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L’Australie critiquée pour sa gestion de la crise au Timor oriental

Écrit par Shar Adams, La Grande Époque - Australie
17.03.2007
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Les forces de maintien de la paix australiennes au Timor oriental pourraient devenir un élément du problème plutôt qu’une partie de la solution, affirment des analystes politiques d’Australie et du Timor oriental.

Un chercheur à l’Institut timorais d’Étude sur le Développement, Francisco Gueterras, mentionne que les résidants sont fâchés que la force de maintien de la paix menée par l’Australie ait accepté, sur une demande du président est-timorais Xanana Gusmao, d’essayer d’arrêter le chef rebelle Alfredo Reinado.

  • Sur panneau est écrit u00abL’Australie et le Portugal envahissent le Timor oriental»(Stringer: CANDIDO ALVES / 2007 AFP)

 

«Les gens pensent que le gouvernement australien aurait dû inciter le gouvernement est-timorais au dialogue, à attendre une semaine ou deux avant d’arrêter Alfredo par la force», a déclaré M. Gueterras à La Grande Époque depuis la capitale, Dili. «Ils [les militaires australiens] auraient dû mieux analyser la situation.»

«Ils ont choisi la force… cela met les gens en colère», continue le chercheur. «Nous avons vécu 24 années sanglantes, pourquoi le sang devrait-il encore couler?»

Le président Gusmao a demandé l’aide des forces de sécurité pour l’aider à faire arrêter le major Reinado, après que l’ancien responsable militaire est-timorais, autrefois formé par les Australiens, a attaqué un poste-frontière et saisi 25 mitraillettes et des munitions.

Malgré les appels à la reddition du gouvernement, des responsables des Nations Unies et de la force internationale présente sur place, le major Reinado s’était installé à Same, une petite ville à 81 km au sud de Dili.

«Je ne me rendrai pas pour l’intérêt du président et du premier ministre. Je me rendrai seulement pour l’intérêt du peuple», a déclaré le militaire à Reuters le 3 mars 2007.

Le major Reinado avait menacé d’ouvrir le feu sur toute force étrangère essayant de rentrer dans la ville. Lors de l’attaque par les forces étrangères, Reinado s’est enfui et quatre Est-Timorais ont été tués.

Les sympathisants du major Reinado ont depuis pris le chemin de la rue à Dili, lançant des pierres sur les véhicules de l’ONU, brûlant des maisons et criant devant l’ambassade d’Australie.

«Vous feriez mieux de retourner dans votre pays plutôt que de faire souffrir les gens», a dit un manifestant, le doigt pointé sur les forces de maintien de la paix australiennes.

Dr George Quinn, directeur du Département des études sur l’Asie du Sud-Est à l’Université Nationale d’Australie, dit qu’il y a eu un «changement radical d’attitude» vis-à-vis les troupes australiennes au Timor. Lorsque les soldats sont arrivés, ils étaient considérés comme des héros, mentionne-t-il, mais tout a changé quand les forces australiennes ont commencé à agir contre les guerres de gangs en 2006.

La majeure partie de l’agitation avait été créée par le major Reinado, arrêté pour meurtre en mai, et qui s’était échappé de prison en août.

Pour Dr Quinn, les Est-Timorais perçoivent de plus en plus l’approche australienne comme «partisane». Alors que cela est d’une certaine manière inévitable, les récents accrochages n’ont pas aidé la situation. Selon Quinn, le major Reinado jouit d’un appui parmi les jeunes et auprès de l’opposition.

Le premier ministre australien, John Howard, confesse lui-même être inquiet de la situation au Timor oriental. «En termes de sécurité, la situation s’aggrave et Reinado et ses troupes sont une menace à la paix et à la stabilité du pays», a-t-il déclaré à la chaîne ABC.

Le ministre des Affaires étrangères, Alexander Downer, a fait émettre un document officiel demandant au personnel de l’ambassade d’Australie à Dili de quitter le pays, excepté le personnel directement impliqué dans la gestion de la crise.

Francis Gueterras trouve la décision sage dans le contexte de la rage populaire croissante, qui fait que des civils deviennent la cible de la colère des Est-Timorais.

L’Association des forces militaires australiennes dit qu’il est difficile de savoir sur quel reste de soutien public les forces australiennes peuvent encore compter après le raid militaire contre le major Reinado. Neil James, directeur de l’association, dit que les choses seront maintenant plus difficiles, mais a également affirmé à la télévision ABC que les militaires n’avaient pas eu d’autre solution.

«On ne peut résoudre ce problème par les armes, il faut une solution politique et constitutionnelle mise en place par les Est-Timorais eux-mêmes», a-t-il déclaré. «On ne peut non plus imposer une solution de l’extérieur parce qu’on devient alors soi-même un des éléments du problème.»

Le Timor oriental aura des élections en avril cette année et, d’après M. Gueterras, les événements récents vont effrayer les Est-Timorais. «D’un côté les gens sont très contents de l’arrivée des élections parce que c’est une occasion de faire quelques changements», dit-il, «mais d’un autre côté, les gens pensent qu’il pourrait y avoir plus de violences pendant les élections.»

M. Gueterras estime que les Est-Timorais espèrent que les troupes australiennes sécuriseront le pays avant les élections. Mais à seulement un mois de l’échéance, les violences récentes sont de mauvais augure.

«Ils devraient conseiller le gouvernement est-timorais parce que ce gouvernement est très nouveau, très inexpérimenté sur de nombreuses choses, donc les forces australiennes devraient leur donner des conseils», croit-il. «Les dernières violences pourraient coûter cher.»

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