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Première expropriation dans le cadre de la réforme agraire – Afrique du Sud

Écrit par Chris Otton, Agence France-Presse
14.03.2007
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KIMBERLY (Afrique du Sud) – Le gouvernement sud-africain a pris possession, le 10 mars dernier, de la première ferme expropriée pour être restituée aux paysans noirs chassés de leurs terres sous l'apartheid, dans un pays où 80 % des terres agricoles sont entre les mains de Blancs.

«Nous sommes ici aujourd'hui pour vous dire que ces terres que nous avons reprises […] seront bientôt les vôtres», a déclaré le représentant de la Commission de restitution, Mashile Mokono, à quelque 200 descendants des expulsés de l'apartheid réunis près de l'église de la ferme Pniel, au nord de la cité minière de Kimberly (centre). 

  • Des requérants chantent et dansent (Staff: GIANLUIGI GUERCIA / 2007 AFP)

 

«Nous sommes un gouvernement responsable, nous avons une mission, un but, nous voulons rendre ces terres à leurs propriétaires de droit», a-t-il ajouté, semblant répondre aux critiques qui dénoncent la lenteur de la réforme agraire en Afrique du Sud.

Le programme de restitution est l'un des volets de la réforme foncière mise en place après les premières élections multiraciales de 1994. Le gouvernement veut redistribuer aux Noirs, d'ici 2014, 30 % des terres actuellement aux mains des Blancs, confisquées après 1913 en vertu des lois ségrégationnistes.

Mais, douze ans après les premières élections multiraciales du pays, la majorité des professionnels du secteur estime que cet objectif ne pourra pas être atteint.

Signe politique avant tout, la cérémonie du 10 mars constitue la première étape du processus de restitution de 25 000 hectares de terres passés aux mains de l'Église évangélique luthérienne.

La ferme est aujourd'hui consacrée à l'élevage de moutons et de vaches, mais ses espaces brûlés de terre rouge devraient être convertis en un parc pour la faune sauvage une fois la restitution achevée, après examen des quelque 400 revendications pour sa propriété.

Les deux parties étaient tombées d'accord sur le montant de la compensation versée par l'État (35,5 millions de rands, soit 5,6 millions de dollars CA), mais le gouvernement a refusé de verser des intérêts sur la période courue entre la date de fixation du prix et la date effective de la vente. D'où le conflit qui a abouti à l'expropriation.

Bongani Zulu, responsable financier de l'Église évangélique luthérienne pour l'Afrique australe, a regretté cette décision, mais a souligné qu'il n'y aurait aucun recours dans la mesure où il était d'accord avec le principe de restitution.

«Notre Église a décidé, dès 1996, qu'elle allait redistribuer des terres qu'elle possédait», a-t-il expliqué.

Dans la foule rassemblée près du bâtiment consacré qui demeurera propriété de l'Église évangélique, Abraham Modise, 76 ans, voit ses rêves se réaliser. «Je ne pensais pas qu'un jour nous serions là», dit le vieil homme, dont les parents ont été expulsés en 1976, contraints d'aller habiter un bidonville.

La plus âgée des ayants droit, Catherine Fitzpatrick, 96 ans, était quant à elle restée sur la ferme après l'expulsion de ses parents, vivant dans une cabane de son maigre salaire d'ouvrier agricole.

«Je suis si contente. Tous mes amis sont là», sourit-elle en embrassant du regard tous ceux qu'elle n'avait pas revus depuis des dizaines d'années.

Très symbolique, la cérémonie de Pniel est restée paisible en dépit des craintes exprimées par les opposants à la restitution des terres, qui agitent le spectre d'un scénario à la zimbabwéenne.

La réforme agraire au Zimbabwe, menée dans la précipitation et la violence, a entraîné une chute vertigineuse de la production agricole.

«Il ne s'agit pas d'une saisie mais d'une vente forcée», a souligné le commissaire Mokono. «À l'heure où nous parlons, le gouvernement a versé 80 % [de la compensation convenue] sur le compte de l'Église.»

 

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