L’exploitation des eaux souterraines accroît les risques sanitaires

Écrit par Irin News
03.11.2007

  • Le Népal est un des pays qui reçoit le plus d’eau au monde(攝影: / 大紀元)

NÉPAL

KATMANDOU – À Katmandou, la capitale népalaise, de nombreux habitants, pauvres pour la plupart, doivent se plier à la corvée d’eau quotidienne en se levant à l’aube pour aller faire la queue devant les fontaines municipales ou actionner les pompes électriques pour pomper l’eau des nappes souterraines.

L’eau fournie par la société publique Nepal Water Supply Corporation (NWSC) provient de sources de rivières et de zones de captage situées dans les contreforts de la vallée de Katmandou. Mais ce système de distribution ne suffit pas à couvrir les besoins en eau des quelque deux millions d’habitants de la ville.

La plupart des habitants sont alors contraints de consommer l’eau des sources souterraines, étant donné que le réseau de distribution d’eau potable couvre moins de 0 % de la demande dans la vallée. Pendant la saison sèche, les habitants reçoivent moins de 45 % des 200 millions de litres d’eau dont la région a besoin au quotidien.

Incapable de trouver une solution au problème de pénurie d’eau, la NWSC a autorisé les ménages, les hôtels, les restaurants et les entreprises industrielles à extraire des quantités illimitées d’eau provenant de sources souterraines, ont affirmé des spécialistes locaux en gestion de ressources hydrauliques.

Une exploitation effrénée des sources souterraines

Ces analystes se disent préoccupés par le nombre impressionnant de perçages de puits et de forages profonds réalisés en peu de temps dans la ville.

Selon les estimations de l’Environment and Public Health Organisation (EPHO), quelque 10 millions de litres d’eau de sources souterraines sont extraits quotidiennement; cette eau est polluée par des fuites provenant de fosses septiques construites pour la plupart sur des parcelles de terrain.

«Le problème est devenu encore plus grave, puisque les habitants déversent leurs eaux usées dans le système de drainage naturel des eaux; plus il y a d’extractions, plus les risques de contamination des sources souterraines sont grands», a expliqué Prakash Amatya de FORUM, une organisation non gouvernementale qui défend le droit à l’accès à l’eau potable et à la santé.

D’après les conclusions d’une étude de l’EPHO, l’eau des sources souterraines contiendrait du nitrate, de l’ammoniaque, du fer et du manganèse.

«L’eau provenant des sources souterraines et consommée par la plupart des ménages contient du nitrate et les gens ne sont pas conscients des dangers que cela représente pour leur santé», a fait remarquer M. Amatya. «Une forte concentration de nitrate accroît les risques de cancer de l’estomac et de décès chez les enfants», a-t-il ajouté.

«La mauvaise qualité de ces eaux est inquiétante et elle ne cesse de s’aggraver», a indiqué Narayan P Upadhaya, un autre spécialiste en ressources hydrauliques travaillant pour EPHO. Le public est très peu informé des dangers que représentent ces eaux contaminées et les autorités ne font pas grand-chose pour résoudre le problème.

Une purification qui coûte cher

Pour les spécialistes, la seule solution envisageable actuellement est la purification des eaux contaminées, mais la plupart des foyers n’ont pas les moyens de faire analyser et traiter l’eau.

À en croire les autorités, des efforts sont faits pour purifier d’importantes quantités d’eau pour s’assurer que l’eau consommée n’est pas contaminée.

La NWSC et la Royal Nepal Academy of Science and Technology ne possèdent pas de laboratoires d’analyse et de traitement des eaux, et il existe très peu de laboratoires privés de ce type, ont déploré les spécialistes.

Pour la majorité de la population, les coûts de traitement de l’eau sont prohibitifs. Par exemple, faire traiter l’eau pour en extraire le fer coûte au minimum 700 $, et 1500 $ pour l’ammoniaque; et cela dépend de la quantité d’eau à traiter et de l’importance de la contamination.

«L’analyse permet de connaître la qualité de l’eau que nous consommons», a expliqué Surendra Parajuli, technicien chez Water Engineering and Training Centre, le plus ancien laboratoire du pays. Mais seule une minorité de la population est abonnée au programme de traitement des eaux.

Depuis la création du centre, il y a quinze ans, moins de 2000 ménages ont fait analyser et traiter l’eau qu’ils consomment, et les clients qui le font sont généralement les hôtels et les entreprises industrielles.

«Même si ces programmes sont utiles dans une certaine mesure, rien ne permet d’affirmer qu’ils contribuent à éliminer le nitrate de l’eau», a fait observer M. Upadhaya.

Rationaliser la consommation d’eau

Alors que l’exploitation des sources d’eau souterraines se développe, certaines ONG s’emploient à apprendre à la population à rationaliser sa consommation d’eau. Selon certaines estimations, la quantité d’eau utilisée pour la consommation et la cuisine ne représenterait que 2 %, les 98 % restants étant utilisés pour la lessive, l’hygiène corporelle et les autres besoins domestiques.

Les études menées par le Centre for Integrated Urban Development on Household Water Use ont montré que les ménages aisés, composés de moins de cinq personnes, consommaient plus d’eau que huit personnes dans une famille défavorisée.

«Il faudrait amener chaque ménage à changer de comportement, cela pourrait éviter les gaspillages d’eau», a suggéré M. Amatya, qui a commencé sa petite formation sur la rationalisation de la consommation d’eau pour sensibiliser les habitants de Katmandou.

Au cours des trois dernières années, M. Amatya et ses collègues de l’ONG Forum se sont rendus dans les quartiers, riches et pauvres, pour expliquer aux habitants comment utiliser l’eau de manière rationnelle.

«Mais il est navrant de constater que les personnes, qui connaissent le mieux la valeur de l’eau, ne semblent pas en faire un bon usage», s’est-il désolé.