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La paix n'est-elle qu'une vue de l'esprit ?

Écrit par David Kilgour, ancien secrétaire d’Etat du Canada
08.02.2007
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Une salle comble pour le colloque : «La paix qu’est-ce que c’est ? et

comment la faire ?» Placé sous le parrainage de François Vendasi,

sénateur de Haute Corse, cet événement a eu lieu le 11 janvier dernier

au Palais du Luxembourg.

  • L'ancien secrétaire d'État(攝影: / 大紀元)

 

 

Il a réuni, autour du président de séance, Monsieur André Lewin, ambassadeur de France et Président de l’association française des Nations unies des orateurs de talent dont la diversité et la richesse des discours ont rempli de satisfaction les participants qui n’ont pas caché leur souhait d’assister à d’autres débats. Par la voix de Monsieur l’ambassadeur, les organisateurs ont fait savoir que d’autres rencontres étaient prévues prochainement sur ce thème des plus actuels. En effet, l’association « Agir pour les droits de l’homme » que préside Marie-Françoise Lamperti annoncera bientôt les dates du prochain colloque.

Le mot « paix » évoque des significations différentes selon le contexte, mais mon exposé ici s’en tiendra principalement au sens qui entend une absence totale de conflit violent ou de compétition économique injuste.

Cet exposé comprendra des réflexions sur l’élaboration de la démocratie, sur le fait de considérer que chaque peuple à la même importance au niveau international; sur la nécessité de mieux expliquer les crises à nos publics respectifs, sur les droits de l’homme, le commerce équitable et d’autres problèmes avec la Chine et la vie avec la Russie de maintenant.

1) Les communautés démocratiques de par le monde doivent travailler de façon plus soutenue, plus intelligente et plus efficace pour promouvoir dans le monde entier l’émergence de la démocratie afin, entre autres raisons irréfutables, de vivre sur une planète plus sûre.

Un européen illustre, Emmanuel Kant, a été le premier penseur à faire remarquer dans un ouvrage, Paix Perpétuelle : Une ébauche philosophique, que les gouvernements qui sont élus par le peuple, c’est-à-dire les gouvernements démocratiques, ne se font pas la guerre. De nos jours, l’idée selon laquelle les démocraties ne se battent pas les unes contre les autres est connue sous le nom de « Théorie de la Paix Démocratique ».

La quarantaine de dictateurs qui sont encore au pouvoir font beaucoup de dégâts, aussi bien au niveau national qu’au niveau international. Une étude démontre qu’entre 1816 et 1991, sur les 353 conflits classés comme « guerres internationales majeures », tous impliquaient un ou plusieurs pays non démocratiques. Attendu que pas une seule guerre n’a opposé deux démocraties, la leçon principale est claire : pour éviter la violence entre les nations, il faut promouvoir la démocratie.

Les pays de la Communauté Européenne et le Canada devraient encourager de manière efficace les nouvelles démocraties ainsi que les démocraties restaurées ou émergentes. Nos gouvernements respectifs sont-ils suffisamment clairs vis-à-vis des dictateurs du monde sur le fait que nous nous tenons du côté de leurs peuples en adoptant des politiques et des actions qui soutiennent le bien-être et les droits humains des civils et que nous ne sommes pas les complices des tyrans de quelque tendance politique que ce soit ? Nos ambassades et nos consulats encouragent-ils activement les gouvernements de tels états à s’orienter vers cette direction, et encouragent-ils leurs administrations quand elles existent à mettre en place des éléments de ces institutions démocratiques ? Assurément, la démocratie qui se décline sous une multitude de formes, n’implique pas un modèle économique particulier. Je me permettrais d’ajouter ici que dans la plupart des 67 dictatures qui se sont écroulées depuis 1972, la résistance civile pacifique – grèves, boycotts, manifestations, désobéissance civile – a été un facteur déterminant.

  

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2) Les Nations Unies et la communauté mondiale dans sa globalité

doivent considérer que les peuples ont tous une valeur et une

importance égale

Cela implique des changements à la fois majeurs et subtils au niveau

politique et au niveau comportemental, mais je vais tenter d’illustrer

ce point en me référant uniquement au cas de la Birmanie (Myanmar). 

Les régimes militaires qui, depuis 1962, écrasent de façon

catastrophique ce peuple doux et ce pays magnifique, font partie des

régimes les plus impitoyables, les plus violents et les plus

sanguinaires en matière de violations systématique des droits humains.

