Anglais | Chinois | Coréen | Français | Allemand | Espagnol | Japonais | Russe | Ukrainien | Hébreu | Roumain | Bulgare | Slovaque | Tchèque | Indonésien | Vietnamien
Faites un don

Scolarisation précoce : un facteur de réussite scolaire?

Écrit par Frédérique Privat, La Grande Époque - Guadeloupe
29.03.2007
| A-/A+

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Trottinant sur leurs petites jambes encore un peu pataudes, une

quinzaine de tout-petits profitent enfin de la cour d’école libérée par

les plus grands. Nous sommes dans une petite école de campagne et ces

tout-petits, entrés à 2 ans, débutent cette grande aventure qu’est

l’apprentissage du savoir-être et du savoir-faire en communauté

scolaire.

  • Mais que dit cette petite bouille ? (攝影: / 大紀元)

 

Si les pleurs et les cris rythment cette première rentrée scolaire et parfois même chaque retour de « petites vacances », dès l’année suivante, c’est la plupart du temps avec plaisir que ces « bout’choux » retrouvent leur école et leur maîtresse.

Et pourtant ! la scolarisation à deux ans aura bien fait couler de l’encre dans les bureaux, les ateliers d’édition et les centres de décision. En effet, si depuis 60 ans, l’âge de la première scolarisation a bien diminué, la rentrée à 2 ans constitue encore un point de controverse pour nombre de professionnels de l’éducation.

Il est vrai que les études statistiques effectuées dans les années 90 ont tendance à diverger avec celles d’aujourd’hui. Il a été démontré que les enfants entrés à l’école avant l’âge normal de 3 ans réussissaient mieux leurs études que leurs camarades.

Un rapport publié par l’INSEE en 2006, Les inégalités de réussite à l’école élémentaire de J.-P. Caille et F. Rosenwald, vient enrichir le débat. Il révèle que les enfants entrés au CP à 2 ans présentent souvent des performances supérieures à ceux dont la scolarité a débuté à 3 ans. Cependant, cette différence s’estompe dans les classes élémentaires. Si bien qu’en classe de 6e, les évaluations ne révèlent plus de différence significative. L’origine sociale de la famille est à prendre en compte.

Selon le rapport de l’INSEE sur les inégalités, « un enfant de cadre garde, aux évaluations d’entrée au CP, un avantage de 7 items en Français et en maths par rapport à un enfant d’ouvrier non qualifié et un enfant dont la mère a fait des études supérieures devance de 4 items en français et de 6 en mathématiques ceux dont la mère ne détient aucun diplôme ». Cette nouvelle étude montre donc que l’entrée à 2 ans va favoriser les compétences initiales, ce qui constitue un facteur non négligeable pour les enfants issus de milieux défavorisés. 

Rappelons que les écoles proposant des classes de tout-petits sont souvent situées en milieu rural ou socialement défavorisé. Ceci, pour deux raisons significatives : le coût des garderies est souvent élevé pour certaines familles qui ne peuvent y accéder. La scolarisation à 2 ans, gratuite, semble être le recours idéal pour nombre d’entre elles. Et cela pourrait constituer un double avantage pour ces enfants qui, souvent peu sollicités intellectuellement au sein de la famille, vont alors se retrouver très tôt dans un milieu scolaire favorisant le développement de leurs facultés cognitives.

Il faut pourtant préciser que ce type de population n’est pas la seule à fréquenter ces classes. En effet, beaucoup de parents, pensant faire bénéficier l’enfant d’un plus intellectuel et d’une avance scolaire, décident de le scolariser à 2 ans. Ils ignorent que la scolarisation à 2 ans implique 4 années de présence effective en classe maternelle… et même s’il arrive que l’enfant de 2 ans soit scolarisé en Petite Section. A ce niveau, les avis divergent sensiblement, notamment chez certains enseignants. Sarah, jeune enseignante ayant elle-même suivie une scolarisation avec une année d’avance, témoigne :

« L’enfant scolarisé à 2 ans n’aura vécu en tout et pour tout que deux années à plein temps dans le milieu qui, seul, pourrait le renseigner sur qui il est (sa culture, sa langue maternelle, sa condition sociale…) pour le troquer contre un autre aliénant et souvent très contraignant.

Il n’aura pas joué à sa guise tellement plus longtemps car c’est très tôt qu’on lui aura présenté le jeu comme quelque chose qui doit être codé pour exister. Comme si le jeu ne se suffisait pas à lui-même. Comme s’il avait toujours eu besoin de l’adulte pour jouer !

C’est ainsi que d’années en années, il évolue dans un monde de plus en plus hostile de par ses exigences, ses contraintes et ses normes en étant devenu un adulte sans n’avoir jamais eu le choix d’être un enfant.

Résultats des courses, à l’âge adulte où la société lui demande alors de faire des choix raisonnés, de prendre des décisions, de se responsabiliser, il en est incapable car il n’aspire plus qu’à une seule chose, redevenir un enfant : insouciant, égoïste et irresponsable. »

En fin de compte, on constate qu’à ce jour, études et expériences des uns et des autres proposent des résultats différents. En terme de réussite scolaire, la scolarisation précoce semble n’avoir d’effet réel que jusqu’en classe de CP, et particulièrement chez les enfants issus de milieux défavorisés. Quant aux autres populations, l’objectif des parents qui visent souvent cette fameuse « année d’avance » laisse à désirer quant à ses effets réels, qu’entraîne cette volonté à la fois compétitive et narcissique d’avoir un enfant « meilleur que les autres »…

On peut alors se demander ce que vaut une année dans une vie, surtout quand cette vie n’a que 2 ans. Cette année prend alors une toute autre importance, car il est maintenant admis que la vie vécue de l’espace intra-utérin jusqu’à l’âge de 3 ans semble être décisive pour l’avenir affectif et social de l’être humain. Ne serait-il alors pas préférable, si les conditions économiques de la famille le permettent, de laisser encore à l’enfant une année de plus à la maison ? De  plus, il n’est pas exclu que, en cours de scolarité, un enseignant constatant des dispositions socio- intellectuelles favorables, propose en accord avec les parents, un passage anticipé vers la classe supérieure. Ainsi, l’enfant n’aura donc pas été « lésé » de ses 3 années de petite enfance… 

 

 

Plus de 204 720 362 personnes ont démissionné du PCC et de ses organisations.