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Le Quartier des spectacles de Montréal

Écrit par Patrice-Hans Perrier, La Grande Époque - Montréal
19.11.2007
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Une approche respectueuse de l’écologie urbaine du centre-ville est à souhaiter

  • Façade du Monument-National (攝影: Martine Doyon / 大紀元)

Ça y est, Montréal pourra compter sur un Quartier des spectacles (QSM) qui devrait agir comme un catalyseur propre à revitaliser les abords de sa Place des Arts. Curieusement, alors que ce projet locomotive ambitionne de cautériser un tissu urbain qui tombe en lambeaux, plusieurs se souviennent des interventions désastreuses de l’administration Drapeau au début des années 1960. Nos édiles parviendront-ils à éviter de recréer un nouveau modèle de développement artificiel coupé de la réalité urbaine?

Le projet d’un futur Quartier des spectacles ambitionne de déployer une plateforme de diffusion culturelle et une mise à niveau des infrastructures de la partie est du centre-ville de Montréal. Et la tâche s’annonce ardue. Il faut dire que Montréal revient de loin. En effet, tout le centre-ville aura été déstructuré sous l’impulsion des grands projets de l’administration Drapeau, vers la fin des années 1950.

Prévoyant la tenue de l’Exposition universelle de 1967, un plan intégré allait servir de catalyseur afin de développer un centre-ville artificiel coupé de ses faubourgs limitrophes et directement raccordé au réseau autoroutier de la périphérie. Des quartiers entiers furent rasés, à l’instar du quartier irlandais de Griffin Town ou de l’ancien «faubourg à la mélasse», près du pont Jacques-Cartier. C’était avant que naisse le concept d’écologie urbaine.

La vie reprend ses droits

La Place des Arts, la Place Ville-Marie ou le Westmount Square furent effectivement conçus comme des satellites urbains, des îlots d’activités indépendants du tissu urbain «naturel», si l’on peut dire. Cette approche, dictée par les grands conglomérats pétroliers et les fabricants de voitures, a fait en sorte d’assassiner nombre de centre-villes en Amérique du Nord. Et le cœur de la métropole francophone d’Amérique n’a pas été épargné par cette incurie en termes d’aménagement urbain et de redéploiement des anciens faubourgs issus des régimes antérieurs à la révolution industrielle.

Fort curieusement, alors que l’administration Drapeau inaugurait la Place des Arts, en 1963, une très forte réaction du milieu culturel fera en sorte d’organiser la «résistance» autour de cet îlot culturel. C’est ainsi que les artistes émergeants d’alors allaient se produire dans de petits lieux de diffusion, à l’instar de la célèbre Casa Loma, du Rockhead's Paradise ou du café l’Échourie, incapables de se payer la rutilante Place des Arts. La contre-culture montréalaise venait de naître, faisant un pied de nez à l’establishment de l’époque.

C’est justement dans le sillage de cette contre-culture beatnik que sont nés les grands festivals qui ont contribué à faire de Montréal une destination culturelle de premier plan. Par un curieux retour de balancier, les ténors des milieux culturels et des affaires souhaitent réhabiliter la zone urbaine qui ceinture une Place des Arts qui trône toujours en solitaire 45 ans après son inauguration. Les enjeux sont de taille, alors que Montréal serait sur le point de perdre son titre de «métropole culturelle» au profit des Toronto de ce monde.

Un projet rassembleur

Le projet du Quartier des spectacles a vu le jour lors du Sommet de 2002, un autre grand rassemblement sur l’avenir de Montréal. Jacques Primeau, l’instigateur de ce projet rassembleur, était un intervenant fort actif dans le monde du showbiz québécois, étant membre du conseil d’administration de l’ADISQ et aux premières loges du combat des petits organismes de diffusion pour leur survie dans la jungle urbaine. Son idée était de tirer partie de la concentration des salles de spectacles et de la tenue des festivals dans le quadrilatère ceinturant la Place des Arts pour générer un projet fédérateur pour Montréal.

C’est chose faite avec l’adoption, quelques jours avant la tenue du Rendez-vous novembre 2007, d’un Plan particulier d’urbanisme (PPU) qui balise les grandes lignes du développement urbain du quadrilatère formé par le boulevard René-Lévesque, au sud, la rue Saint-Dominique, à l’est, l’avenue du Président-Kennedy, au nord, et la rue Saint-Alexandre, à l’ouest.

