Des végétaux recyclent les boues des stations d’épuration et épurent les sols

Écrit par Héloïse Roc, La Grande Époque - Paris
24.11.2007

  • Station d’épuration écologique des eaux usées de Honfleur.(STF: MYCHELE DANIAU / ImageForum)

Si, grace aux végétaux, on peut emballer, faire rouler les voitures, les tracteurs ou encore chauffer, on peut également nettoyer. Cela s’appelle la « phytorestauration », un terme qui ne fait nullement référence à la sphère alimentaire mais qui sert à désigner toutes les techniques qui utilisent les plantes pour traiter la pollution de l’eau, des sols, ainsi que celle de l’air. En France, le traitement des eaux usées engendre l’équivalent de 50 grammes de matière sèche par jour et par habitant, sous forme de boues, la moitié d’entre elles sont épandues en agriculture, tandis que 20 à 25 % sont mises en décharge et 15 à 20 % sont incinérées.

Des arbres pour recycler les boues

La recherche s’est interrogée sur le recyclage de ces boues, et connaissant la capacité purifiante des végétaux, des plantations forestières ont été utilisées. Par exemple, on peut parler de quelques expériences françaises, comme celle faite dans la forêt communale d’Ychoux, à 60 kilomètres de Bordeaux. L’INRA a observé qu’après trois ans d’épandage de boues liquides, la croissance des arbres a augmenté de 16 % et les chercheurs ont constaté une minéralisation accrue des arbres, plus particulièrement en ce qui concerne les phosphates. D’autres expériences ont été tentées. C’est ainsi qu’en 2002 à Pleyber-Christ dans le Finistère, les 5 premiers hectares de saules ont été plantés. Cette expérience s’est faite en relation avec l’INRA et l’association Aile, qui évalue la capacité de ces végétaux. Ces cultures présentent actuellement un intérêt réel pour les communes qui ne savent pas comment traiter leurs boues. En effet le taillis est une excellente pompe à nitrate. Il atténue l’érosion des sols et favorise la biodiversité.

Des jardins filtrants en bord de Seine

Sur les bords urbains pollués de la Seine ou autour des stations d’épuration, des jardins luxuriants où roseaux et iris s’épanouissent. Ils accueillent des oiseaux, des grenouilles et des promeneurs. Ces « jardins filtrants », sont l’œuvre de la société Phytorestore fondée en 2004 par Thierry Jacquet, dont le but est d’assurer la dépollution écologique. Cette action a été soutenue par le CNRS. Ce sont de véritables jardins paysagers en zone humide. Les plantes sont adaptées à la nature des pollutions. On y trouve des filtres plantés de roseaux, des iris, des plantes oxygénantes. Ces plantes fixent les métaux lourds et dégradent les polluants organiques phosphatés ou azotés et autres polluants biologiques. Dans ce cadre, la ville de Nanterre a réaménagé ses berges de Seine, et son nouveau Parc du Chemin de l’Ile est ludique et écologique. Il s’étend sur 15 hectares et comporte plusieurs bassins conçus pour améliorer la qualité des eaux de la Seine.