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Irak : la dernière chance ?

Écrit par Noé Chartier, La Grande Époque - Montréal
13.02.2007
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Un nouveau commandant et un nouveau plan de sécurité, est-ce assez ?

Les États-Unis jouent-ils leur dernière carte en Irak? Une déclaration du nouveau secrétaire à la Défense, Robert Gates, pourrait laisser croire que oui. Sans parler d’un retrait des troupes, M. Gates a confié au Congrès américain que si la nouvelle stratégie se révélait inefficace, il serait prêt à «sortir les troupes du danger». Bien qu’il n’ait pas précisé ce que cela pouvait signifier, on pourrait y comprendre un repositionnement en périphérie des centres urbains pour éviter le plus possible les embuscades et attentats. 

  • Un capitaine de l’armée américaine blague avec des enfants(Staff: Chris Hondros / 2007 Getty Images)

 

La déclaration de M. Gates coïncide avec deux événements importants: l’arrivée d’un nouveau commandant à la tête des 140 000 soldats américains et alliés en Irak, soit le général David Petraeus, et le début de l’application du plan visant à sécuriser Bagdad, qualifié par plusieurs de «plan de dernière chance»…

Nouveau commandant

Le général Petraeus n’est pas nouveau à l’Irak et à ses réalités insurrectionnelles. Il a déjà passé plus de deux années dans ce pays après l’invasion américaine alors qu’il commandait la 101e division aéroportée et aidait à la remise sur pied de l’armée irakienne. À son retour aux États-Unis, il a réécrit le manuel de contre-insurrection de l’armée de terre.

Lors de la cérémonie de passation des pouvoirs au Camp Victory, une base américaine située dans un palais de l’ex-président Saddam Hussein en périphérie de Bagdad, Petraeus a déclaré: «Il est temps pour tous les Irakiens de rejeter la violence, le crime et la corruption et de relever la tête contre ceux qui emploient de telles méthodes.»

«Les responsabilités sont très lourdes. En vérité, elles sont trop lourdes pour une seule personne et nous devrons partager le fardeau et avancer ensemble», a-t-il ajouté. «En cas d'échec, l'Irak sera condamné à la violence», a-t-il prévenu.

Le plan de sécurité

Le plan de sécurisation de la capitale irakienne mise sur le déploiement de 35 000 soldats américains et de 50 000 soldats et policiers irakiens. Certains quartiers demeurent des forteresses impénétrables et la présente stratégie vise à y installer des postes avancés. Ces derniers seront positionnés dans des édifices ou des maisons barricadés et seront occupés par des soldats alliés et irakiens.

Il est rapporté que les soldats sur place voient cette nouvelle initiative d’un bon œil, car elle leur permettra d’entrer en mode offensif. Ils espèrent également que leur présence, plus près des gens, leur fournira de l’information critique qui leur permettra de débusquer des insurgés ou de contrer leurs attaques. Mais la présence de forces irakiennes à leurs côtés peut jouer dans les deux sens, car ces dernières ont souvent des loyautés sectaires qui peuvent les trahir.

Mais l’on rapporte également que les milices du dirigeant shiite radical, Moqtada al-Sadr, n’ont aucunement envie d’en découdre ouvertement avec les forces américaines. Leur stratégie, alors que le plan de sécurité est mis en branle et que Bagdad est ratissée, est de se fondre parmi la population, adoptant des habits plus communs et cachant les armes dans toutes sortes d’endroits, comme des kiosques à crème glacée.

L’Iran

La stratégie de l’Iran semble de plus en plus clair. «L’Iran considère l’Irak comme sa ligne de front contre les États-Unis et leurs alliés», écrit Mounir Elkhamri dans un article publié sur le site de la Jamestown Foundation, un centre d’analyse politique basé à Washington D.C. Selon l’auteur, Téhéran a accueilli favorablement l’invasion américaine de l’Irak, son pays voisin ennemi contre lequel elle a mené une guerre de huit ans durant les années 80.

Alors qu’il est assez récent que les États-Unis accusent de manière soutenue l’Iran de participer à l’insurrection irakienne, l’implication de la république islamique daterait d’assez longtemps et ses objectifs à long terme seraient assez critiques pour la région.

Le bras long de la république islamique shiite a déjà un accès privilégié dans la politique irakienne, dominée en majorité par les shiites. Advenant un retrait des troupes américaines, il est certain que la guerre civile prendrait une ampleur sans précédent, mais il est moins discuté que l’Iran ferait tout pour amener sous son contrôle total toutes les régions à dominance shiite.

«Quand les shiites dans le sud de l’Irak, qui sont loyaux à l’Iran, vont demander leur indépendance dans les provinces du sud, ils vont contrôler la deuxième plus grande réserve de pétrole après l’Arabie saoudite. L’Iran se verrait éventuellement en contrôle de presque 20 % des réserves de pétrole mondiales», écrit l’analyste du Moyen-Orient, Mounir Elkhamri.

Le 11 février, des informations plus concrètes sur l’implication iranienne en Irak ont été fournies aux médias par des hauts responsables américains de la Défense. Selon eux, des bombes iraniennes ont causé la mort de 170 soldats américains et alliés depuis juin 2004.

«L'Iran est impliqué dans la fourniture de projectiles explosifs (EFP)

et d'autres matériaux à des groupes extrémistes irakiens», a déclaré

l’un des responsables, sous le couvert de l’anonymat. Selon eux, les

Brigades Al-Qods des Gardiens de la révolution iranienne sont

directement impliquées. «Nous estimons que ces activités sont

commanditées par les plus hauts niveaux de l'administration iranienne»,

a spécifié un des hauts responsables américains, mentionnant que ces

groupes armés répondent au guide suprême, l’Ayatollah Ali Khamenei.

 

Les responsables ont aussi présenté aux médias des photos à titre de preuves.

«Je suppose qu'ils [les Iraniens] essaient d'effacer leurs empreintes

d'une façon ou d'une autre et qu'on ne trouvera pas sur ces équipements

un tampon Made in Iran. Mais la technologie et le savoir-faire

proviennent d'Iran», a déclaré dernièrement le porte-parole du

département d’État américain, Sean McCormack.

 

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Le renseignement

Ces informations n’arrivent pas au meilleur moment pour

l’administration américaine, car certaines conclusions d’un rapport de

l’inspecteur général du Pentagone, Thomas Gimble, ont été rendues

publiques le 9 février 2007. Elles mentionnent le rôle controversé de

l’ex-sous-secrétaire à la Défense, Douglas Feith, dans la préparation

de la guerre en Irak, notamment dans la fabrication de renseignements

erronés liant Saddam Hussein à l’organisation terroriste Al-Qaïda.

Est-ce qu’il y aurait, avec les allégations de bombes iraniennes, cette

volonté de Washington de préparer le terrain pour une intervention

militaire en Iran? À la lumière des récents développements, les

États-Unis et l’Iran se battent déjà pour l’Irak, alors une extension

ouverte du conflit est dans le domaine du possible.

Avec AFP.

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.