Le Japon et l’Australie renforcent leurs liens

Écrit par Shar Adams, La Grande Époque Brisbane
23.03.2007

 

La signature d’une entente sur la sécurité, le 13 mars 2007, entre l’Australie et le Japon démontre la force de la relation entre les deux pays. Pourtant, le véritable test pourrait venir en avril lorsque les négociations sur le libre-échange seront formellement lancées.

Le Premier ministre australien John Howard a visité le Japon pendant quatre jours pour discuter avec son homologue Shinzo Abe. Il a accueilli la signature d’un pacte de sécurité avec le Japon. Ce pacte stipule qu’après les États-Unis, c’est le Japon qui marque l’entente la plus étroite sur la sécurité avec l’Australie.

« Rappelez-vous que nous avons un dialogue trilatéral sur la sécurité avec le Japon et les États-Unis, et nous sommes, tous les trois, d’importantes démocraties du Pacifique », a dit M. Howard aux journalistes à Tokyo. « Nous avons ainsi beaucoup en commun. »

M. Howard a fait remarquer que l’accord illustrait bien le bout de chemin que les deux pays avaient fait ensemble. « Il est important de se rappeler que, malgré la montée de la Chine en tant que client important pour l’Australie, le Japon demeure notre meilleur client», a-t-il ajouté.

Le Japon est actuellement le plus important marché d’exportation pour l’Australie, injectant 31,6 milliards de dollars dans l’économie australienne en 2005, soit plus que le chiffre des exportations en Chine et aux États-Unis réunis.

Des négociations détaillées concernant un accord de libre-échange (ALE) avec le Japon commenceront en avril à Canberra (Australie).  Pour M. Howard, elles ne seront pas faciles : « Ce sera long, ce sera difficile, il y aura des sensibilités différentes des deux côtés ».

L’Australie a insisté pour que tous les produits du secteur agricole soient l’objet des discussions, mais le Japon a fait pression pour que des items comme le bœuf, les grains et les produits laitiers soient retirés, exprimant l’inquiétude que le secteur agricole japonais ne soit pas en mesure d’être compétitifs face aux produits australiens.

Cependant, M. Howard a déclaré à ABC que le Japon avait affirmé être d’accord en décembre dernier d’inclure tous les produits dans l’accord,  y compris les produits agricoles, et que cela avait été une « percée énorme ». Une étude conjointe de faisabilité sur les arguments pour et contre l’accord de libre-échange, publiée en décembre dernier, estimait qu’une entente pourrait ajouter 39 milliards de dollars au PIB de l’Australie en vingt ans, tandis que le Japon pourrait augmenter le sien de 27 milliards de dollars pour la même période.

L’étude a décrit dans les grandes lignes des secteurs d’intérêts pour le Japon, incluant le relâchement des restrictions sur l’investissement pour les firmes japonaises en Australie ; l’assurance d’approvisionnements énergétiques fiables (l’Australie est actuellement le plus important fournisseur d’énergie au Japon) ; et des coupes sur les tarifs douaniers appliqués aux pièces automobiles et voitures japonaises (évalués à 5 %).

Les Australiens espèrent une réduction sur les frais de douane pour les produits agricoles qui, selon l’Australian Financial Review, en sont aujourd’hui à 360 % pour le beurre, 777 % pour le riz et 251 % pour le blé.

L’Australie cherchera également à augmenter les échanges de biens et services, le tourisme et les investissements financiers.

Le Japon a déjà des ententes de partenariat économique (dénommées EPC et considérées semblables à un accord de libre-échange) avec Singapour, la Malaisie, le Mexique et les Philippines.

Il mène également des négociations, à différents niveaux, avec la Thaïlande, l’Indonésie, le Brunei, l’Association des nations asiatiques du Sud-Est (ASEAN), la Corée du Sud, le Chili, le Vietnam et l’Inde.

L’Australie a un accord de libre-échange avec les États-Unis, la Thaïlande, Singapour et la Nouvelle-Zélande, et négocie actuellement avec la Chine, la Malaisie et l’ASEAN.

La volonté des deux pays de négocier l’ALE va dans le sens des propositions esquissées durant le forum annuel de l’APEC (forum de coopération économique Asie-Pacifique) en novembre dernier. Lors de la rencontre, les leaders des 21 membres de l’APEC se sont mis d’accord pour considérer la négociation d’une zone de libre-échange en Asie Pacifique et promis des efforts supplémentaires sur les façons de promouvoir l’initiative pour qu’elle puisse être discutée à la prochaine réunion de l’APEC, prévue en Australie cette année.