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Fin du « tabou » Falun Gong en Chine

Écrit par La Grande Époque
28.12.2007
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Interviewé par notre reporter, l’ancien directeur du département Chine de Radio France International (RFI) et ancien journaliste de l’information, Wu Baozhang a dit que cette lettre était très significative, car Wang Zhaojun a pointé les questions évitées par tous les documents du 17ème congrès du Parti communiste de Chine. Pour M.Wu, cette lettre pourrait être le tournant menant à la fin de la persécution contre le Falun Gong et à la démocratisation de la Chine. Extraits choisis de son interview.

Un excellent timing

« Le moment choisi par Wang Zhaojun pour publier sa lettre ouverte était excellent. Lors du 17ème Congrès du PCC, le président chinois Hu Jintao a plus d’une fois fait mention de la démocratie et des questions concernant avant tout la population. Mais la question demeure : pourquoi n’y a-t-il pas de démocratie en Chine depuis soixante ans que le régime communiste chinois y a le pouvoir ? Hu Jintao ne l’aborde pas, pas plus qu’il ne répond vraiment aux problèmes concernant l’économie, la société, la finance et la protection de l’environnement en Chine. Par contre, tous les problèmes évités par le 17ème Congrès national ont été pointés dans la lettre ouverte de Wang Zhaojun. Par conséquent, je pense que le timing de cette lettre est excellent en ce qu’elle offre à la population chinoise l’opportunité de connaître les faits. C’est la raison pour laquelle elle est si significative.

Je pense que la première chose que nous devrions faire est de largement faire circuler le message parmi le grand public, comme nous avons fait circuler les Neuf commentaires sur le Parti communiste. Cela pour permettre au peuple chinois de savoir qu’aussitôt fini le 17ème Congrès, un Membre du Comité permanent de la Conférence consultative a remis en question les conclusions du Congrès national avec des arguments de poids. Ce genre de choses n’est jamais arrivé dans l’histoire du régime communiste chinois, et c’est vraiment quelque chose de bon. »

Lever le tabou sur le Falun Gong en Chine

« Le plus significatif concernant cette lettre est qu’elle lève le tabou sur le Falun Gong en Chine. La question du Falun Gong a finalement été à nouveau discutée officiellement. C’est quelque chose de très important, car non seulement Wang a mentionné que la répression du Falun Gong est erronée, mais il a aussi appelé à la fin immédiate de la persécution du Falun Gong. En outre, il a déclaré que la répression du Falun Gong revient à une répression de la population chinoise toute entière. »

« À l’époque, le régime communiste chinois a un jour résolu d’éliminer le Falun Gong en dix-huit mois, mais sans succès. Au contraire le Falun Gong est devenu de plus en plus populaire. Certains ont dit que le Falun Gong est impliqué dans la politique, mais peut-être devrions nous dire qu’ils sont considérés par certains comme faisant de la politique. À ma compréhension, ils n’ont aucune intention politique et ce qu’ils ont demandé c’est simplement la justice, le droit et la liberté de pratiquer librement les exercices du Falun Gong. »

« Cette lettre ouverte est adressée à Hu Jintao et Wen Jiaobao (Premier Ministre Chinois), qui pourraient avoir l’intention de résoudre le problème. Nous devrions permettre aux gens de réaliser que le soi-disant problème du Falun Gong n’est rien d’autre qu’un crime flagrant commis par le régime chinois sous couvert des mensonges éhontés qu’ils ont eux-mêmes inventés. La fondation de cette opinion publique serait, je pense, d’une grande aide pour certains des dirigeants aux plus hauts échelons en Chine qui espèrent résoudre le problème. À notre compréhension, ils n’ont pas été directement impliqués dans les atrocités de la persécution du Falun Gong. A ce jour, ils ont été circonspects dans leurs déclarations et n’ont jamais révélé leur position sur la question du Falun Gong. Ceci autorise les gens à penser qu’ils ont peut-être l’intention de résoudre la question. Si nous prenions avantage de cette lettre ouverte pour lever le tabou du Falun Gong, et aider le grand public à avoir une compréhension correcte du Falun Gong , les opinions publiques pourraient servir d’élan pour que Hu et Wen traitent la question du Falun Gong. Cela pourrait créer un climat plus favorable pour qu’ils puissent résoudre la question. »

