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Le Canada exhorté à agir pour le Darfour

Écrit par Cindy Chan, La Grande Époque - Ottawa
01.11.2007
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  • Irwin Cotler lors de la Conférence mondiale.(攝影: / 大紀元)

Le Canada manque à sa responsabilité d’aider à mettre fin aux atrocités et à la crise humanitaire qui sévissent dans la région du Darfour au Soudan, ont affirmé le sénateur Roméo Dallaire et le député libéral Irwin Cotler, lors d’une conférence de presse multipartite la semaine dernière à Ottawa.

«Le Canada a créé tout le concept de “responsabilité de protéger”. Là où il y a des violations massives des droits de l’Homme, nous avons la responsabilité d’y aller pour assister et protéger», a déclaré M. Dallaire. «Toutefois, nous avons en quelque sorte disparu de la carte [au Darfour]… Littéralement, nous n’avons pris aucune responsabilité.»

La «responsabilité de protéger» est un système de sécurité internationale et de droits de l’Homme conçu par l’ex-ministre canadien des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy, après les horreurs du Rwanda et du Kosovo.

En tant que commandant de la mission de maintien de la paix au Rwanda en 1994, M. Dallaire a, sans succès, plaidé à l’ONU pour qu’elle intervienne afin d’empêcher les atrocités. Le génocide a emporté 800 000 vies.

Adoptée par l’ONU en septembre 2005, la responsabilité de protéger soutient que la communauté internationale a la «responsabilité (…) d’aider à protéger les populations du génocide, des crimes de guerre, du nettoyage ethnique et des crimes contre l’humanité» lorsque des pays ne peuvent pas ou ne veulent pas protéger leur propre population. Ceci comprend l’intervention militaire, si nécessaire, comme dernier recours.

L’impunité dans les atrocités

M. Cotler, critique libéral en matière de droits de la personne, a souligné que plus de 400 000 personnes sont mortes dans le génocide du Darfour depuis 2003 et, en raison de la guerre civile entre le Nord et le Sud, plus de quatre millions de gens ont été déplacés et sont maintenus en vie par un «respirateur artificiel».

Toutefois, lorsque le premier ministre, Stephen Harper, a énoncé sa politique étrangère à l’ONU le 25 septembre dernier, il n’a pas mentionné le Darfour, le Soudan ou l’Afrique, a déploré M. Cotler.

Pendant ce temps, «des atrocités massives se poursuivent sans relâche», a-t-il affirmé, ajoutant que «la chose la plus horrible» était l’impunité donnée à Ahmad Harun, le ministre soudanais des Affaires humanitaires.

Harun a été condamné par la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. La CPI a émis un mandat d’arrestation contre lui en avril 2007, mais il demeure en poste et en septembre, le gouvernement soudanais lui a donné le rôle d’enquêter sur les violations des droits de l’Homme au Soudan.

«Qu’est-ce qui pourrait porter un plus grand préjudice à la population du Darfour, à la primauté du droit et au processus de paix que d’avoir ce genre de moquerie du système de “responsabilité de protéger” et de la loi?», a dénoncé M. Cotler.

Le processus de paix et la mission ont besoin d’appui

Ce qui ajoute au besoin d’une action urgente, estime Cotler, c’est le fait que le processus de paix de 2005 – qui a mis fin à une guerre civile de 21 ans au Soudan et mis en place un gouvernement provisoire – est en danger d’échec.

Le processus de paix pour mettre fin au conflit au Darfour, qui dure depuis quatre ans et demi, est aussi en danger. M. Cotler a relaté qu’à la récente Conférence mondiale pour la prévention du génocide, l’envoyé spécial des États-Unis au Soudan, Andrew S. Natsios, a averti que l’atmosphère entourant les prochaines discussions de paix entre le gouvernement soudanais et les rebelles du Darfour était «empoisonnée». Ces discussions ont débuté le 27 octobre en Libye et sont boycottées par les deux groupes rebelles principaux.

Le 31 juillet dernier, le Conseil de sécurité des Nations Unies a approuvé un plan pour envoyer jusqu’à 26 000 Casques bleus au Darfour dans une mission conjointe de l’ONU et de l’Union africaine (UA). La Mission conjointe des ONU-UA au Darfour (UNAMID) devrait remplacer les 7000 soldats de l’UA dans la région d’ici décembre au plus tard.

L’UNAMID aura l’autorisation d’utiliser la force pour protéger les civils.

M. Dallaire estime que la responsabilité du Canada ne se limite pas à l’aspect humanitaire. Elle doit aussi inclure des dimensions diplomatique, sécuritaire et technique pour protéger la population, aider aux négociations et fournir une expertise technologique.

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M. Cotler est d’accord. Il exhorte le Canada à aider à mettre l’UNAMID en place le plus tôt possible. Il a aussi relayé une suggestion du premier ministre éthiopien, Meles Zenawi, selon laquelle l’expertise venant du Canada devrait être en logistique, en commandement et contrôle, en équipement et en communications. Une expertise que l’UA ne possède pas actuellement.

Justin Laku, un Soudanais canadien et fondateur de Canadian Friends of Sudan, a souligné que la vaste majorité des pays de l’UA dépend de l’aide internationale et n’a pas la capacité de s’occuper d’une crise comme celle du Darfour. Il a relié le génocide au Darfour aux génocides du Rwanda, de l’Arménie et de l’Allemagne nazie, qui sont tous un résultat de «l’indifférence, du silence et du manque d’humanité».

Si les pays souverains dans l’ONU et l’UA ne font pas ce qui est nécessaire, alors ce sera finalement eux qui «auront les mains tachées de sang», a commenté M. Dallaire.

Ligne téléphonique au Bureau du premier ministre

Jonathan Laski de STAND Canada (Students Taking Action Now: Darfur) s’est aussi exprimé à la conférence de presse. Son organisation vient tout juste de mettre sur pied une ligne téléphonique 1 800 GENOCIDE pour aider les Canadiens à faire pression sur le gouvernement pour qu’il agisse pour le Darfour.

Le numéro 1 800 436-6243 («GENOCIDE» sans le «E») permet aux utilisateurs d’écouter certains points d’argumentation et d’être redirigés ensuite directement au Bureau du premier ministre ou vers cinq autres responsables gouvernementaux.

L’objectif de STAND est d’obtenir 1000 appels par mois. L’organisation recommande que les gens qui appellent fassent trois demandes au gouvernement canadien : désigner un émissaire canadien pour le Darfour et toute la région nord-est de l’Afrique pour appuyer le processus de paix; retirer progressivement tous les investissements fédéraux dans des compagnies opérant au Soudan qui sont sur la liste des «pires contrevenants» de STAND; et soutenir l’UNAMID en augmentant le financement, en prêtant de l’équipement et en faisant pression pour un mandat plus musclé.

Dans une entrevue plus tôt ce mois-ci, le député libéral Borys Wrzesnewskyj, qui a visité le Darfour en septembre 2005, peu de temps après l’accord de paix et l’instauration d’un Parlement provisoire, a dit que la région «avait les conditions en place pour un génocide par attrition».

Il a ajouté que le gouvernement soudanais a l’habitude de trouver des excuses pour retarder et empêcher le déploiement de missions humanitaires de maintien de la paix et de troupes au Darfour.

M. Cotler a aussi retransmis un message adressé au Canada venant de Salih Mahmoud Osman, un député de l’opposition soudanaise et un militant renommé des droits de l’Homme au Darfour. Son message? «Agissez maintenant pour sauver le Darfour : demain, il sera trop tard.»

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.