autres, celle dans laquelle le général Dallaire tente de compter les cadavres de soldats onusiens d’origine belge entassés et, que l’on devine, mutilés. On sent que Roy Dupuis, derrière le comédien, a été marqué par ce tournage qui ne l’a pas laissé indifférent quant aux événements de 1994.

La scène de la rivière de cadavres tutsis montrant de façon très crue des corps en putréfaction est à la fois émouvante et particulièrement intéressante. Car c’est une image qui n’est généralement vue que dans les films d’horreur, alors qu’ici, on dépeint des faits bien réels d’un niveau d’horreur aucunement étranger à des événements qui se déroulent en ce moment même dans certaines régions du Moyen-Orient ou encore en Chine.

Les images perdent, cependant, un peu de leur poids à cause de la rapidité de l’enchaînement des scènes dramatiques. Toutefois, la réalisation n’est pas nécessairement à blâmer sur ce point puisqu’il s’agit bel et bien du récit véridique des événements de 1994. D’ailleurs, Dallaire, qui explique tout au long du film à sa psychologue les souffrances qui le hantent sur un fond bien ficelé de flash-back, vient apporter une justification à la perte de sensibilité que l’on développe face à cet enchaînement. Il mentionne qu’à un certain moment, il est devenu insensible aux atrocités dont il était témoin pour réussir à survivre au Rwanda. Ce que ne manquera pas de faire instinctivement le spectateur s’il veut se rendre jusqu’à la fin de la projection.

J’ai serré la main du diable est, à vrai dire, le portrait d’un homme courageux et, à la manière de Mandela, croyant profondément au règlement pacifique des conflits. Tout au long du film, malgré sa détermination, on voit Dallaire impuissant face au désintérêt des gouvernements occidentaux qui ne veulent pas «perdre de l’argent» dans ce conflit et au désintérêt des médias étrangers qui y voient encore un autre «fatras africain». Le film rappelle qu’après la Seconde Guerre mondiale, on disait: «Plus jamais!» alors qu’en 1994, et même encore aujourd’hui, on permet le génocide par le silence et le soutien financier.

Le portrait du général Kagame, actuellement à la tête du Rwanda, est néanmoins trop épuré. Dans les mentions de la fin du film, on oublie de souligner que Kagame, au-delà de vouloir rétablir la paix dans son pays, est lui-même tombé dans l’esprit de vengeance en poursuivant les génocidaires hutus jusqu’en République démocratique du Congo.

C’est tout de même un film à voir. La version originale est à conseiller pour ne pas perdre les nuances du jeu de Roy Dupuis, d’autant plus que plusieurs scènes ont été directement tournées en français avec sous-titres anglais.

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