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Se connaître pour mieux s’accepter

Écrit par Gideon Belmaker, La Grande Époque - Israël
25.11.2007
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  • Un enfant palestinien qui explique ses traditions à des enfants israëliens(Stringer: Quique Kierszenbaum / 2002 Getty Images)

Des familles israéliennes et palestiniennes brisées tentent de recréer le dialogue

L'entrée de l’hôtel Saint George à Jérusalem Est devient comme la porte d’un autre monde lorsque le Forum des Familles israélo-palestiniennes s’y réunit. A l’intérieur, des personnes qui se serrent dans les bras les unes et les autres, des discussions entre familles israéliennes et familles palestiniennes – des deux côtés brisées par le conflit. Le groupe reçoit une formation à la résolution des conflits par un vétéran de la construction du processus de paix. 

Le forum des Familles a été créé pour stimuler le dialogue entre des parents en deuil des deux côtés du conflit israëlo-palestinien.

«Entre les eux nations, il y a un mur fait de peur», dit Rami Elhanan qui a perdu sa fille Smada lors d’un attentat sur la rue Ben Yehuda en 1994.  «Ce que nous espérons faire c’est de frapper nos têtes contre ce mur jusqu’à ce qu’il se fissure, des fissures d’espoir. A la fin nous le démolirons».

Invitée spéciale de leur dernière réunion, Anne Kerr a travaillé pendant des années à la réconciliation en Irlande du Nord. Elle venait partager son expérience d’amorce du dialogue entre les parties, et apporter un message d’espoir aux participants à Jérusalem.

«Le dialogue ce n’est ni le débat ni l’échange d’arguments», dit Anne Kerr. «Dans un débat on essaie de convaincre l’autre et de gagner des points. Le dialogue se focalise sur nos processus de pensée. Tout le monde a ses opinions, croyances et certitudes, qui viennent de notre expérience vécue».

«A travers le dialogue vous créez un espace commun avec des personnes qui ont des opinions différentes des vôtres. Il naît une nouvelle signification partagée à un sujet donné. Ce n’est pas de la médiation ou de la résolution de conflits, c’est de l’échange. Nous ne cherchons pas à trouver un accord».

D’après elle, trois questions naissent du dialogue : que veux-tu ? de quoi as-tu besoin ? avec quoi peux-tu vivre ? L’objectif est d’arriver à un état dans lequel les participants sont satisfaits d’un accord et ne sentent pas d’humiliation à l’accepter.

«Le dialogue qui a eu lieu dans les prisons en Irlande a commencé avant qu’un accord crée la possibilité d’un cessez-le-feu. Ce sont les prisonniers qui l’ont créé», dit-elle.

«Cela fait près de 20 ans que je m’implique dans des processus de réconciliation, et j’ai peine à réaliser ce qui a été réussi. Les deux parties ont déclaré que la guerre était terminée. Maintenant, en Irlande du Nord, les gens se remettent à peine de la surprise. Ils comprennent que le traité va durer. Il y a un accord politique solide, ce qui ne veut pas dire qu’il ne reste pas de travail. Dix ans après la signature de l’accord, ils essaient encore de déterminer ce que sera le futur commun».

Certains participants ont dit à Anne Kerr qu’ils se demandaient si un jour une réconciliation serait possible entre Israéliens et Palestiniens. «On m’a dit dans le passé que les yeux du monde étaient tournés sur l’Irlande», dit Anne Kerr. « Si les Irlandais ont pu le faire, cela peut être fait n’importe où. Il y a pourtant eu des moments – comme après la rupture du cessez-le-feu en 1994 – où j’ai pensé que nous ne trouverions jamais de solution»

Parmi les participants à la dernière édition du  Forum figurait Aharon Barnea, qui a perdu son fils Noam en 1999 lors de l’explosion d’une bombe au Liban. «Notre mission est de construire la réconciliation», nous a-t-il déclaré. «Les Palestiniens doivent pouvoir sentir qu’il y a en Israël des éléments qui souhaitent la paix.»

Un autre intervenant était Jalal Khadeiri, qui a perdu ses parents et ses frères lors du premier conflit de 1967, et son meilleur ami durant le premier Intifada : «J’ai rejoint le Forum des Familles en 2004», dit-il. «Ce n’était pas facile pour moi de parler aux Israéliens. Pas par rancœur, juste parce que je ne les connaissais pas. Je les avais seulement vus avec des armes et faisant du mal.»

Khadeiri a décidé de rejoindre le forum après avoir participé à une réunion de directeurs d’écoles en Turquie, où il a entendu le discours d’un Israélien en deuil. «C’était la première fois que je voyais des Israéliens avec des sentiments.»

«La peine, la perte nous donnent le droit de crier : nous devons stopper cette absurdité – cette guerre et ses rancœurs », dit-il. « Notre situation de deuil nous permet de transmettre efficacement le message. Dans mon village, les gens me considèrent comme un patriote.»

«Rabin et Arafat ont signé un morceau de papier, mais ce traité n’a pas été signé dans le cœur des gens. Notre organisation travaille pour que le traité soit d’abord signé dans le cœur des gens. Cela demande beaucoup de travail», conclut Khadeiri.

Waisha El Khatib, qui a perdu son frère Mahmoud, dit : «Cette expérience est très importante. Quelque chose a changé en moi. Je peux maintenant plus écouter et comprendre le cœur humain.»

 

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