Anniversaire du Cinéma Beaubien : 70 ans de répertoire

Écrit par Floriane Denis, La Grande Époque - Montréal
02.12.2007

Le 3 décembre 2007, le Cinéma Beaubien a eu 70 ans. Retour sur sept décennies de cinéma au 2396, rue Beaubien Est.

Le Cinéma Beaubien a ouvert ses portes le 3 décembre 1937 dans le quartier Rosemont. À cette époque, il y avait des centaines de salles à Montréal. On dénombrait beaucoup de «palaces» sur les rues Saint-Laurent et Sainte-Catherine. Ils s’appelaient le Loews, le Capitol ou le Rialto. Ces luxueuses salles comptaient entre 3000 et 4000 places. Aujourd’hui, les édifices sont toujours là. À l’époque, chaque quartier avait sa salle de cinéma. Le quartier populaire de Rosemont s’était bâti autour des usines Angus, qui construisaient des chemins de fer. Le Beaubien comptait à son ouverture 700 petits sièges de bois. Le confort de la salle a ensuite été amélioré, et la salle peut maintenant accueillir 532 spectateurs.

En 1937, les matinées coûtent 20 sous et les séances régulières 30 sous, les spectateurs en ont pour leur argent. Chaque séance comprend un bulletin de nouvelles, des courts-métrages ou des petits films d’animation ainsi que deux longs métrages. Dès son ouverture, et surtout à partir des années 1950, le Cinéma Beaubien se fait une vocation de favoriser les films de répertoire dans sa programmation. Les gens du quartier se pressent pour découvrir les derniers films de la Nouvelle Vague ainsi que les films d’art et d’essai des années 1970.

Un sauvetage réussi

Au cours des années 1960, Cineplex Odeon achète le Cinéma Beaubien. Après une quarantaine d’années d’exploitation, en 2001, la chaîne décide de fermer la salle, devenue le Cinéma Dauphin, qu’elle ne juge plus rentable. Les gens du quartier se mobilisent pour sauver la principale institution culturelle du quartier. À l’aide de subventions du gouvernement, de la Ville et des conseils de la CEDEC de l’arrondissement Rosemont-Petite-Patrie, le cinéma Beaubien reprend son nom d’origine, sa vocation de cinéma d’art et d’essai et devient une entreprise d’économie sociale et culturelle du quartier.

Aujourd’hui, le cinéma est un organisme à but non lucratif. Ses profits sont versés à la communauté, principalement sous forme de séances gratuites pour les enfants, offertes en partenariat avec la Maison de la culture de l’arrondissement. En outre, le cinéma favorise l’emploi local. Ces postes sont surtout occupés par des étudiants, à qui il propose des bourses d’étude.

Même si Le Parisien a fermé ses portes, même si le public de certains festivals de cinéma commence à grisonner, Mario Fortin, directeur général du Cinéma Beaubien, ne craint pas le vieillissement de son public. «J’ai à cœur d’offrir une programmation de qualité. Peu importe l’âge de mes visiteurs. J’offre aussi des séances aux plus jeunes, en diffusant des films qu’on ne peut voir ailleurs.» M. Fortin explique que la tranche des 18-25 ans consomme surtout des blockbusters hollywoodiens, et que ceux-ci sont suffisamment diffusés dans les multiplexes. Alors tant pis si les jeunes sont moins présents au Cinéma Beaubien. D’ailleurs, la salle a fêté son millionième visiteur en juin dernier. Voilà qui prouve qu’elle est devenue un incontournable pour le cinéma d’art et d’essai à Montréal et que ses sauveurs avaient raison d’y croire.

À l’aube de la révolution numérique

L’aventure cinématographique n’est pas terminée. Selon Mario Fortin, l’enjeu le plus important pour l’industrie du cinéma est le passage à l’ère numérique. «Les cinémas passent encore des films sur 35 mm. Cependant, le numérique est à la veille d’arriver dans les salles. Ça ouvre la porte à de nombreuses possibilités.» On assiste déjà à la diffusion d’opéras. Les spectateurs pourront voir le ballet Casse-Noisette sur grand écran le 22 décembre prochain. Il est aussi question de retransmettre des événements sportifs en haute définition. «Je ne sais pas ce qui va se passer, mais c’est sûr que ça va changer le cinéma», prévoit Mario Fortin.

 

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Films à l’affiche cette semaine :

LE PEUPLE INVISIBLE (Robert Monderie et Richard Desjardins) précédé du court métrage KOKOM DÉMÉNAGE

NUE PROPRIÉTÉ (Joachim Lafosse)

CONTINENTAL, UN FILM SANS FUSIL (Stéphane Lafleur)

LA BRUNANTE (Fernand Dansereau)

Événement spécial les 8 et 9 décembre :

Trente ans. Yes sir! Madame, 30 heures de projection en continu pour marquer les 30 ans de la Coop Vidéo de Montréal.

Films à venir en décembre :

L’ÂGE DES TÉNÈBRES de Denys Arcand

LE DERNIER CONTINENT de Jean Lemire et le film d’animation U de Serge Elissalde et Grégoire Solotareff

Films à venir en janvier :

LA QUESTION HUMAINE de Nicolas Klotz

PERSEPOLIS de Marjane Satrapi