Le régime chinois tue encore les pratiquants de Falun Gong pour leurs organes, selon un rapport

Écrit par Cindy Chan, La Grande Époque - Ottawa
06.02.2007

«Nous croyons qu’il y a eu et qu’il continue d’y avoir aujourd’hui des prélèvements d’organes à grande échelle sur des pratiquants de Falun Gong non consentants», concluent les auteurs canadiens d’un rapport-choc sur le prélèvement d’organes en Chine, dans sa version actualisée présentée à Ottawa le 31 janvier 2007.

Après avoir publié leur premier rapport le 6 juillet 2006, les auteurs David Matas, un avocat spécialiste des droits de l’homme, et David Kilgour, l’ex-secrétaire d’État pour la région Asie-Pacifique, ont voyagé dans presque 30 pays pour mener des recherches plus approfondies et rendre publiques leurs découvertes.

  • David Kilgour et David Matas (攝影: / 大紀元)

 

Ils ont reçu plusieurs commentaires, quelques critiques, et réuni un grand nombre de preuves additionnelles depuis la publication du rapport, a dit M. Matas dans une conférence de presse sur la colline parlementaire. Ils ont aussi été en contact avec plusieurs témoins, a-t-il ajouté. Le nouveau rapport, intitulé Récolte sanglante, présente un «cas encore plus convaincant pour nos conclusions».

M. Matas a dit que le nouveau rapport vise à répondre aux critiques formulées contre le rapport précédent et présente de nouvelles informations. Cela produira également un cadre plus analytique à la discussion, a-t-il déclaré.

Plus important encore, ajoute M. Matas, est le travail pour stopper le prélèvement d’organes en mettant en place des mesures de précaution ou préventives.

 «Celles-ci ne sont pas mises sur pied en Chine, ni malheureusement dans le monde», a-t-il commenté, où existe la «source principale de la demande pour ce produit dépravé».

 

Le rapport de 65 pages, comportant vingt pages de plus que le premier, aborde 33 sujets, dont seize nouveaux.

Le nouveau rapport jette une la lumière sur l’état de la santé et du financement militaire en Chine. Ceux-ci reposent sur l’argent provenant des greffes d’organes illégales pour compenser les budgets déficitaires, indique le rapport.

Le rapport mentionne aussi comment les États étrangers financent les citoyens qui vont en Chine pour des transplantations. Le rapport contient des entrevues avec les receveurs d’organes de plusieurs pays et discute des traitements que subissent les prisonniers condamnés à mort.

Les détails de nouveaux appels téléphoniques aux hôpitaux en Chine où les employés s’incriminent eux-mêmes sont aussi inclus. Il y a également plus de preuves indiquant qu’il y a un grand nombre de pratiquants de Falun Gong détenus qui refusent de s’identifier et qui disparaissent par la suite.

Le rapport cite 41 500 transplantations non expliquées de 2000 à 2005 – la période de six ans depuis que la persécution du Falun Gong a commencé en 1999 – qui ne proviennent pas de prisonniers déclarés coupables et exécutés, ni de personnes cliniquement mortes, ni de donneurs au sein de la famille.

Tourisme axé sur le commerce d’organes

«Les pratiquants de Falun Gong qui sont simplement tués et dont [leurs organes] sont vendus au plus offrant, ce sont ces personnes que nous tentons de protéger», a dit M. Kilgour. Les auteurs du rapport suggèrent une série de moyens pour décourager les étrangers, qui comptent pour un nombre significatif des receveurs d’organes en Chine, d’aller chercher des organes là-bas.

Les États étrangers devraient voter des lois extraterritoriales pour pénaliser les citoyens qui reçoivent un organe n’ayant pas été librement donné. De plus, il ne devrait y avoir «aucun contact avec les professionnels chinois de la transplantation par la formation, les conférences ou la recherche» jusqu’à ce que la Chine cesse définitivement la pratique du prélèvement d’organes de prisonniers.

Les auteurs du rapport ont d’autres recommandations: les médecins devraient décourager les patients d’avoir une opération de greffe en Chine; les compagnies pharmaceutiques devraient arrêter d’envoyer des médicaments antirejet et autres médicaments en Chine; et les États étrangers devraient bannir l’exportation de tels médicaments en Chine.

M. Matas a dit que les citoyens obtenant des greffes d’organes commerciales à l’étranger ne devraient pas être remboursés ou recevoir des fonds pour les soins postopératoires. «Les contribuables ne devraient pas payer pour ces soins», a-t-il fait remarquer.

