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Les méthodes de Gazprom face à l’Union Européenne

Écrit par Heide B. Malhotra
11.02.2007
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L’Europe est supposée avoir une politique énergétique commune, ce qui

n’empêche pas le russe Gazprom de séduire et de diviser ses plus grands

clients – Allemagne, Italie, France, suggère le service de Business

Intelligence du journal The Economist, dans un article intitulé

«L’économie russo-européenne, ou la French Connection de Gazprom

  • Gazprom, le géant gazier propriété de l’Etat russe(Stringer: AFP / 2006 AFP)

 

 

Une division qui ennuie Bruxelles au vu du contrôle exercé sur le gazier par le pouvoir russe, et de la facilité de ce dernier à employer les robinets des oléoducs comme moyen de pression politique – l’Ukraine et la Biélorussie en ont déjà fait les frais…

 

L’analyse du journal économique trouve écho auprès de nombreux autres spécialistes, dont Paul Dunay, chercheur à l’Institut de Recherche sur la Paix à Stockholm, qui rappelle que « chaque pays européen a ses propres relations bilatérales et ses propres accords commerciaux avec la Russie dans le domaine de l’énergie. »

Gazprom est l’unique fournisseur de gaz naturel pour la plupart des pays de l’ancien bloc soviétique et pour la Finlande. Il est également un fournisseur essentiel pour l’Allemagne, l’Italie et la France. L’Union Européenne dans son ensemble reçoit environ 15% de son gaz naturel par la gazier russe.

Lors de sa rencontre à la mi-janvier au sujet des risques d’une diminution de l’approvisionnement européen par Gazprom, la Commission Européenne n’a pu que constater que Gazprom avait déjà négocié et signé des contrats avec les différentes entreprises européennes actrices du secteur, et vigoureusement assis sa position sur le marché européen.

 

Hordes de négociateurs

Les discussions feutrées de la Commission Européenne sur une stratégie énergétique commune vis-à-vis du gazier se sont donc déroulées au moment même où Gazprom déployait ses troupes de lobbyistes dans les pays de l’Union, décrochant des contrats par exemple avec l’autrichien OMV Aktiengesellschaft, l’italien Eni S.p.A., le français Gaz de France (GdF).

GdF a annoncé en décembre avoir renouvelé son contrat avec Gazprom jusqu’à 2030. GdF achètera au gazier russe 2,5 milliards de mètres cube annuellement, transportés par l’Oléoduc Nord et qui, dans le courant de l’année, commenceront à arriver directement aux utilisateurs finaux.

« Voici un exemple marquant du succès de la stratégie de Gazprom » se félicité Alexei Miller, Président du Directoire de Gazprom, dans un communiqué de presse.

Le leader allemand E.ON Ruhrgas ne s’est lui pas décidé à « donner accès au gazier russe à son segment du marché allemand » indique Igor Tomberg, directeur de recherche au centre russe de politique énergétique.

Ceci n’a toutefois pas empêché Gazprom de se payer un part du bretzel énergétique allemand. Il a signé des accords financiers avec des entreprises allemandes, leur promettant une partie de ses intérêts dans le puits de gaz de Yuzhno Russkoye en échange du droit d’accès aux circuits de distribution européens.

Les négociations et les signatures de contrat se poursuivent avec de nombreuses entreprises européennes. Gazprom souhaite élargir sa présence jusqu’au cœur du système énergétique européen, par exemple en participant aux oléoducs sous-marins de mer baltique.

L’entreprise hollandaise N.V. Nederlandse Gasunie, en partenariat stratégique avec Gazprom depuis des années, l’a également invité à participer à la construction d’un oléoduc sous-marin entre Belgique et Grande Bretagne.

Titiller les petits frères

L’Ukraine qui souhaite depuis début 2006 se rapprocher l’Union Européenne et se libérer de l’influence de Moscou, n’a pu éviter l’affrontement avec Gazprom.

L’Ukraine a finalement obtenu du gaz à un prix proche du prix de production en échange du droit de transit de ce même gaz vers l’Europe par les oléoducs traversant son territoire.

La Biélorussie a finalement décroché fin 2006 un accord lui offrant le gaz en dessous du coût de revient, en échange de 50% de participation de Gazprom au capital de Beltransgaz, une entreprise de transport d’énergie..

Trois entreprises géorgiennes du secteur de l’énergie, y compris Mtkvari Energetika, ont également signé des accords avec Gazprom.

De même pour la compagnie nationale serbe Srbijagas, aux fins de construire un oléoduc traversant la Serbie et ouvrant de nouvelles routes d’export au gaz russe

 

 

Le trust au bout du chemin ?

Gazprom, soutenu par le gouvernement russe, est sourd à toute suggestion. Pour Roman Kupchinsky, de Radio Free Europe,« le Kremlin restera intransigeant, en se disant que comme la force a toujours bénéficié à la Russie, cela va continuer »

Robert R. Amsterdam, du cabinet d’avocatsAmsterdam & Peroff a écrit pour le International Herald Tribune que « Gazprom déploie trois stratégie : la cooptation – développer des partenariats avec certains pays, les responsables politiques, et des entreprises dont les intérêts sont compatibles avec les sien ; la préemption -  l’utilisation de ressources amont grâce à ses liens avec le Kremlin pour manipuler l’aval et séparer l’Europe avec des accord bilatéraux »

Les stratégies préemptives de l’entreprise incluent l’achat à n’importe quel prix d’actions des entreprises du secteur de l’énergie. Gazprom a ainsi pu « inonder le marché turc avec son gaz, bloque le gaz ukrainien et le pétrole biélorusse tout en offrant un accès privilégié à l’Italie ».

Et pour rester dans son fauteuil européen et laisser dehors la compétition, Gazprom, avec l’aide du Kremlin, fait tout son possible pour empêcher l’arriver du gaz iranien dans le Caucase, et celle du gaz algérien en Espagne et en Italie.

 

 

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