Ce projet fédérateur nécessitera un investissement de l’ordre de 120 millions de dollars, une somme qui a été également répartie entre les trois paliers de gouvernement en lice : la Ville de Montréal, le gouvernement du Québec et le gouvernement du Canada. Les représentants des paliers supérieurs de gouvernance ont donc profité de la tenue du rendez-vous de la semaine dernière pour annoncer qu’ils allaient embarquer dans le train de la mise à niveau d’un centre-ville qui ne paie toujours pas de mine, malgré le milliard de dollars qui y aurait été investi depuis une quarantaine d’années.

Une mise à niveau des infrastructures urbaines

C’est Clément Demers, l’ancien coordonnateur du PPU du Quartier international de Montréal (QIM) qui présidera donc aux destinées des quatre phases qui composeront ce projet ambitieux. Le grand timonier du Quartier des spectacles ambitionne de remembrer le tissu urbain du secteur en effectuant des opérations de curetage urbain aux abords de la Place des Arts. C’est ainsi que la première étape du projet consistera à aménager une place du Quartier des spectacles, sur l’îlot Balmoral, à l’ouest de la rue Jeanne-Mance. Les premières pelletées de terre seront jetées en août 2008, histoire de ne pas nuire à la tenue de la prochaine édition du Festival de Jazz. Et l’inauguration de cette très belle piazza est prévue pour juin 2009.

Une longue bande gazonnée, dénommée l’esplanade Clark, sera aménagée entre les rues Clark et Saint-Urbain, sur le flanc est de la Place des Arts. Cette initiative permettra de faire respirer un secteur particulièrement bétonné et verra le jour en 2010.

Le réaménagement de la rue Sainte-Catherine, entre les rues Saint-Alexandre et De Bullion, permettra de transformer cette artère commerciale en rue piétonnière durant les jours chauds de la saison estivale. Un linéaire d’arbres devrait accompagner le parcours sur le flanc sud de la Sainte-Catherine. Un autre jalon du projet qui devrait être complété, si tout va bien, autour de 2011.

Et, la quatrième étape, et pas des moindres, inclura l’aménagement d’une promenade des Festivals, au nord de la Place des Arts, et la configuration d’une place de l’Adresse symphonique, au nord-est du complexe culturel. Ce geste d’aménagement urbain commandera un élargissement du terre-plein (l’espace piétonnier) entre les artères de Maisonneuve et l’avenue du Président-Kennedy. La superficie de cet interstice devrait quadrupler, ce qui lui donnera des allures de paseo, ce type de promenade urbaine qui caractérise l’aménagement des principales villes d’Espagne.

Au-delà de la mise à niveau du secteur précité, un plan lumière a été mis en branle par le Partenariat du Quartier des spectacles, en 2005, histoire de baliser la signature urbaine de Montréal. Un projet pilote d’éclairage de cinq façades d’édifices publiques a été complété le printemps dernier et c’est toute une stratégie de signature visuelle qui se trame au moment de mettre cet article sous presse. Les designers Ruedi Baur et Jean Beaudoin ont été responsables du plan lumière. La signature visuelle est l’œuvre de l’artiste Axel Morgenthaler, lequel a mis à contribution la technologie LED afin d’illuminer tout le secteur à moindres frais. Une mesure, au-delà de sa portée artistique, qui permettra à la municipalité de faire des économies tout en faisant sa part pour l’environnement.

Finalement, l’immeuble délabré qui abritait un peep show, au 222 rue Sainte-Catherine, fait l’objet d’un processus d’expropriation. Cette mesure permettra à la Ville de Montréal de mettre la main sur cet immeuble pour le transformer en bâtiment-phare qui soulignera l’intersection des «Mains», au coin de Sainte-Catherine et de Saint-Laurent. Cet ambitieux projet de 20 millions de dollars remplacera la bâtisse vétuste et abritera des organismes culturels. Ce projet agira, aussi, à titre de «vitrine culturelle» du QSM, permettant de faire la promotion des spectacles en cours et de vendre des billets de dernière minute. Certains parlent d’une forme de «Time Square» montréalais, à échelle réduite.

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