Des anthropologues rejettent les termes «âge de pierre» ou «primitifs»

Écrit par Survival
17.03.2007

L’association anglaise d’anthropologues (ASA) a condamné l’emploi de termes tels qu’«âge de pierre» ou «primitifs» pour décrire les peuples indigènes contemporains.

Cette prise de position fait suite aux propos controversés tenus sur la

BBC par la baronne Jenny Tonge, la pairesse libérale-démocrate qui

avait qualifié les Bushmen du désert du Kalahari de «primitifs» vivant

«à l’âge de pierre».

  • Des aborigènes assis devant une église(Staff: Ian Waldie / 2006 Getty Images)

L’ASA rejoint la longue liste de sympathisants à la campagne de

Survival International visant à bannir le racisme dans les médias et

l’emploi de termes tels que «primitifs», «âge de pierre», ou «sauvages»

pour décrire les peuples indigènes. D’éminents journalistes

britanniques comme John Simpson, John Pilger et George Monbiot

soutiennent également cette campagne.

«Tous les anthropologues conviendront que l’emploi négatif des termes «primitifs» et «âge de pierre» pour décrire [les peuples indigènes] a de graves répercussions sur leurs vies. Les gouvernements et autres groupes sociaux […] ont longtemps exploité de telles opinions pour priver ces peuples de leurs territoires et de leurs ressources», peut-on lire dans la déclaration de l’ASA.

Stephen Corry, directeur de Survival International, a déclaré le 5 mars dernier: «La prise de position de l’ASA constitue un immense soutien à notre campagne. Les journalistes et les rédactions doivent comprendre que l’emploi de tels termes contribue directement à la détresse des peuples indigènes du monde entier.»

Racisme dans les médias

Survival lance une nouvelle campagne pour attirer l'attention des médias sur l'usage abusif d'un vocabulaire chargé de stéréotypes et de préjugés dans leur traitement de l'actualité des peuples indigènes. Elle est activement soutenue outre-manche par d'éminents journalistes.

Depuis l'époque coloniale, des termes tels que «primitifs» ou «vivant à l'âge de pierre» sont couramment utilisés à propos des peuples indigènes. Ils renforcent l'idée que ces peuples n'auraient pas, comme nous, évolué depuis des générations. Alors qu’en fait, toutes les sociétés s'adaptent et changent.

Les peuples indigènes ne sont pas plus «sauvages» que nous. L'idée que ces peuples sont arriérés mène directement à leur persécution. On affirme par exemple que c'est «pour leur bien» que leur est imposé le développement et que celui-ci les aidera à «rattraper» le monde civilisé. Le résultat est presque toujours catastrophique: misère, alcoolisme, prostitution, maladies et mort.