Karzai signe une loi protégeant les crimes de guerre

Écrit par Irin News
23.03.2007

 

 

 

AFGHANISTAN

KABOUL – Le président afghan Hamid Karzai a

signé le 10 mars dernier une loi très controversée accordant l’amnistie

générale pour les crimes de guerre commis pendant les 23 années de conflit en

Afghanistan.

Les députés afghans opposés à ce projet de loi ont vivement

critiqué la décision du président.

  • Hamid Karzai(Stringer: SHAH MARAI / 2007 AFP)

 

«Le texte de ce document antidémocratique nous préoccupe beaucoup», a déclaré le député Shukria Barakzai, un défenseur de la démocratie dont le groupe parlementaire était opposé à la loi d’amnistie.

Mir Ahmad Joyenda, autre membre du parlement afghan, a confié à IRIN que les «députés hostiles à l’adoption de la loi d’amnistie ont été menacés de représailles par les puissants seigneurs de guerre au cours des séances à l’Assemblée nationale».

Ancien diplomate afghan, Noor Akbari a émis des doutes quant à la conformité de cette loi avec la Constitution du pays, soulignant que le texte violait certains traités internationaux sur les droits de l’homme signés par l’Afghanistan.

La Chambre basse du Parlement afghan, dominée par d’anciens chefs de milice, est à l’origine du projet de loi instaurant l’amnistie pour les crimes de guerre. Ce projet de loi a ensuite été approuvé par la Chambre haute, puis transmis au président pour ratification.

M. Karzai avait initialement promis de ne pas accorder l’immunité aux criminels de guerre. Toutefois, sous la pression de nombreux leaders moudjahidines, qui ont une réelle influence sur le gouvernement de la période post-talibane, le président a cédé à leurs exigences.

Le samedi 10 mars, le président Karzai a renvoyé au Parlement la copie amendée du projet de loi, qui a été rapidement adopté par les députés.

«Toutes les parties impliquées dans les conflits antérieurs à l’année 2002 bénéficieront désormais d’une immunité légale et juridique», indique le projet de loi.

Les talibans et les seigneurs de guerre accusés de graves violations des droits de l’homme sont exempts de poursuites pour les crimes commis avant l’installation du gouvernement intérimaire d’Afghanistan, en décembre 2001.

Le projet de loi, faisant désormais office de loi, pourrait même offrir des privilèges légaux aux insurgés entrés en rébellion contre le pouvoir en place depuis 2002.

«Les individus et groupes d’individus encore hostiles au pouvoir en place pourraient également bénéficier des avantages que prévoit cette résolution, pourvu qu’ils mettent fin à leurs attaques et respectent la Constitution de l’Afghanistan», indique le texte de la nouvelle loi d’amnistie.