Le rapport est allé plus loin et a recommandé que les pays étrangers bannissent l’entrée des médecins ou de quiconque impliqué dans la pratique du prélèvement d’organes.

Relation avec le Canada

Pendant la conférence de presse, MM. Kilgour et Matas ont focalisé sur leur pays d’origine, le Canada, comme exemple pour certaines de leurs recommandations.

«Il ne fait aucun doute que des Canadiens font partie de ces personnes qui, dans plusieurs régions du monde, se rendent en Chine pour y recevoir des greffes», tel que mentionné dans le communiqué de presse. M. Kilgour l’a nommé «tourisme axé sur le commerce d’organes». M. Matas et lui avaient récemment obtenu des confirmations d’hôpitaux à Toronto, Vancouver et Calgary que les Canadiens allaient en Chine pour des greffes, a-t-il dit.

Le Canada devrait émettre des avis aux voyageurs disant aux Canadiens allant en Chine pour des greffes d’organes qu’ils pensent peut-être recevoir un organe d’un meurtrier exécuté, mais selon «toute probabilité» ils obtiendront l’organe «de quelqu’un qui n’a rien fait de mal», a insisté M. Matas. Ces recommandations aux voyageurs devraient avertir que les sources d’organes en Chine sont «presque tous de prisonniers non consentants, peu importe s’ils sont des condamnés à mort ou des pratiquants de Falun Gong».

Selon quelques renseignements glanés, plus de 100 patients canadiens vont en Chine, a dit M. Matas. Ce qui est inquiétant, a-t-il ajouté, c’est qu’il semblerait que la tendance est à la hausse au Canada, mais en Australie et dans d’autres pays, la tendance est à la baisse, ceci est attribuable en partie à la publicité entourant le premier rapport sur les prélèvements d’organes. Ils ont pressé le gouvernement canadien à recueillir des statistiques nationales adéquates sur le phénomène.

MM. Matas et Kilgour ont aussi demandé au Conseil canadien pour le don et la transplantation de les informer de l’ampleur des voyages des Canadiens en Chine pour des greffes. La semaine dernière, ils ont appris que certaines provinces demandaient à de tels patients, nécessitant des soins postopératoires, d’indiquer où ils avaient eu leur opération. Ils pressent le gouvernement canadien et les médecins à faire plus d’efforts pour parler aux gens de la situation de la saisie d’organes en Chine. 

{mospagebreak}

 

Un témoin parle

Wang Xiaohua, un ancien ingénieur de la province de Yunnan, a parlé à

la conférence de presse en tant que témoin de l’analyse de sang

systématique des pratiquants de Falun Gong incarcérés en Chine.

Il a été emprisonné pendant deux ans dans un camp de travail en Chine.

Il a dit qu’en janvier 2002, chaque pratiquant de Falun Gong là-bas

avait subi un examen physique, incluant l’examen du foie, des reins et

l’analyse du sang.

«Évidemment pas pour des raisons de santé, puisque nous étions torturés

et maltraités», a-t-il expliqué. Les examens et analyses n’ont pas été

faits sur les autres prisonniers. Personne ne comprenait la raison,

a-t-il ajouté, et c’est seulement quand la nouvelle sur les

prélèvements d’organes a été exposée que «nous avons commencé à

comprendre».

Les Jeux olympiques comme levier

Les Jeux olympiques devraient être utilisés «comme levier pour que [les

autorités chinoises] arrêtent cette pratique terrible», a commenté M.

Kilgour à La Grande Époque.

«La raison pour laquelle cela se produit est que nous avons un

gouvernement totalitaire combiné avec ce que j’appelle un "capitalisme

carnivore" où tout peut aller, et ça ne devrait pas surprendre les gens

de savoir que cette pratique inimaginable a lieu», a-t-il observé.

M. Kilgour croit que le Comité olympique international devrait

«commencer à faire des demandes strictes à la Chine», en commençant par

l’arrêt immédiat des prélèvements d’organes. Il a ajouté que si les

prélèvements d’organes ne cessent pas, des milliers et des milliers de

gens arriveront à Beijing en 2008 avec des insignes disant «Arrêtez de

persécuter le Falun Gong» ou «Arrêtez la saisie d’organes».

«Leur réputation sera totalement en disgrâce.»