Ils ne tiennent aucun compte des épidémies, des trafics notoires

d’êtres humains et de narcotiques et ils sont à l’origine du

déplacement de milliers de gens et de réfugiés à l’intérieur même du

pays.

Nombreux sont les personnes qui demandent pourquoi il a fallu attendre

le 15 septembre 2006 pour que le Conseil des Nations Unies ajoute la

Birmanie à son ordre du jour sur son travail pour la paix. Les membres

permanents de ce conseil qui ont de gros intérêts commerciaux en

Birmanie (la Chine et la France), laisseront-ils maintenant au Conseil

la possibilité d’agir de façon efficace face au chaos et au massacre

des civils par des militaire, en faisant par exemple passer des membres

de la junte devant la Cour Internationale Criminelle et en offrant une

protection suffisante aux victimes? Le Conseil parviendra-t-il à

libérer de son assignation à résidence la lauréate du Prix Nobel de la

Paix Aung San Suu Kyi après plus de 10 années de vie très difficile

pour cette héroïne tant admirée de la démocratie ? Et nous, de par le

monde, nous qui sommes si touchés par la situation critique de 50

million de birmans, sommes-nous capables de mettre en place maintenant

une coalition en faveur de la démocratie en Birmanie ?

3) Les médias, les gouvernements, les éducateurs et les parlementaires

du monde entier devraient mieux expliquer les éruptions de violence et

les causes qui les sous-tendent pour promouvoir une action efficace de

la communauté internationale de manière à éviter que de telles crises

n’empirent.

Prenons par exemple la catastrophe persistante du Darfour. Combien de

ressortissants français, européens et canadiens savent que des

centaines de milliers de civils dans la province soudanaise du Darfour

ont péri au cours de ces quatre dernières années, et que sans doute la

moitié d’entre eux ont été assassinés par des agents du gouvernement de

Khartoum tandis que les autres décès sont dus à des causes annexes,

comme la famine ? Combien sommes-nous à savoir que des fillettes de 8

ans ont été violées par des gangs alliés à cette même dictature

raciste ? Combien sont-ils encore à croire l’ineptie, qui sert bien

leurs intérêts, selon laquelle la tragédie qui se déroule en ce moment

dans le Darfour n’est qu’une « guerre tribale » ? Où sont donc la

plupart des médias indépendants du monde – à part quelques rares et

honorables exceptions – alors que de telles atrocités continuent sans

frein ?

Où se trouve donc le Conseil de la Sécurité des Nations Unies quand on

a besoin de lui ? Assurément, l’obstacle principal qui empêche de

sauver le Darfour est l’indifférence de certains leaders au sein de

trop de gouvernements, eux qui, après Srebrenica et d’autres atrocités,

étaient prêts à intervenir en Bosnie et au Kosovo pour mettre fin à des

violences similaires dans les années 1990, mais qui ne sont toujours

pas prêts à faire de même pour le Soudan. Ils justifient en partie leur

inaction en se disant que des gouvernements plus proches et qui ont les

moyens d’arrêter le carnage ne le font pas. Ils attendent pendant que

des gens meurent chaque jour.

 

4) La dictature la plus importante au monde : la Chine, est un facteur

déterminant dans la construction de la paix; les leaders du monde

entier devraient maintenant demander à ce que Pékin passe à l’action en

ce qui concerne les droits de l’homme et d’autres engagements pris pour

gagner les Jeux Olympiques de 2008

Si les choses ne s’améliorent pas rapidement, je pense qu’il est fort

probable que des gouvernements, des ONG et des personnes privées

parleront en faveur des droits de l’homme et d’autres problèmes en

Chine, et ceci, même au cours des Jeux Olympiques en août 2008. Les

vrais amis du peuple chinois dans le monde devraient ainsi rester

constamment en contact avec le gouvernement de Pékin, tout en

approuvant les transformations pacifiques vers une société ouverte et

démocratique, qui possède toutes les caractéristiques d’un pays moderne

responsable, y compris l’autorité de la loi.