Le silence de Hu Jintao et Wen Jiabao

« Je ne peux pas m’empêcher de me demander s’il y a eu un accord politique entre Hu Jintao, Wen Jiabao et l’ancien président Jiang Zemin. Je pense que la pré condition pour que Jiang autorise Hu à être président aurait pu être que Hu ne toucherait jamais à la question du Falun Gong, ni ne rétablirait la réputation du Falun Gong. En dépit du fait qu’il y ait pu avoir entre autres quelque chose de cet ordre, si Hu et Wen voulaient résoudre ce problème, ce ne serait pas trop difficile de renverser cet accord. Je pense que dans les circonstances actuelles, tout est prêt et que la seule chose dont ils ont besoin c’est l’élan. »

« Nous devrions permettre au grand public de savoir qu’à la suite des répressions des propriétaires terriens, des capitalistes, des droitiers, des activistes de la démocratie participant au mouvement du Mur de Xidan pour la Démocratie, les soi-disant gangsters et voyous locaux, la répression du Falun Gong n’est rien d’autre qu’une persécution politique. C’est un crime flagrant commis par le régime chinois avec des mensonges fabriqués de toute pièce. Quant au prélèvement d’organes sur des pratiquants de Falun Gong vivant, si le grand public était au courant des faits concernant ces atrocités, je crois que cette persécution serait impossible à soutenir. »

Une persécution vouée à l’échec

« Dans ce dernier demi-siècle de l’histoire de la Chine, ce ne sont pas seulement Mao Zetong et Deng Xiaoping, mais aussi Jiang Zemin qui ont été confrontés aux forces d'opposition. Mais la situation de nos jours est différente. Aujourd’hui, les forces d’opposition peuvent devenir encore plus formidables lorsqu’elles sont réprimées. Prenons les pratiquants de Falun Gong comme exemple. Comme nous le savons tous, pour clarifier les faits, ils ont établi leurs propres médias indépendants, qui ont été très efficaces pour propager largement la vérité à propos du Falun Gong dans le monde entier. »

« Durant l’époque de Mao, les forces d’opposition n’ont pas été capables de le faire, car les conditions historiques n’étaient pas mûres. Après tant d’années, les forces d’opposition des époques de Mao, de Deng et de Jiang se sont consolidées et ont atteint un consensus que l’autocratie du PCC doit prendre fin le plus rapidement possible, et c’est le seul espoir pour la Chine, par conséquent, les gens perspicaces au sein du Parti communiste chinois devraient avoir noté qu’il n’y a pas d’autre choix que de procéder à des réformes politiques. Il pourrait être douloureux de le faire à travers des réformes constitutionnelles et démocratiques, toutefois, les expériences historiques ont pleinement prouvé que c’est quelque chose dont nous ne pouvons pas nous passer. Mieux vaut prendre l’initiative d’initier ces réformes que de suivre le courant de l’histoire. »

« D'après ma connaissance de l'histoire du Parti, il est en fait très simple de mettre fin à la persécution du Falun Gong, c'est à dire, de convoquer une séance plénière du Comité central du PCC et de sortir un rapport sur la question du Falun Gong. Une annonce est faite sur comment traiter la question du Falun Gong, qui devrait être traduit en justice et qui devrait être destitué, puis une motion est passée à la séance plénière. Ça n'est vraiment pas difficile de résoudre ces problèmes. »

« Le régime chinois est très expérimenté pour faire ce genre d'arrangements. La clé est leur volonté politique. S'ils le veulent vraiment, ils le feront ;si le régime ne veut pas le faire, alors la question doit faire l'objet de tergiversations. Si tel est le cas, nous pourrions mettre fin au gâchis historique accompagnant des tyrannies comme celles de Mao Zedong, Deng Xiaoping et Jiang Zemin. »

Note : Le Mur de la démocratie était un long mur de briques dans la rue Chang'an dans le quartier Xidan de Pékin, devenu le point de convergence de la dissidence démocratique. Dès décembre 1978, en ligne avec la politique du Parti communiste de Chine de " chercher la vérité des faits," des activistes du mouvement pour la démocratie tels que Xu Wenli consignaient des informations et des idées, souvent sous forme d'affiches en gros caractères (dazibao) , durant une période connue sous le nom de "Printemps de Pékin".

 

Plus de 204 720 056 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.