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Bush au Sud : l’hostilité ne s’est pas dissipée

Écrit par Vincent Duclos, La Grande Époque - Montréal
22.03.2007
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Rien de trop positif pour le voyage du président américain en Amérique latine, où manifestants et Hugo Chavez l’attendaient avec «brique et fanal»

La semaine dernière, la tournée de sept jours ayant amené le président américain, George W. Bush, au Brésil, en Uruguay, en Colombie, au Guatemala et au Mexique s’est terminée. Tentant de resserrer ses liens avec différents États d’Amérique latine, le président a toutefois vu son voyage perturbé par de nombreuses manifestations, à commencer par celles engendrées par la contre-tournée du président vénézuélien, Hugo Chavez. 

  • Des manifestants s’en prennent aux policiers(Stringer: RONALDO SCHEMIDT / 2007 AFP)

Le mur qui dérange

«Un kilomètre de route à Michoacán ou Zacatecas serait plus efficace pour ralentir l’immigration qu’un mur de dix kilomètres la frontière». C’est avec ces mots très durs à l’endroit de George W. Bush que le président mexicain, Felipe Calderon, a accueilli son homologue américain, dans le dernière étape de sa tournée latino-américaine. Le projet d’une clôture de 1120 km longeant la frontière mexicaine que les États-Unis ont l’intention de construire soulève de fortes critiques dans toute l’Amérique latine.

L’immigration a été l’enjeu central de la visite du président Bush autant au Mexique qu’au Guatemala. Il voit dans la réforme des lois américaines sur l’immigration la clé d’une amélioration des relations avec le voisin mexicain. Il a ainsi assuré de ses intentions de faire passer une nouvelle législation devant le Congrès, laquelle serait «respectueuse de l’humanité». «Si les gens peuvent venir dans notre pays, par exemple sur une base temporaire pour travailler, pour faire des travaux que les Américains ne font pas, alors ils n’auront pas à s’infiltrer ainsi de l’autre côté de la frontière», a déclaré M. Bush.

Pour sa part, M. Calderon, qui a ouvertement critiqué le projet américain de clôture affirme que les deux pays «partagent le besoin d’avoir une frontière sécuritaire fermée aux drogues, aux armes et au terrorisme et qui ouvrira ses portes aux échanges, à l’investissement et à la prospérité».

Tentant d’expliquer que son pays avait le droit de protéger ses frontières, M. Bush a profité de sa visite pour rassurer quant au sort qui serait réservé aux millions d’immigrants illégaux travaillant en sol américain. Il a en ce sens affirmé ne pas envisager de programmes de déportations de masse. Le président répétait ainsi les engagements pris la veille au Guatemala. Se refusant à plus de précisions tout comme à l’élaboration d’un échéancier, les déclarations du président Bush ne semblent pas avoir convaincu le président guatémaltèque, Oscar Berger. «Le peuple guatémaltèque aurait préféré une réponse plus positive et plus claire – plus de déportations», a-t-il affirmé.

Un bilan de tournée mitigé

Selon la Maison-Blanche, la tournée avait pour but de renforcer les relations américaines avec différents États de même que de promouvoir l’utilisation de l’éthanol comme alternative au pétrole. «Mon voyage a pour but d’expliquer aussi clairement que je le peux que notre nation est généreuse et pleine de compassion», a déclaré le président Bush en quittant le Brésil. Or, bien que M. Bush ait réussi à signer une entente visant à travailler à l’avancement des carburants biologiques avec le président brésilien, Luiz Ignacio Lula da Silva, il semble que sa tournée ait donné bien peu de résultats.

Le refus catégorique de revoir les tarifs à l’importation de l’éthanol brésilien et l’incapacité à convaincre quant à son réel intérêt dans la justice sociale et la diminution de la pauvreté ne sont que quelques-uns des facteurs s’ajoutant à la question migratoire dans la longue liste des attentes auxquelles le président américain ne semble pas avoir répondu.

«Le président est en grande demande en tant que meneur du monde libre, le meneur du plus puissant pays du monde libre. Et c’est toujours important lorsqu’il lui arrive de consacrer un peu de temps aux dirigeants», affirmait pour sa part Dan Bartlett, un des conseillers présidentiels. Toutefois, après plusieurs années à avoir fortement négligé ses relations en Amérique latine, l’administration américaine part de loin.

Chavez et la contre-tournée

Cherchant à montrer au président Bush qu’il n’est plus le bienvenu sur leur territoire, des milliers de manifestants se sont rassemblés tout au long du trajet parcouru par celui-ci. Au Brésil, en Uruguay, en Colombie, de même qu’au Guatemala et au Mexique, plusieurs milliers de personnes, particulièrement des groupes d’étudiants, des syndicats, des communautés indigènes et des groupes de paysans ont manifesté. De la marche pacifique aux affrontements violents avec les forces de l’ordre, les rassemblements portaient autant le signe d’une opposition au gouvernement Bush que d’un appui au président vénézuélien Hugo Chavez.

En effet, alors que M. Bush parcourait le continent dans le but de convaincre de ses bonnes intentions, M. Chavez y est lui aussi allé d’une tournée en Amérique latine, mais dans le but évident de montrer que George W. Bush est avant tout un «symbole de domination».

Rassemblant les foules partout sur son passage, le leader socialiste a opposé un message virulent aux tentatives de séduction du président américain. Parlant de sa tournée comme d’un «rassemblement anti-impérialiste», M. Chavez n’a encore une fois pas mâché ses mots. «Le petit gentilhomme impérialiste du nord doit être de l’autre côté du fleuve maintenant. Laissons-lui bien entendre : gringo retourne chez toi!», s’est écrié Chavez de Buenos Aires, en faisant référence à la proximité de la présence de M. Bush à seulement quelque 65 km, en Uruguay.

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«Nous devons lui dire que l’Amérique du Nord est pour les Américains du

Nord et l’Amérique du Sud pour ceux du Sud – c’est cela notre

Amérique», a poursuivi le chef d’État qui a profité de sa tournée pour

dénoncer ce qu’il considère comme l’interférence de l’«Empire

américain». M. Chavez a ainsi visité l’Argentine, la Bolivie, le

Nicaragua, la Jamaïque de même que Haïti, où il a d’ailleurs signé des

accords avec le président René Préval.

Bien que le chef d’État vénézuélien insiste sur le fait que son voyage

a lieu en même temps que celui de M. Bush par simple coïncidence, cette

opposition n’en demeure pas moins une manifestation d’une bataille

engagée par les deux hommes pour gagner le cœur et les esprits en

Amérique latine. Nombreux sont ceux à voir dans la tournée du président

américain une réponse à l’influence sans cesse croissante de son rival

de gauche. Une telle tournée, si elle a certainement renforcé certaines

alliances comme celle avec le président colombien Alvaro Uribe, elle ne

semble toutefois pas avoir réussi à semer les germes d’amitiés à venir.

Pas plus qu’à calmer la grogne de milliers d’individus voyant davantage

le président Bush comme un symbole d’oppression que de libération.

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.