La portée des relations entre l’Union Européenne (UE) et la Chine est

déjà large et va grandissant. Par exemple, le commerce entre l’UE et la

Chine a augmenté de 25% en 2003 et de pratiquement 40% en 2004, et le

total des échanges commerciaux avoisine à l’heure actuelle les 200

billions d’Euros annuels, quoique le surplus soit largement en faveur

de la Chine. J’ai cru comprendre que le seul déficit annuel de la

France avec la Chine se chiffre à 19 billions de dollars américains.

Combien d’emplois perdus en France sont représentés par ce phénomène ?

De plus, les gouvernements de l’UE, les entreprises et les sociétés civiles ont-ils pris en compte les facteurs suivants :

•    Quand les industriels chinois s’attaquent à un secteur spécialisé

dans un pays quelconque, les industries de ce secteur et leurs employés

en subissent les terribles conséquences. Prenez la République Tchèque :

fin 2004, son taux de chômage est monté jusqu’à 9.5% - 541 675

personnes se sont retrouvées sans emploi sur une population d’environ

10 million. Dans le cas de l’Afrique du Sud, on m’a dit qu’au moins

67 000 emplois, dont la population avait terriblement besoin, ont été

perdus récemment pour la même raison. Les industries textiles dans le

monde entier subissent une pression énorme, et la raison principale en

est que le système économique mis en place maintenant par la Chine et

que j’appelle le « capitalisme carnivore », exploite terriblement, et

les gens qui travaillent pour la Chine, et leur environnement.

 

•    Le déficit du Canada avec la Chine se situait

autour de 17 billions de dollars canadiens en 2004 et ce phénomène

pourrait coûter aux canadiens plus de 50 000 pertes d’emplois par an.

C’est efficace pour combattre l’inflation, mais à quel prix humain ?

Pas plus tard que la semaine dernière, les pneus Goodyear près de

Montréal ont annoncé qu’ils allaient arrêter la production, mettant

donc fin à 800 sources de revenus. Y a-t-il un spécialiste en économie

politique pour considérer cette situation comme étant longtemps

viable ? En outre, le gouvernement en Chine subventionne-t-il encore

ses exportations en intervenant sur la monnaie et les subventions

indirectes, contrairement aux obligations solennelles qu’elle a

prononcées auprès de l’Organisation Mondiale du Commerce ? Est-ce que

la Banque Populaire de Chine, par exemple, fournit des comptes-rendus

exacts de ses transactions commerciales à son propre peuple, aux

investisseurs étrangers et au monde ?

 

•    Nos dirigeants se sont-ils inquiétés de savoir si

nos investissements respectifs dans le secteur privé en Chine

n’aggravent pas les inégalités sociales déjà existantes là-bas ? Pour

ce qui est des disparités de salaires entre les zones rurales et

urbaines, un projet de la Banque Mondiale a découvert que dans 35 zones

rurales défavorisées, 4 enfants sur 10 entre les âges de 7 et 15 ans

n’étaient absolument pas scolarisés.

 

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DROITS DE L’HOMME

Les membres du Conseil des ministres en Europe et au Canada

soulèvent-ils de façon persistante auprès du gouvernement chinois les

inquiétudes au sujet des droits de l’homme dans ce pays ? Les

rencontres annuelles sur les droits de l’homme dans certains de nos

pays - et celle de dimension internationale qui a lieu chaque année à

Berne – paraissent, aux yeux de certains observateurs, ne plus être que

des comédies dénuées de sens. En outre, les victimes ne se

sentent-elles pas oubliées quand de telles discutions se déroulent

derrière des portes closes ?

Et que dire de Gao Zhisheng, l’avocat sans doute le plus célèbre et le

plus courageux de toute la Chine, et de sa famille ? Comment peut-on

condamner un avocat à huis clos, comme cela s’est passé récemment, pour

« incitation à la subversion », parce qu’il demande l’indépendance des

juges, l’état de droit, la démocratie et le respect des droits humains

fondamentaux dans tout pays qui accueille aujourd’hui les Jeux

Olympiques ? Comment sa femme et ses enfants peuvent-ils être suivis,

harcelés et même battus par des groupes de policiers qui les suivent

sans arrêt ? Si de tels mauvais traitements continuent à leur être

infligés, j’ai la certitude que de nombreux gouvernements, ONG et

personnes privées se feront entendre.

