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France-Tibet : de nombreuses campagnes pour dénoncer la répression

Écrit par La Grande Époque
28.11.2007
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  • Marcelle Roux(PIG: STEPHANE DE SAKUTIN / ImageForum)

 

Le site du Nouvel observateur* vient de s’associer à l’action du Collectif Chine qui présente chaque semaine le cas d’un prisonnier dont il demande la libération immédiate.

Y-a-t-il d’autres actions entreprises par les associations de défense des droits des Tibétains à l’approche des JO de Pékin ?

 Marcelle Roux (MR) : De nombreuses campagnes tibétaines et pro-tibétaines ont été entreprises pour dénoncer la répression incessante exercée par le régime chinois au Tibet. C’est au cours de la 5e conférence internationale des groupes de soutien au Tibet à Bruxelles du 11 au 14 mai 2007 qu’il a été décidé du lancement de la campagne « Pékin2008 » pour le 4 août 2007.

 En France et dans l’attente des JO, cette campagne se décline en plusieurs actions associatives. Ainsi, l’association Passeport tibétain de Mulhouse/Belfort, travaille depuis plusieurs mois en collaboration avec la compagnie du cirque Bobof sur une création artistique destinée à sensibiliser le public sur la situation dramatique du Tibet. Cette collaboration a donné naissance à un spectacle intitulé Peu Gyalo qui s’insurge, tout en les rappelant, contre les exactions commises par la République Populaire de Chine, les massacres tels qu’en mars 1989 et la terreur que subissent les Tibétains au quotidien. Plusieurs représentations ont déjà eu lieu depuis la première, le 14 avril 2007 dans le territoire de Belfort. Et la tournée se poursuit, à Annemasse par exemple le 26 novembre.

Le drapeau du Tibet sur les sommets de plus de 4 000 mètres, dans les Alpes est aussi le projet de plusieurs alpinistes, membres de notre association France-Tibet qui souhaitent ainsi alerter le public et les médias régionaux ainsi que les sportifs à quelques mois des JO.

A noter aussi, durant la période des Jeux du 8 au 23 août 2008, pour tous les amateurs de randonnées, le Tour du Mont Blanc- la Kora organisé par Lions des Neiges - Mont Blanc.

Par ailleurs, en date du 11 novembre, c’est un total de 1 700 municipalités européennes dont 229 en France et 3 communautés de communes qui exposent le drapeau tibétain pour dénoncer les violations des droits de l’Homme et le manque de volonté des autorités chinoises d’entrer en négociations pour régler pacifiquement le problème du Tibet.

Cette campagne Drapeaux va s’intensifier tout au long de l’année 2008. Restons mobilisés !

 A votre avis peut-on estimer le nombre de Tibétains toujours emprisonnés à l’heure actuelle ?

MR: Il y aurait environ 150 Tibétains prisonniers actuellement répertoriés dont la disparition ou l’emprisonnement a été signalé par les familles. Ce chiffre est sans doute inférieur à la réalité. De plus, les noms tibétains ont été sinisés et ne permettent pas toujours le recoupement avec ceux des listes officielles.

Parmi ces prisonniers, il est indispensable de mentionner le cas de Gendhun Choeky Nyima, le XIe Panchen Lama, seconde personnalité du Tibet. Il a été enlevé en 1995 à l’âge de six ans alors qu’il venait d’être reconnu par le Dalaï Lama et cela fait maintenant douze ans. Aucune information n’a été fournie par le gouvernement chinois qui se contente de dire qu’il est « en bonne santé, qu’il étudie bien… et que sa famille ne souhaite pas qu’il soit à la merci [...] » de ce que les autorités chinoises appellent « séparatistes occidentaux » ou « suppôts du Dalaï Lama »...

Certaines associations de défense des droits de l’Homme déplorent la tendance à l’amalgame entre les Tibétains et les minorités en Chine. Que pouvez-vous dire à ce propos ?

