L’UE devrait combler le vide de leadership concernant les droits humains

Écrit par Human Rights Watch
01.02.2007

 

 

Plutôt que de viser l’unanimité aux dépens de l’efficacité, l’Union

européenne devrait combler le vide de leadership mondial sur le plan

des droits humains en adoptant une politique énergique basée sur des

principes, a déclaré Human Rights Watch, à l’occasion du lancement de

son Rapport mondial 2007.

  • Photo : AFP(STR: / ImageForum)

 

 

Il y a cinq ans aujourd’hui, les Etats-Unis envoyaient leurs premiers détenus à Guantanamo. Alors que la Chine et la Russie, en quête de ressources et d’influence, s’accolent à des tyrans, l’Administration Bush se révèle largement incapable d’assumer le leadership en matière de droits humains. Mais plutôt que de reprendre le flambeau du leadership, l’Union européenne s’empêtre dans des procédures qui mettent l’accent sur l’unanimité en son sein et sur le principe de rotation au détriment d’une projection réelle de son influence en vue de protéger les droits humains, explique l’essai introductif du document de 556 pages.

« Puisque les Etats-Unis ne sont pas en mesure d’assumer un leadership crédible sur le plan des droits humains, les pays européens se doivent de prendre le relais », a déclaré Kenneth Roth, directeur exécutif de Human Rights Watch. « Pourtant, l’Union européenne évolue bien au-dessous de sa catégorie ».

Human Rights Watch déplore le fait que les Etatsmembres de l’UE aient adopté, en matière de protection des droits humains, une approche axée sur « le plus petit dénominateur commun ». En d’autres termes, les gouvernements qui penchent en faveur d’une attitude accommodante entraînent dans leur sillon ceux qui préfèrent une approche plus dure face aux graves violations des droits.

 

Par exemple, l’UE a fait marche arrière en ce qui concerne les sanctions qu’elle avait imposées suite au massacre perpétré en mai 2005 dans la ville ouzbèque d’Andijan et elle a réagi mollement face au coup d’Etat du roi au Népal en 2005. De même, lorsque des gouvernements répressifs se sont alliés pour entraver toute action efficace au sein du nouveau Conseil des droits de l’homme des Nations Unies, la capacité de l’UE à réagir s’est vue handicapée par son souci de microgérer et son besoin de consensus.

Human Rights Watch a appelé l’Allemagne, qui assume la présidence tournante de l’UE depuis le 1er janvier, à adopter des mesures courageuses visant à mettre en place une politique étrangère européenne plus efficace, transparente, respectueuse de principes, afin de protéger les droits humains à travers le monde.  

Le rapport met en évidence les nombreux défis en matière de droits humains qui doivent de toute urgence être pris en considération. La situation en Irak a dégénéré en un bain de sang sectaire et politique dont les civils sont les principales victimes.

Des régimes dictatoriaux persistent en Arabie saoudite et en Syrie. La Chine régresse. La Russie et l’Egypte musèlent les organisations non gouvernementales. L’Iran et l’Ethiopie réduisent au silence les voix dissidentes. Robert Mugabe préférerait précipiter le Zimbabwe dans la ruine plutôt que de tolérer une opposition politique. Human Rights Watch a relevé quelques événements positifs dans le Sud global, notamment le soutien des dirigeants africains aux procès des ex-Présidents Charles Taylor du Libéria et Hissène Habré du Tchad pour violations des droits de l’homme, ainsi que l’appui latino-américain à la Cour pénale internationale.

 

Mais l’organisation de défense des droits humains a par ailleurs vivement recommandé aux démocraties du sud d’en faire davantage pour soutenir les droits humains, notamment en rompant avec les dirigeants régionaux répressifs en vue de jouer un rôle plus constructif au sein du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.