Des observateurs indépendants des droits de l’homme en Chine, dont une

rencontre d’une vingtaine de responsables nationaux d’Amnesty

International l’année dernière, en sont arrivés à la regrettable

conclusion que depuis que Hu Jintao est arrivé au pouvoir en 2003, la

situation générale s’est détériorée de façon significative. Les Falun

Gong, les ouïgours, les démocrates, les musulmans, les chrétiens, les

journalistes, les tibétains, les bouddhistes, les utilisateurs

d’Internet – tous et beaucoup d’autres ont souffert de l’oppression du

parti qui s’est empirée. Permettez-moi de vous faire part de certaines

réflexions au sujet de la persécution du Falun Gong et de celle des

Ouigours (vous pourrez trouver une déclaration plus longue sur mon

site: www.david-kilgour.com):

•    Falun Gong : L’enquête indépendante menée par David Matas et

moi-même et publiée l’été dernier en est arrivée à la regrettable

conclusion que le gouvernement chinois et ses agences volent à une

grande échelle les organes vitaux des prisonniers de conscience du

Falun Gong ; cette enquête est maintenant traduite en 18 langues et

peut être consultée à www.organharvestinvestigation.net. Depuis, nous

nous sommes également rendus bénévolement dans une trentaine de

capitales nationales pour éveiller les consciences et intensifier la

pression sur le gouvernement de Pékin de manière à ce que ce dernier

arrête immédiatement d’assassiner des membres de son propre peuple pour

faire du profit. Un compte-rendu révisé qui inclut des preuves

accablantes devrait être publié un peu plus tard ce mois-ci.

Avant de passer au point suivant, je vous livre cet important  élément

de réflexion : Ce à quoi s’en est pris le Parti communiste chinois avec

le Falun Gong, c’est à une méthode permettant de trouver une véritable

paix intérieure, ce dont témoignent les nombreuses personnes la

pratiquant que j’ai pu rencontrer et davantage de témoignages écrits

qui ont pu sortir de Chine, et si de tels pratiquants se comptent par

dizaines de millions n’est ce pas aussi un espoir de paix extérieure ?

Chaque ère a ses moments déterminants, ses mouvements  déterminants. Il

est possible que le Falun Gong soit précisément une de ces questions

qui affectera l’héritage de l’humanité  d’aujourd’hui. Nous espérons

que ceux qui participent à cette conférence aideront à mettre fin à

cette atrocité des temps modernes qui se déroule en Chine.

•    Ouïgours (une communauté ethnique d’origine Turque vieille de 4000

ans et vivant en Asie Centrale): La campagne « frapper fort » qui est

une campagne monter par le gouvernement central chinois contre les

Ouïgours, se poursuit et il en est résulté davantage d’arrestations au

moment du 50ème anniversaire de la région Ouïgours. Les répressions

religieuses et autres sont encore d’actualité. Par exemple, de nombreux

Ouïgours sont sans emploi, mais le gouvernement de Pékin a envoyé des

milliers de gens de Chine Continentale pour moissonner le coton. La

langue Ouïgours ne doit pas être enseignée dans les écoles alors qu’il

s’agit de la langue officielle de leur région.

 

S’ENGAGER DANS LA CONFIANCE

L’heure n’est-elle pas venue pour s’engager dans une stratégie

confiante, qui ferait appelle à une coopération amicale avec le

gouvernement chinois, mais qui comprendrait également des discussions

sur des problèmes comme les droits de l’homme, les conditions de

travail, l’état de droit et l’environnement. Sur le plus long terme,

nos intérêts nationaux sont complémentaires. Ne pas tenir compte ou

minimiser de telles questions n’encourage pas à un comportement plus

responsable.

•    Des pratiques environnementales meilleures: Prenez les émissions

de CO2 de la Chine, le gaz à effet de serre le plus courrant et

première cause du réchauffement de la planète. Dans les 7 prochaines

années, Pékin prévoit de mettre en service 562 installations

industrielles fonctionnant uniquement au charbon, ce qui correspondrait

à près de la moitié de ce type d’installations dans le monde. On estime

que 400 000 ressortissants chinois meurent tous les ans de cancer du

poumon et de maladies de coeur associées à la pollution de l’air. 16

des 20 villes les plus polluées au monde se trouvent en Chine. Que fait

le gouvernement chinois pour lutter efficacement contre le

réchauffement de la planète ?