 

MR: Le Tibet est un État occupé. Il faut bien comprendre que le Tibet tout comme le Turkestan oriental, est un État de droit avec son drapeau national et ses institutions. Le Tibet conduisait sa propre diplomatie, en témoignent un traité avec le Népal avant 1950 et un passeport récemment retrouvé portant les visas de plusieurs pays dont ceux de la France. Le Tibet avait sa propre philatélie et battait sa propre monnaie. Les Tibétains en exil connaissent leur hymne national créé par le Dalaï Lama précédent.  L’interpréter au Tibet aujourd’hui est passible de prison, de laogaï (camp de rééducation par le travail), voire de condamnation à la peine de mort… Il est indéniable que le Tibet est aussi caractérisé par sa langue et son écriture qui sont, sans aucun doute possible, complètement distinctes du chinois.

Il s’agit bien de l’occupation d’un territoire par les autorités chinoises... l’occupation militarisée d’un peuple voisin totalement pacifiste et d’une colonisation au sens le plus exact du terme, incluant l’exploitation massive de toutes les ressources et le travail obligatoire dans de nombreux secteurs. Il n’est pas acceptable de parler de minorité dans le cas du Tibet.

Ces confusions sont certainement sciemment entretenues lorsque le terme de « minorités » est employé pour désigner en Chine continentale les peuples envahis de la Mongolie septentrionale, du Turkestan oriental et du Tibet. Tous possédaient leur langue, leur écriture, leur drapeau national, leur hymne, leur philatélie ainsi que leur diplomatie. Ils sont en réalité devenus des minorités sur leur propre territoire et ce sont bel et bien leurs États que la République Populaire de Chine a colonisés. Comme le rappelle sans cesse Claude B. Levenson : « En fait, le problème de fond, c’est celui de la légitimité de la présence chinoise au Tibet, de la politique menée par Pékin dans un territoire militairement annexé, donc doccupé par la force, et de sa colonisation accélérée aujourd’hui par sinisation rapide par l’ouverture de voies de pénétration terrestre et ferroviaire supplémentaires… ».

Notons aussi que s’il arrive aux autorités tibétaines d’utiliser ce terme c’est dans le cadre des négociations visant à l’autonomie du Tibet.

 Pensez-vous que la réception honorifique du Congrès américain au Dalaï Lama et les invitations à se rendre dans plusieurs États ont un impact pour la cause tibétaine ?

MR : Pour toutes nos associations, cet hommage remarquable est aussi un encouragement formidable, tout comme lorsque des responsables politiques de haut rang ont le courage de s’entretenir avec le Dalaï Lama.

Il est évident que pour les Tibétains en exil et tous les défenseurs des libertés et des droits de l’Homme, il s’agit d’une reconnaissance importante, à l’échelle internationale : celle du chef politique et religieux du Tibet.

Il y a aussi malheureusement le revers de la médaille, si je puis dire. Il n’est qu’à constater la fureur du gouvernement chinois à la joie qu’ont manifestée les Tibétains qui vivent dans les territoires occupés par la Chine (région Autonome du Tibet, Kham et Amdo) à l’annonce de la remise de la médaille d’or par le Congrès américain, quand ils en ont eu connaissance par les radios telles que Voice of America ou Radio Free Asia, les émissions télévisées ayant été censurées.

Or, depuis cette date, début novembre, l’accès au monastère de Dreypung reste interdit, des moines et des nonnes qui voulaient honorer le Dalaï Lama sont encore portés manquants et selon les dernières informations, la campagne de rééducation patriotique se durcit sur tout l’est du Tibet.

Qu’en sera-t-il à l’approche des JO ? A quoi bon la fameuse trève olympique, demandée à l’ONU ? à sens unique vraisemblablement ? comme c’est hélas trop souvent le cas…

 Propos recueillis par  La Grande Époque

*Voir ici

**Claude B. Levenson, orientaliste auteur notamment de l’ouvrage Le Tibet otage de la Chine

 

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