Le sari traverse les siècles et reste un signe d’élégance

Écrit par la Radio Son de l'Espoir, collaboration spéciale
21.11.2007

  • Des saris colorés(STR: MANAN VATSYAYANA / ImageForum)

 

Quel est le nom de l’un des plus vieux vêtements du monde, porté encore de nos jours par des millions de personnes ? C’est le sari porté quotidiennement par plus de 300 millions de femmes. Ces femmes indiennes drapées dans leur sari ont fière allure : le sari est l'un des rares vêtements qui depuis des siècles est toujours porté quotidiennement. Dans les légendes indiennes, le tissage représentait la création de l’univers.

LES PREMIÈRES TRACES DE SARIS

Les premières traces du sari ont été découvertes dans la vallée de l’Indus vers 100 av. J.-C., mais des textes en font mention entre 2800 av. J.-C. et 1800 av. J.-C. Dans les légendes indiennes le tissage représenterait la création de l’univers. Le sutra ou « fil » est la base, tandis que le sutradhara, le tisserand, est l’architecte ou le créateur de l’univers. Et le mot sari viendrait du sanscrit sati, c’est-à-dire tissu, mot qui a évolué en sari.   

Un sari permet de reconnaître la caste de la personne, sa place dans la hiérarchie sociale, sa région, sa religion. On peut ainsi déterminer de grandes familles de sari, comme les dhotis qui viennent de l’antiquité et aujourd’hui utilisés surtout par les hommes. Ils s’enroulent autour de chaque jambe : vous pouvez vous le représenter en pensant à Gandhi qui portait un dhoti.

Il existe des saris qui ne couvrent que le bas du corps : les veshti. Certains sont noués au dessous de la poitrine.

La proportion du corps couverte par le sari varie énormément d'une région à l'autre. Par exemple, les femmes tamoules portent des styles qui couvrent bien les jambes. Dans le Maharastra, le haut du corps et la tête sont couverts, mais les jambes sont parfois nues jusqu'au dessus du genou. Le style de drapé et la proportion du corps visible peuvent aussi changer par rapport à l'activité. De nombreuses femmes portent le sari long à la maison ou dans la rue, et court lorsqu'elles travaillent.

ALORS QU’EST-CE FINALEMENT QU’UN SARI ?

Tout d’abord, c’est une grande bande de tissu d’une longueur de 70 centimètres à 8 ou 10 mètres et d’une largeur environ de 60 centimètres à 1 mètre 30. Parfois une bande de coton reprenant la couleur du sari est cousue le long de la bordure du bas, de façon à assurer le tomber du sari. Précisons que le sari se porte sur un jupon, bien évidemment invisible, et le haut du corps est revêtu d’une sorte de chemisier ou T-shirt serré assorti au sari : le choli laissant le ventre nu.   

Le sari est toujours d’une seule pièce et à l’origine ne comprenait aucune couture, ni bouton car l’hindouisme considérait tout vêtement percé par une aiguille comme impur.

Ils peuvent être faits de coton, de polyester brillant ou de soie imprimée, unis, avec des imprimés… les saris de fête, parfois brodés de fil d'or, sont magnifiques. Bénarès à ce titre est connue pour ses saris de brocard, parfois réalisés avec des fils d’or ou d’argent sur de la soie.

Donc un sari est un grand morceau d’étoffe drapé avec art. Et c’est là que réside la clé de l’affaire : le drapé. Voilà comment porter un sari, à la façon de celui qui est surtout utilisé de nos jours et qui a tendance à supplanter tous les autres : on commence par coincer une extrémité dans le jupon puis on fait un tour de taille complet. Ensuite, sur le devant on forme des plis, disons entre 2 et 10 que l’on va coincer dans le jupon. C’est de ce pliage que va dépendre l’élégance du sari, donc on y apporte le plus grand soin. L’autre pan du tissu, qu’on appelle pallaw, va passer sous l’aisselle droite pour revenir sur l’épaule gauche et va pendre dans le dos, mais de façon à ce que la main puisse l’attraper pour pouvoir éventuellement s’en recouvrir la tête. Afin qu’il tienne bien, on fixe le sari au chemisier à l’aide d’une petite épingle : la bordure inférieure doit frôler le sol, les pieds doivent rester cachés. Un sari porté trop court est un manque d’élégance. Souvent des bracelets complètent la tenue.

LES COULEURS ONT UNE SIGNIFICATION SPÉCIALE

Le blanc est la couleur du deuil, portée donc par les veuves. Le vert est aujourd'hui surtout un signe d'appartenance à la communauté musulmane. Des saris verts sont portés aussi, dans certaines régions de l'Inde, pour le mariage. Le bleu est traditionnellement la couleur de la caste des shûdra (agriculteurs, artisans, tisserands, ...) ; et de ce fait était évité par les castes élevées (le procédé d'obtention de l'indigo étant considéré comme particulièrement impur).

Le noir, rare, est considéré de mauvais augure. Le rouge est la couleur de la caste des Kshatriya (nobles guerriers), censée être de bon augure. C'est également la couleur la plus habituelle des saris de mariage. Selon le symbolisme des couleurs le jaune safran est lié à la religion et à l'ascétisme.

CERTAINS DESSINS ONT UN SENS PARTICULIER

La mangue stylisée est beaucoup utilisée, elle représente avant tout la fertilité et l'abondance.

L’éléphant symbolise la puissance, le pouvoir et la royauté mais il peut aussi être associé à l'eau et à la fertilité. Le poisson, un autre signe de fertilité et d'abondance, est lié aux pouvoirs surnaturels. La conque, quant à elle, représente le son divin.

Le sari est l’un des rares vêtements qui depuis des siècles continue à être porté quotidiennement. De nombreuses femmes portent le sari à longueur d’année et en toutes circonstances, que ce soit pour aller travailler ou même pour dormir. Encore aujourd’hui, une femme qui porte d’autres vêtements au quotidien, s’enroulera dans un sari pour accomplir une cérémonie sacrée.

Pour les Hindous, le sari est le vêtement féminin le plus élégant. Et comme chaque femme est unique, on ne trouve pas deux saris identiques.