•    Les problèmes concernant les droits de l’homme : Amnesty

International a écrit : « Des contrats économiques valant des millions

de dollars américains déterminent la politique de l’UE vis-à-vis des

droits de l’homme en Chine ». La même chose se passait également au

Canada jusqu’à ce que le premier ministre Harper l’année dernière

demande à ce que l’on adopte une approche plus équilibrée face à la

Chine.

•    Pourquoi ne pas proposer des avantages si on consent à faire des

réformes ? L’Inde par exemple, avec qui tous les pays démocratiques

devraient chercher à établir des relations stratégiques, devrait être

invitée à se joindre au G8 parce qu’elle est un pays démocratique ayant

le respect des droits de l’homme, des média libres et compétitifs, un

état de droit et des tribunaux indépendants. Pourquoi les membres de

l’UE et du Canada ne cherchent-ils pas activement à augmenter le

commerce avec des pays comme l’Inde pour promouvoir davantage les

valeurs démocratiques qu’ils représentent ? J’ai été étonné de

constater la dernière fois que j’ai examiné la question, que le montant

total des échanges commerciaux entre l’UE et l’Inde ne dépassait pas

1.7%, la plupart de ses échanges étant avec le Royaume Uni. Des actions

positives envoient un message au gouvernement chinois selon lequel le

progrès dans ces domaines est essentiel pour être accepté au sein de la

communauté internationale responsable.

 

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5) Considérons un autre acteur déterminant dans la

construction de la paix dans le monde – La Russie

Malgré une longue histoire de désaccord en matière de droits de l’homme

entre l’UE et la Russie, (l’autre voisin immédiat du Canada), les

échanges commerciaux augmentent rapidement et tout particulièrement

dans le secteur de l’énergie. A l’heure actuelle, plus de la moitié des

échanges commerciaux de la Russie se font avec les pays de l’UE.

L’Allemagne et la Russie se sont mis d’accord pour construire un

pipeline qui passe par la mer Baltique. La Pologne a élevé des

protestations, en disant que la Russie utilise son pétrole pour exercer

une pression politique sur l’Europe. Moscou ne souhaite sûrement pas

que l’Europe s’implique de façon plus politique et économique avec les

anciennes républiques socialistes, et en particulier avec l’Asie

Centrale. La Turquie, en tant qu’éventuel membre de l’Union Européenne,

permettrait d’accéder plus facilement aux régions d’Asie Centrale,

rendant les européens moins dépendants du pétrole russe.

En fait, la diplomatie liée au pétrole est en train de devenir un

puissant outil de manipulation politique. Les dirigeants politiques

russes montrent qu’ils manipulent avec aisance ce nouveau langage

diplomatique en menaçant les nations voisines d’arrêter de les fournir

en pétrole ou d’augmenter son prix si jamais elles faisaient quelque

chose qui déplaise au Kremlin.

Être dépendants du pétrole russe rendra probablement les dirigeants

européens moins enclins à faire pression sur la Russie en matière de

transparence et de violations des droits de l’homme. Pourtant, il

faudrait – constamment - rappeler aux dirigeants russes que la Russie

fait partie du Conseil de l’Europe depuis 1996 et que par conséquent,

elle doit se soumettre aux conventions européennes des droits de

l’homme. Sa demande d’adhésion n’était-elle pas basée sur la condition

de satisfaire aux critères du Conseil en matière de démocratie

pluraliste, d’état de droit et de respect des droits de l’homme ?

Certains d’entre nous pensaient que l’amélioration des droits de

l’homme en Tchétchénie était la condition principale pour accepter la

Russie au sein de l’Assemblée (Résolution 1055). Y a-t-il suffisamment

de gouvernements qui évoquent franchement du déclin de la démocratie et

des droits humains en Russie ? Que font tous nos gouvernements pour

manifester notre inquiétude persistante à propos des meurtres connus de

43 journalistes en Russie depuis 1993, dont celui de la très respectée

Anna Politkovskaya ?

De nos jours et aux yeux du monde, la légitimité est, pratiquement

partout, un des objectifs centraux de la diplomatie. La réputation d’un

pays se fait maintenant suivant le degré d’influence qu’il peut avoir

sur les autres. Si par le passé, le degré d’influence était

principalement défini par l’arsenal nucléaire, les bombes et les

fusées, les posséder à l’heure actuelle ne suffit pas pour exercer une

réelle influence sur la communauté des nations. Même les Etats-Unis ont

fini par accepter cette nouvelle réalité. L’aura de la légitimité est

devenue une matière première tout à fait précieuse, ce que les

gouvernements de Russie et de Chine ont bien compris.

Attendu qu’il est fort peu probable que la Russie soit expulsée du

Conseil de l’Europe, quel serait le meilleur endroit pour entreprendre

une démarche constructive ? Strasbourg a demandé avec insistance à

Moscou de se joindre à la Cour Criminelle Internationale de façon à ce

que la Russie réponde davantage de ses actes pour sa conduite en

Tchétchénie et ailleurs. L’importance de la cour est en train de

grandir en tant que partie intégrante de la structure du droit

international. Malheureusement, 3 des 5 membres permanents du Conseil

de Sécurité des Nations Unies (Chine, Russie et Etats-Unis) refusent de

rendre des comptes à la cour, dont l’objectif principal est de punir

les auteurs de crimes contre l’humanité.

6) Stabilité Internationale

Malheureusement, de nombreux conflits dans le monde entier sont soit

aggravés dans l’intérêt d’autres nations, soit des conflits par

personne interposée, également dans l’intérêt d’autres nations. Les

nations démocratiques peuvent-elles s’unir pour créer un ensemble de

principes solides afin d’assurer la croissance durable d’une démocratie

représentative et d’une façon correcte de gouverner de par le monde ?

Comment ces principes devraient-ils guider nos relations avec les

autres nations de façon à s’assurer que les principes largement

acceptés aujourd’hui par la communauté internationale ne soient pas

invariablement déconsidérés et méprisés ?

La Chine et la Russie (comme les Etats-Unis) savent bien manipuler la

communauté internationale par le biais du commerce, de l’accessibilité

au pétrole et aux autres ressources naturelles. La France, l’UE, le

Canada et d’autres nations peuvent-ils accepter de plein gré un ordre

politique dans lequel les pouvoirs principaux ont des positions

différentes et parfois même incompatibles dans leur façon de traiter

les questions de l’environnement, le respect des lois et les principes

gravés dans la loi internationale ?

CONCLUSION

Dans l’exercice de leur pouvoir, les membres de l’UE et le Canada

devraient manifester une initiative plus ferme et plus rigoureuse pour

faire avancer les principes fondamentaux qui nous sont si chers. Nous

ne devrions plus permettre que nos politiques étrangères soient menées

principalement en vue des profits escomptés par les multinationales ou

par l’intérêt flagrant du court terme. La politique économique et la

politique internationale devraient avoir des fondements différents et

des objectifs différents.

L’UE et le Canada devraient partout promouvoir les valeurs de la

démocratie, de la dignité humaine et du respect des droits de l’homme.

Ceci fait partie aussi de nos responsabilités en tant que membre du

groupe démocratique que sont les Nations Unies.

Il faudrait une réforme des Nations Unies par l’augmentation du nombre

des membres du Conseil de Sécurité et par la réforme du pouvoir du

véto.

Chacun d’entre nous dans cette salle aujourd’hui, que nous soyons

membres d’organisations civils, que nous soyons des élus, des

journalistes ou des personnes privées, nous devons tous activement

faire pression sur nos gouvernements respectifs pour qu’ils engagent

des politiques et prennent des décisions en faveur de la paix, de la

justice et de la démocratie, dans leur propres pays et sur le plan

international.

Vous pouvez taxer cela d’idéalisme, mais tôt ou tard, les idées portent

leurs fruits. C’est l’Europe et les européens qui ont créé l’idée de la

Paix Perpétuelle. Au cours du siècle dernier, cet idéal n’a pas été

suffisamment pris au sérieux et a souvent été perçu comme idéaliste. Et

pourtant, les idées, leur histoire, leur maturation ont un pouvoir

immense, comme le dit si bien votre concitoyen et penseur Michel

Foucault. Aujourd’hui, pratiquement un siècle après la création de la

ligue des nations, la première organisation internationale, nous avons

fini par comprendre que la paix n’est pas seulement une vue de

l’esprit. Cela exige de nous beaucoup de travail, de patience, de

courage et de principes partagés par nos peuples, nos sociétés civiles

et nos leaders. Le Canada ainsi que ses citoyens prennent ces idéaux

très au sérieux. Ce qui fait que le Canada et l’Europe sont très

proches malgré la distance géographique qui séparent nos continents.

Merci

 

 

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.